jeudi 2 août 2007 par 24 Heures

Le bûcher de la paix organisé le lundi à Bouaké, en présence des ex-belligérants et de plusieurs chefs d'Etat africains, est incontestablement un pas de géant franchi sur la voie de la sortie de crise. Mais, 48 heures après cet événement chargé de symboles, force est de constater que tout reste encore à faire pour aboutir véritablement à la paix tant souhaitée par les Ivoiriens.

Laurent Gbagbo à Bouaké, fief de l'ex-rébellion des Forces Nouvelles, pour brûler les armes.
Quel symbole pour le processus de sortie de crise amorcé depuis la signature de l'accord politique de Ouagadougou ? Depuis septembre 2002, date du déclenchement de l'insurrection armée qui a maintenu jusqu'à ce jour le pays dans une partition de fait, le chef de l'Etat a toujours été mû par l'idée de se rendre à Bouaké.
Le symbole qui s'attache à cette localité aux yeux du numéro un ivoirien, c'est que cette ville sert de base-arrière aux Forces Nouvelles depuis l'insurrection de septembre 2002.
De plus, toutes les initiatives de Laurent Gbagbo d'arracher Bouaké, capitale de la Côte d'Ivoire du Nord, des mains de Soro et de ses hommes, se sont montrées infructueuses.
L'historique voyage du chef de l'Etat dans le bastion des Forces Nouvelles, avec à la clé le lancement de l'opération de désarmement, apparaît donc comme un pas important sur le chemin de la paix.
Mais au-delà du symbole, la paix reste une conquête pas encore sérieusement amorcée.
Les problèmes concrets qui ont fait germer la crise ou qui en résultent ne semblent trouver le moindre début de solution : identification de la population, réduction des disparités, perspective d'organisations d'élections crédibles, désarmement des ex-combattants, le démantèlement des milices, la question des grades des soldats FN, le redéploiement de l'Administration, toutes ces équations restent à solutionner.
En dépit de tous ces actes symboliques, le pays demeure toujours coupé en deux.
Rien n'a vraiment bougé.
Les principaux chantiers relatifs au processus de sortie de crise restent bloqués , révèlent des observateurs.
Le processus d'identification des populations censé débuter par les audiences foraines n'a pas encore connu un début d'exécution.
Le désarmement des ex-combattants, de même que le redéploiement effectif de l'Administration dans les zones sous contrôle de l'ex-rébellion, continuent d'être un v?u pieu pour les anciens protagonistes aux commandes du processus de paix.
C'est là tout le paradoxe du processus de paix mené par MM.
Gbagbo et Soro depuis leur réconciliation du printemps.
Il a suscité un espoir de paix, mais s'est jusqu'ici révélé incapable de résoudre les problèmes concrets , commentent certains milieux diplomatiques.
Sur la question de la date de l'organisation des élections censée marquer le retour à la normalité, Guillaume Soro ne dit-il pas lui-même qu'il n'entend pas s'enfermer dans le fétichisme des dates et qu'il travaille à son rythme? ? Ce que Laurent Gbagbo semble ne pas admettre.
Puisque pour lui, ce temps est venu d'aller vite, vite, vite aux élections .
Après la flamme de la paix, on peut affirmer que les deux chefs de l'exécutif ivoirien sont au pied du bûcher.


M.D

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