Le tourisme ivoirien fait peau neuve dans le cadre d'un programme d'urgence lancé par Côte d'Ivoire tourisme. Objectif : Remettre la destination Ivoire au c?ur des attraits mondiaux.
Pour les cadres de Côte d'Ivoire Tourisme la tâche paraît plus exaltante quand elle est vue sous cet angle. Celui de l'histoire d'une dame amochée par des querelles conjugales et qui s'apprête à recevoir les premières visites des voisins et amis du couple après le retour de la paix. Elle doit se faire rassurante et se présenter sous un jour qui bat en brèche les plus folles rumeurs qui annonçaient qu'elle a perdu des dents et un ?il, expliquent les rédacteurs du programme d'urgence de relance du tourisme en Côte d'Ivoire. Ce programme se fixe un objectif ambitieux: Les flammes de la paix vont monter à Bouaké, avec elles, une nouvelle image de la Côte d'Ivoire doit être présentée au monde.
Réhabiliter les sites, rassurer les touristes
Le travail de réhabilitation d'image commencera par une évaluation des sites touristiques sur l'ensemble du territoire national. Une équipe va entamer mi-août une tournée pour recenser les sites endommagés. Un inventaire des offres d'hébergement (hôtels) est également prévu. Dans le cadre de la mise en ?uvre de ce programme, ce samedi, le Directeur général de Côte d'Ivoire Tourisme et son équipe ont entamé une tournée dans le Bas-Sassandra (San Pedro, Grand-Béréby). Cette visite permettra d'élaborer à terme une carte de visite de tous les sites à fort potentiel touristique. Dans quelques jours, Côte d'Ivoire Tourisme va également proposer au gouvernement l'abandon de l'emploi de certains termes dans le langage officiel. Il s'agit des appellations zone gouvernementale et zone ex-assiégée. L'une des mesures chères au programme d'urgence recommande des visites croisées. Il s'agit d'un voyage des autorités des Forces nouvelles sur plusieurs sites touristiques au bord de la mer en août 2007. Les parlementaires se rendront eux en zone Centre-Nord-Ouest (Cno), en septembre 2007. Il est aussi prévu un voyage des ambassadeurs accrédités en Côte d'Ivoire dans les zones Cno. Ils (les ambassadeurs, ndlr) constituent des relais sûrs pour atteindre leurs compatriotes. Si la Côte d'Ivoire elle-même dit qu'elle est fréquentable, ce ne sera pas plus crédible que si ce sont les ambassadeurs de ces pays visés qui le disent, affirme le programme. Des voyages de comités d'entreprises sont également prévus (août-septembre). Ces comités regroupent des travailleurs de toutes les sensibilités politiques. Cela permettra de combattre les clichés et autres rumeurs, espère-t-on. Et puis, il y aura les press-tours en novembre 2007. Les journalistes ivoiriens feront le tour des circuits touristiques que nous allons concevoir. Ils auront l'occasion de vivre la réalité pour mieux informer. Il y aura également un press-tour pour les journalistes étrangers () Une dizaine de journalistes espagnols ont déjà eu droit à ce tour en février 2007, ont révélé nos interlocuteurs.
Combattre le tourisme funéraire
Le programme propose de ne pas rompre avec les grands rendez-vous extérieurs, dont le dernier en date a été les journées économiques ivoiriennes en Chine, du 23 au 30 juin. CI Tourisme entend marquer une présence notable au Top Resa à Deauville (France), l'un des salons les plus importants au monde, en septembre 2007. La structure rappelle que le tourisme a pris un grand coup à cause de la crise.
Les hôtels ont vu leur taux de fréquentation passer officiellement de 50% à 10 et 20%. Cela s'explique par le fait que la Côte d'Ivoire n'a jamais bien organisé le secteur du tourisme pour exploiter convenablement son fort potentiel. Le pays a souvent espéré atteindre 500 mille touristes par an. Ce qui est très peu par rapport à d'autres pays comme le Maroc qui visent en terme du million, déplore-t-elle. Le programme fait l'amer constat que le tourisme interne est juste funéraire, à cause de cette crise. Dans les grandes villes, c'est seulement lorsqu'il y a des funérailles que les gens voyagent. Et la majorité des hôtels font recette autour de ces évènements malheureux qui drainent du monde avec les autorités en tête. Conséquence : il n'y a des clients dans les hôtels que les week-ends. En milieu de semaine, personne, déplore-t-on à CI Tourisme avant de faire remarquer que le vrai touriste, quand il vient, c'est au moins pour 2 semaines.
Djama Stanislas