jeudi 2 août 2007 par AFP

ABIDJAN - De très nombreuses femmes ont été victimes de "violences sexuelles" graves en Côte d`Ivoire de la part de combattants loyalistes ou rebelles depuis 2000, selon l`organisation Human Rights Watch (HRW) qui demande aux autorités de "mettre fin à l`impunité des coupables".

"Le conflit armé qui a éclaté en 2002 a déclenché les pires violences
sexuelles que le pays ait connu, quoique la crise politique de 2000 (en) ait
déjà déclenché bon nombre", estime l`ONG de défense des droits de l`homme dans
un rapport publié jeudi.

"Après la fin des hostilités à partir de 2004, les violences sexuelles sont
restées un problème important dans toutes les régions du pays aussi bien en
zone rebelle que gouvernementale", a souligné Etelle Higonnet, l`une des
rédactrices du rapport, lors d`une conférence de presse jeudi à Abidjan.

L`organisation, qui ne cite pas de chiffres globaux sur le phénomène,
présente nombre de témoignages éloquents recueillis à travers le pays.

Selon elle, "de nombreux combattants ont violé des femmes assez âgées
pouvant être leurs grand-mères, des enfants n`ayant pas plus de six ans, des
femmes enceintes et des mères allaitant".

L`ONG note également que des femmes ont été "violées devant leurs parents
et parfois par des membres de leurs familles sous peine de mort" tandis que
d`autres "ont eu des fusils, des bâtons" et d`autres objets "insérés dans leur
vagin".

Ces exactions se sont souvent accompagnées "d`autres violations générales
des droits humains (...) et les hommes armés des deux camps ont massacré, tué,
torturé, agressé et kidnappé des civils innocents", affirme HRW, précisant que
"certaines victimes sont mortes suite aux violences sexuelles".

Le rapport accable aussi bien les soldats de la rébellion des Forces
nouvelles (FN), qui se sont emparées de la moitié nord du pays lors d`une
tentative de coup d`Etat en septembre 2002, que les forces loyalistes fidèles
au président Gbagbo, qui ont gardé le contrôle du sud.

Côté FN, il dénonce en particulier "les viols en groupe, les tortures
sexuelles, les fausses couches forcées et l`inceste forcé".

Chez les loyalistes, les violences sexuelles ont été perpétrées
principalement dans l`ouest et dans les zones de combats par certains éléments
des forces armées et leurs supplétifs des milices, selon le rapport.

HRW souligne que dans les deux camps, des femmes ont parfois été prises
pour cible "à cause de leur appartenance ethnique", de leur nationalité
étrangère ou de leur affiliation" politique présumée favorable à l`ennemi.

"La situation peut et doit s`améliorer", conclut HRW, qui encourage les FN
et le gouvernement à "mettre fin à l`impunité" et demande à l`Onu de prendre
des sanctions "contre les individus identifiés comme responsables de
violations graves".

"L`impunité encourage les auteurs de violences sexuelles", note Etelle
Higonnet, en soulignant que les victimes de ces violences n`ont jusqu`ici pas
bénéficié de suivi médical, et encore moins psychologique.

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