jeudi 2 août 2007 par Nord-Sud

Les deux figures de proue de l'opposition ivoirienne ont choisi de ne pas se rendre à Bouaké le 30 juillet, pour fêter le bûcher de la paix. Alassane Ouattara (Rassemblement des républicains) et Henri Konan Bédié (Parti démocratique de Côte d'Ivoire) ont ainsi réussi à susciter un débat qui a le mérite de leur assurer une certaine médiatisation au moment où tous les regards étaient tournés vers Laurent Gbagbo et Guillaume Soro. Mais, là n'était sans doute pas leur vraie intention. Et si Ouattara et son grand frère Bédié jouaient tout simplement leur rôle d'opposants irréductibles à Gbagbo ? Le bûcher de la paix, faut-il le rappeler, procède de l'accord politique de Ouagadougou. Cet arrangement entre les deux ex-belligérants, a été soutenu du bout des lèvres par les deux poids lourds de l'opposition. Il a abouti à la nomination du secrétaire général des Forces nouvelles (ex-rébellion) à la primature. Mais, cet accord a aussi consacré la reprise en main du processus par le couple ivoiro-burkinabé au détriment de l'Onu et dans une certaine mesure de la France. Un coup dur pour les deux opposants même s'ils ont été cooptés dans le Cadre permanent de concertation (Cpc), créé pour la circonstance pour surveiller la mise en application de l'accord.

Aller à Bouaké aurait pu signifier pour eux aller à Canossa , analyse un observateur de la scène politique ivoirienne. De fait, refuser de se rendre au bûcher de Bouaké pourrait bien permettre aux deux alliés du Rassemblement des houphouétistes (Rhdp) de bien marquer leur différence par rapport à une transition cogérée par les deux ex-belligérants. Certes, cela peut donner le sentiment que les FN ont été neutralisées d'une certaine manière par leur adversaire du palais. Mais, cette stratégie démontre aux yeux de la communauté internationale que Laurent Gbagbo n'est pas en roue libre. Il a une opposition qui entend se positionner en recours. Au sujet de la suppression du poste de Haut représentant aux élections (Hre), celle-ci a déjà fait entendre une voix différente. Elle avait réussi à mettre en minorité Laurent Gbagbo lors de la réunion du Cpc tenue à Yamoussoukro, il y a quelques semaines. Mais, le Conseil de sécurité de l'Onu ne l'a pas suivie. Malgré tout, l'opposition est restée campée sur sa position rendant subtilement l'Onu responsable des troubles qui pourraient découler de cette dictature électorale de Gbagbo. Une posture qui devrait emmener l'organisation internationale à plus de prudence pour la suite du processus. Un bon point pour Ouattara et Bédié en cas de bras de fer futur avec Gbagbo. A l'évidence, une vraie partie de poker politique se joue actuellement sur les bords de la lagune Ebrié. Il en sera certainement ainsi jusqu'à l'élection présidentielle.


Kesy B. Jacob

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