jeudi 2 août 2007 par Le Temps

Une histoire de canari ! Porté par des éléments FN au stade municipal de Bouaké. Pour un bain mystique. Qui ramène indubitablement à l'arrière cour d'une Afrique, garante de ses vestiges. Où mythe et mystère se côtoient allégrement.
Comme une danse de cabaret où de jeunes femmes découvrent leurs dessous en levant très haut la jambe, les ex-rebelles, encore sous le joug de Chérif Ousmane, ont publiquement sacrifié lundi dernier, au rituel du canari. A la queue leu leu : Quel french cancan ! Quand on choisit de servir dans l'armée, un corps de métier qui a ses règles, on s'y met avec abnégation : Savoir marcher en ordre, charger les armes et tirer, se camoufler, ramper, sauter, lire ou exécuter des plans de guerre. Tout cela s'apprend dans l'armée. Mais, plus que la technique, il n'y a aucun mal que le soldat puisse entretenir sa foi (religieuse). C'est pourquoi, sont tolérés, les " guerriers de la lumière ". Une meute bardée de gris- gris, qui s'abreuve en décoction et autres mixtures susceptibles de la rendre invincibles. De même que personne ne s'offusque outre mesure, à l'idée qu'un soldat, s'encombre de bondieuserie. Mais là où le bât blesse, c'est lorsque les futurs candidats dans la nouvelle armée nationale, croient plus aux fétiches, qu'à la science des armes. C'est lorsque ces futurs défenseurs de la Nation, cultivent de manière grossière et forcenée, la monoculture des rituels sacrificiels qui s'apparentent à du cannibalisme primaire. Encore et toujours Chérif Ousmane ou ses hommes ! Leur passion pour ces choses de la nuit intrigue : Ce n'est pas de l'amour, c'est de la rage !
"L'ange exterminateur "comme il se fait appeler, est bien un adepte de l'occultisme : N'a -t-il pas au début de la crise politico-militaire (voir cdrom de Thierry Légré), convié ses amis " blancs " à une cérémonie où, sous son regard jouissif, un gendarme loyaliste se faisait égorger par des chasseurs traditionnels, des "dozos" réputés pour leur puissance occulte, au son de chants et au rythme de danses d'outre-tombe ? Le sang de "l'ennemi" devant les rendre immortel. Mais, à l'instar des criminels de sang ou de violence qui, ne sont jamais là, devant le petit écran au moment où leurs pairs sont pendus ou fusillés, les hommes de Chérif Ousmane (la compagnie guépard), sont convaincus que les Adams, Mobioh, Zaga zaga et autres chefs de guerre tombés sous des plombs chauds de l'adversaire, sont passés de vie à trépas, parce qu'ils n'étaient pas suffisamment " vaccinés ", comme eux, le sont. L'illusion que l'enfer, c'est les autres, continue de les habiter. Jusqu'au jour où ils comprendront que l'armée moderne qui s'illustre de par le monde, n'a plus besoin de pareils gogos. Car, à part le langage des armes, et les autres moyens de communication universels, soldats, soldats du rang, officiers, sous-officiers, etc, n'utilisent entre eux en Côte d'Ivoire, que la langue de Molière (le Français) pour communiquer. Or, depuis l'avènement de la rébellion ivoirienne, c'est avec curiosité, qu'on observe ces nouveaux soldats venus de nulle part, converser en patois (sé hin gnana man bla ya, konglo houli, bôbraetc). Ce qui ressemble fort à du barbarisme aux yeux des ivoiriens issus de la soixantaine d'ethnies que compte le pays. Si l'école et la langue sont de puissants vecteurs de socialisation, ces "soldats bizarres" devraient savoir que la Côte d'Ivoire post crise, n'a pas suffisamment le temps, de soigner l'analphabétisme de ces soldats-là. Car, il faut rattraper le temps perdu. Vite, vite et vite.
Francesca Adeva
francescaudrey@yahoo.fr

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