jeudi 2 août 2007 par Le Temps

Excellence,
Depuis la triste nuit du 18 septembre 2002, le monde entier en général est braqué sur ce qui se passe en Côte d'Ivoire et les Ivoiriens en particulier, en toute lucidité, restent constants face au rôle pervers et sincère de l'Armée française et des décideurs officiels français quant à la dictature sans frontière que ces derniers veulent imposer à notre beau pays, la Côte d'Ivoire.
Rappels :
1) Dès le déclenchement de la crise les 18 et 19 septembre 2002, la France officielle du Président Jacques Chirac, liée à notre pays par des accords militaires de défense, refuse d'intervenir aux côtés de l'Etat ivoirien pour juguler une crise dite insurrectionnelle (selon la même France), menée avec des armes de guerre de dernier cri. Or, il s'agissait bel et bien d'un coup d'Etat et soit dit en passant, comme par hasard calculé et millimétré, tous les médias français se sont retrouvés à Bouaké, ville épicentre d'une guerre sauvage qui venait de commencer. Excellence, cette triste nuit-là, vous étiez en visite officielle en Italie et la presse française, bombardant l'opinion mondiale sur un (prétendu) soulèvement de soldats démobilisés de l'armée ivoirienne (les "zinzins" et les "bahéfoué"), taxant le régime ivoirien d'antidémocratique, d'exclusionniste et de génocidaire. Quand la diplomatie française, toute hypocrisie bue sans gène, vous proposait, Excellence, la voie de l'exil. Première suspicion, première alerte. 2) Suite à la libération de Bouaké par les Forces Armées nationales de Côte d'Ivoire (FANCI), les soldats français prétextant l'exfiltration de leurs compatriotes, ont réarmé, cela est avéré et indiscutable, les rebelles et les ont réorganisés en renforçant leur logistique. Deuxième cas de traîtrise. 3) Un autre hic a été enregistré en pleines négociations ivoiro-ivoiriennes de Lomé qui en fait, étaient la première version du dialogue direct proposé en ce temps-là par votre génie politique. C'est ainsi que la France de Jacques Chirac tenta de nous imposer une nuit de janvier 2003, un honteux accord dit de Marcoussis. Un accord de toutes les contradictions, truffé d'aberrations et d'humiliations incroyables pour notre jeune Nation. Troisième forfaiture. 4) En pleine application des très mauvais accords de Marcoussis, deux jeunes français, soldats de la Licorne, sont abattus sauvagement par des rebelles que la diplomatie et la presse françaises ont vite fait de qualifier d'éléments incontrôlés de la rébellion. Aucune enquête ou représailles de la part de la France n'a suivi un tel acte odieux. Motus sur toute la ligne. Quatrième infamie synonyme d'indignation quand on sait comment et pourquoi l'armée française, sur ordre de Jacques Chirac, a détruit toute la flotte militaire ivoirienne, alors que celle-ci avait pratiquement maté toute la rébellion en novembre 2004, lors de l'Opération Dignité. 5) Toujours en novembre 2004, l'Armée française, avec à sa tête le Général Poncet (cheville ouvrière du génocide rwandais), a tiré à bout portant sur des patriotes manifestant aux mains nues et venus protéger simplement de leurs corps la vie de leur Président que la France, à renfort de centaines de chars, de blindés et d'avions de guerre, tentait d'assassiner. Cinquième suprême injustice criminelle, de la part d'un Etat français, prétendument démocrate, dit de liberté, d'égalité et de fraternité. Du pillage des ressources naturelles de notre pays aux assassinats de Mahé Firmin à Bangolo, du jeune écolier baoulé de Raviart (à Toumodi) et de bien d'autres patriotes tels Massé Antoine au corridor de Guitrozon (Département de Duékoué) en novembre 2004, le chapelet des griefs contre la présence militaire française est excessivement long.
D'ailleurs, concernant la mort de Massé Antoine, Enseignant et Journaliste, la presse et l'opinion nationales ivoiriennes attendent avec beaucoup d'étonnement les mots de Robert Ménard, le patron de Reporters sans Frontières, ce grand imposteur devant l'Eternel parce qu'il est aussi un membre actif du réseau international français de la dictature sans frontières. Les sabotages de la médiation sud-africaine et des institutions ivoiriennes (l'Assemblée nationale en tête) par la diplomatie française à travers le GTI. (Groupe de Traval international), les casses de la BCEAO de Bouaké et Man en 2003, le survol de la résidence présidentielle qui a vu la suspension d'un hélicoptère de la Licorne pendant plus de trente minutes en novembre 2006, sont encore vivaces dans nos mémoires. N'est-ce pas aussi vrai que partie de Bouaké au début de la guerre, l'Armée française ou la Licorne, a fait le lit de la rébellion, l'a installée ou l'a suscitée et créée partout où elle est passée ? Pourquoi, me direz-vous certainement, Excellence Monsieur le Président de la République, remuer encore le couteau dans la plaie aujourd'hui en agitant ou en réactualisant de telles vérités (que vous-même, vous savez déjà) à l'heure de l'application de l'accord de Ouaga ? A cette question pertinente, nous répondrons, Excellence, que c'est justement pour sauver ledit accord de Ouaga que nous intervenons. De la sorte, eu égard à la tentative d'assassinat perpétrée contre notre Premier ministre, Guillaume Soro, le vendredi 29 juin 2007 à l'aéroport de Bouaké. Tout en remerciant Dieu d'avoir sauvé notre Premier ministre que nous saluons et que nous rassurons de notre soutien sans faille, nous osons demander ici et maintenant, avec lucidité et détermination :
1) le retrait immédiat et total de l'Armée française de toute l'étendue du territoire national ivoirien, en raison de sa perfidie et de son rôle flou avérés. Tous ces dons de matériels scolaires et médicaux, toutes ces réfections de routes, de ponts et de bâtiments réalisés par la suspecte Licorne n'ont et n'auront aucun sens sans la paix, la vraie paix contenue dans l'accord de Ouaga. C'est de cette paix sans contrainte que nous voulons quand la France et son Armée jouent à la saboter. Si le pire peut survenir pendant que toute la technologie militaire et les services secrets de la France sont déployés ou mobilisés, alors dans ce cas, on fait quoi ?
Excellence, Monsieur le Président de la République, nous disons que Licorne ou Armée française, nous n'en voulons plus car plus qu'une partie du problème, la France officielle est notre problème !
2) La recomposition des forces dites impartiales de l'ONUCI ou leur remplacement pur et simple par des troupes africaines des pays alliés à la Côte d'Ivoire, eu égard à la clarté et à la sincérité de l'accord de Ouaga signé sans contrainte entre les deux belligérants, à savoir l'Etat de Côte d'Ivoire et l'ex-rébellion. Ceci est un clin d'?il significatif à l'ONU qui soutient l'accord de Ouaga et qui a vivement condamné l'attentat contre la vie de Son Excellence Guillaume Soro. Mais la raison essentielle est et reste le fait que l'on ne peut pas se prévaloir d'être une force impartiale dotée de tous les moyens technologiques et matériels et clamer son innocence et son impuissance tout en désengageant et s'accuser mutuellement comme l'ont honteusement fait l'ONUCI et la Licorne ce vendredi 29 juin 2007. A tous ces touristes et entrepreneurs masqués de la Licorne et de l'ONUCI en armes qui peuplent la Côte d'Ivoire, nous disons:
1) que la paix, la vraie paix ne se trouve pas à la plage, dans les bars et les hôtels de Côte d'Ivoire mais plutôt dans le désarmement total;
2) qu'une force interafricaine composée des pays alliés à la Côte d'Ivoire, sous mandat onusien aiderait vite à l'aboutissement de l'accord de Ouaga. Et que la prochaine résolution de l'ONU s'y penche !
3) Quand les deux entités (Etat et rébellion) qui se battaient s'embrassent et s'engagent main dans la main sur le chemin de la paix, qui a intérêt à tuer son frère? Il nous semble d'ores et déjà évident que dès que commencent les embrassades des frères ennemis d'hier, alors le rôle de la force dite d'interposition devient caduc, voire inutile. Voici, Excellence Monsieur le Président de la République, nos préoccupations et nos propositions de ce jour.
Vive l'accord de Ouaga pour que vive la Côte d'Ivoire réunifiée dans la paix!

Honorable Bohon Diet Joseph
Député, Fédéral de Duékoué

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