jeudi 2 août 2007 par 24 Heures

Le froid semble s'être installé entre le facilitateur, Blaise Compaoré, et le Premier ministre ivoirien, Guillaume Soro. L'annonce de l'annulation du projet de loi qui devait valider l'envoi d'un contingent de 150 soldats burkinabè, pour la sécurité du chef du gouvernement ivoirien, traduit, à l'évidence, un climat d'incompréhension dans les relations entre le tuteur et le chef de file de l'ex-rébellion.

Les relations entre Guillaume Soro et le président burkinabé, Blaise Compaoré, ont pris un grand coup de froid.
L'annonce de la suspension de l'envoi du contingent burkinabé, fort de 150 soldats, pour assurer sa garde, est la traduction de ce malaise.
Le porte-parole du gouvernement burkinabé, Philippe Sawadogo, commentant en des termes très diplomatiques, le retrait du projet de loi soumis à l'examen de l'Assemblée nationale qui devait autoriser l'envoi de ce contingent, a parlé de simple mesure conservatoire et de principe de précautions , qui aurait pour but d'aider à consolider la résolution de la crise en Côte d'Ivoire .
C'est là une belle précaution oratoire et les observateurs avertis ont pu noter que quand M.
Sawadogo en arrive à parler de mesure conservatoire, c'est que, manifestement, des grains de sable se sont glissés dans la belle mécanique des relations entre le facilitateur Blaise Compaoré et le Premier ministre, Guillaume Soro.
De l'entourage même du président burkinabé, il nous parvient que la polémique qui est partie de la Primature, à propos de la mission du contingent des 150 soldats qui devaient intégrer les effectifs des casques bleus de l'Onuci, a été très mal prise au palais de Ouaga 2000.
On parle même d'une ingratitude récurrente des acteurs politiques ivoiriens dont certains s'ingénient toujours à martyriser la main qui donne.
Citant à la clé, l'exemple de Laurent Gbagbo.
L'opposant qui, à peine installé dans le fauteuil présidentiel, n'a pas hésité à prendre son avion pour aller mettre en garde son ex-tuteur des années 80 et bienfaiteur des années dures de lutte contre Houphouët-Boigny, contre toute forme d'ingérence dans les affaires ivoiriennes.
Les mêmes sources soutiennent que le président Blaise Compaoré, sur cette question, est très remonté contre le Premier ministre Guillaume Soro.
Ce qui est acquis et qui est de notoriété, c'est que le Burkina Faso a renoncé à l'envoi de son contingent de soldats.
A l'évidence, cela n'augure pas d'excellentes relations entre le facilitateur et le chef du gouvernement dont la sécurité devait être assurée, selon les propres dires des officiels burkinabè par ce détachement de soldats.
Sur la question, le porte-parole de la Primature, Sindou Méité, en des mots pleins de hargne qu'il nous a adressés au téléphone hier, a laissé entendre que les nuages dont nous faisions allusion n'existaient nullement.
Pour notre part, nous nous demandons à quelle fin des proches du président Blaise Compaoré inventeraient des bêtes là où il n'y en a pas.
Pourquoi, du reste, le porte-parole du Premier ministre a cru nécessaire de démentir de manière formelle, dans des déclarations publiques, la mission qui devait être confiée aux soldats burkinabè ? Au demeurant, pourquoi la Présidence ivoirienne n'a pas jugé utile de confirmer ce démenti de la Primature, ce d'autant plus que le communiqué du ministre burkinabé chargé des relations avec le Parlement a souligné que l'arrivée des 150 soldats répondait à une requête du Président Gbagbo lui-même ? Mais, en vérité, les ombres dans les relations de Guillaume Soro ne s'arrêtent pas là.
Aujourd'hui, c'est un secret de polichinelle que d'affirmer qu'entre ses anciens alliés du G7 et lui, s'il n'y a pas encore une grosse brouille, une distance perceptible est observée.
Le fait qui le traduit le mieux, c'est que les deux poids lourds que sont les présidents Alassane Ouattara du RDR et Henri Konan Bédié du PDCI n'ont pas fait le déplacement de Bouaké dans le cadre de la flamme de la paix .
La liberté que le chef du gouvernement prend par rapport au chronogramme de l'accord de Ouaga, ce qui retarde dangereusement les échéances électorales, intrigue de plus en plus les partis du RHDP (rassemblement des Houphouétistes).
Or l'on sait qu'en face de Guillaume Soro, il y a un Laurent Gbagbo qui, en dépit de la flamme de la paix , n'a pas forcément décidé de passer un coup d'éponge sur tout ce qu'il reproche aux Forces Nouvelles ou à son Premier ministre et le presse aussi d'aller aux élections dans des conditions douteuses.
Dans ces conditions, quand M.
Soro perd ses soutiens politiques et diplomatiques ou à tout le moins, leur confiance, autant dire qu'il s'engage dans une zone de hautes turbulences.


Théodore Sinzé

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