jeudi 2 août 2007 par Nord-Sud

Le trésor public compte se rendre bientôt à la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (Maca) pour indemniser les détenus ayant été infectés par les déchets toxiques déversés à Abidjan en août 2006.


Cette fois, les prisonniers n'auront rien à envier aux personnes libres. Ceux d'entre eux qui ont été infectés par les déchets toxiques seront indemnisés au même titre que les autres victimes. Le trésorier général d'Abidjan Nord, M. Kalou Emmanuel, a décidé de se rendre les jours à venir à la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (Maca) pour payer les indemnités des détenus ayant été rendus malades par les déchets toxiques déversés à travers la ville d'Abidjan en août 2006. L'un des sites de déversement, rappelons-le, est à proximité de la Maca. En son temps, l'odeur a envahi la prison. Selon M. Kalou, ces déchets ont fait une vingtaine de victimes dans les rangs des bagnards.


5 milliards payés sur un total de 20 milliards

Ce sont essentiellement des victimes ambulatoires, c'est-à-dire des cas d'intoxication involontaire légère sans hospitalisation, tel que défini dans le communiqué de la présidence de la République (Communiqué N°004 du 21 juin 2007 relatif à l'indemnisation des victimes des déchets toxiques) lu sur les antennes de la télévision nationale par le porte-parole de la présidence, Coulibaly Gervais. Les victimes de cette catégorie ont droit chacune à la somme de 200.000 Fcfa. Je veux que cette opération se déroule dans la plus grande transparence possible. C'est pourquoi je me rendrai personnellement à la Maca, assure M. Kalou qui fait office de coordonnateur de l'opération au niveau du trésor public. Tous les soirs, il enregistre les points des différentes trésoreries participant et dresse un bilan hebdomadaire. Selon le dernier bilan qui remonte au vendredi 27 juillet, les payements sont réalisés à 24,86%, ce qui correspond à un montant de 5.166.200.000 Fcfa, sur une enveloppe globale de 20.781.200.000 Fcfa. Les 5.166.200.000 F ont été versés à 22.702 victimes sur une liste totale 95.247 personnes. Il reste à payer 15.615.000.000 Fcfa à 72.545 victimes (Lire les détails sur le tableau récapitulatif). La lenteur dans les payements est essentiellement due au fait que de nombreuses victimes n'arrivent pas à toucher leur indemnité bien que figurant sur les listes affichées. Dans la majorité des cas, les noms affichés ne correspondent pas textuellement à ceux qui figurent sur leurs pièces d'identité. Les personnes concernées ont la possibilité de faire des réclamations auprès de la cellule présidentielle qui dirige le partage des 100 milliards Fcfa de dommage versés à l'Etat ivoirien par le pollueur Trafigura. Pour chaque cas de réclamation, cette cellule mène une enquête pour confirmer que le nom affiché correspond effectivement à celui ou celle qui fait la réclamation. Ainsi, sur 30.000 cas de réclamations, 7.755 ont déjà reçu des avis favorables et les concernés ont été payés. Les autres cas sont à l'étude. Des individus tentent de se faire payer de façon frauduleuse. Certains essaient de profiter des similitudes entre leurs noms et ceux des vraies victimes. D'autres viennent avec des fausses pièces d'identité correspondant à des noms qui figurent sur les listes. Il y a eu plusieurs cas de ce genre. Les coupables sont directement mis à la disposition de la police , précise M. Kalou.

Cette opération n'a pas l'assentiment de tous. Depuis son début, des associations de victimes ne cessent de la dénoncer. Elles protestent contre leur non participation à la répartition des fonds. La fédération des associations estime que l'Etat et ses démembrements se sont taillé la part du lion avec plus de 68 milliards sur les 100 milliards de Fcfa. Par ailleurs des milliers de victimes continuent de grogner dans les rues contre leur omission. Au trésor public, l'on explique que ces questions sont du ressort de la cellule présidentielle.



Cissé Sindou

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