vendredi 3 août 2007 par Le Nouveau Réveil

Mon c?ur est coupé", tel est le titre du rapport triste et révoltant sur les violences commises par les forces rebelles et pro-gouvernementales, réalisé par Human Rights Watch, une organisation internationale des droits de l'homme.
Ce rapport de 152 pages a été présenté hier par ses auteurs, Etelle Higonnet et Dustin Sharp, représentants pour l'Afrique francophone de Human Rights Watch. Il révèle la nature répandue de la violence sexuelle à travers toute la crise militaire et politique ivoirienne des cinq dernières années. Le rapport basé sur des entretiens avec plus de 180 victimes et témoins ainsi que d'autres sources, documente comment des filles et des femmes furent assujetties aux viols individuels et collectifs, ainsi que l'esclavage sexuel, l'inceste forcé et d'autres attaques de nature sexuelle. "De nombreux combattants des deux côtés ont violé des femmes assez âgées pour être leurs grand-mères, des enfants n'ayant pas plus de six ans, des femmes enceintes et des mères allaitant. Certaines femmes et filles ont eu des fusils, des bâtons, des crayons, et d'autres objets insérés dans leurs vagins", note le rapport.

En zone rebelle
Le rapport révèle que dans les zones sous contrôle de l'ex-rebellion "les femmes et les filles considérées comme partisanes du gouvernement étaient la cible". Plusieurs témoignages ont été recueillis sur ces cas lors des enquêtes. "Je veux oublier. Parfois j'ai des crises. Je suis seule mais je parle à moi-même. En 2002, la guerre a commencé. J'étais mariéeLes rebelles sont venus et ils ont tiré dans toute la maison. Ils ont dit (à mon mari) "tu es un espion et tu donnes des messages à Gbagbo" Ils l'ont emmené. J'ai attendu et je suis restée à la maison pendant une semaine. Puis les rebelles sont revenus et ils ont dit " où est ton mari ? " Ils ont de nouveau tiré dans toute la maison. J'ai dit " mais c'est moi qui devrais vous demander où il est, vous êtes ceux qui l'ont amené la semaine passée " Alors ils étaient très fâchés avec moi et ils m'ont amenée à une prison rebelle". J'ai trouvé les chefs rebelles là et ils m'ont encore demandé où est ton mari " et j'ai répondu encore "pardon" je ne sais pas "Ils (les rebelles) m'ont battue tous les jours et ils me violaient à tout moment. Regarde, j'ai des marques partout sur mes cuisses et mes jambes. Ils m'ont attachée et ils m'ont gardée nue et ils m'ont frappée avec des couteaux et des fusils ils m'ont trop violée" témoignage une femme dont le mari était soupçonné d'être un espion du gouvernement à Bouaké. Le rapport précise qu'elle a été gardée d'octobre 2003 à novembre 2004 aux mains des rebelles.

En zone gouvernementale
Le rapport de Human Rights Watch épingle les forces pro-gouvernementales. Dans cette partie du territoire ivoirien qui est restée sous contrôle du régime FPI après l'éclatement de la crise militaro-politique, les abus sexuels sont également monnaie courante. Ils sont imputables aux forces de sécurité officielles, aux milices, aux mercenaires libériens et aux étudiants membres de la FESCI "Les entretiens de Human Rights Watch indiquent que des membres de la FESCI, dont au moins un "général" de la FESCI, ont été impliqués dans des actes de violence sexuelle. Par exemple, en juin 2005, une étudiante de l'AGEECI a été violée collectivement et brutalement sur le campus de Cocody à Abidjan, explicitement du fait de son militantisme à l'AGEECI" relate le rapport.

De la crédibilité du rapport
Lors de la présentation, un journaliste a posé la question de savoir pourquoi on doit considérer ce rapport comme étant crédible. A cette préoccupation, Etelle Higonnet a indiqué que "l'enquête a été réalisée sur plusieurs mois de recherche sur le terrain. Nos analyses sont basées sur les tendances qui viennent de plusieurs témoignages". Aussi, la méthodologie de travail précise que "les noms de tous les témoins et de la plupart des membres du personnel des organisations humanitaires nationales et internationales ont été supprimés là où ils auraient pu aider les criminels à identifier les personnes qui ont eu le courage de s'exprimer".
Jules Claver Aka

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023