jeudi 2 août 2007 par Le Patriote

Vite, vite, vite . Evidemment, le président Laurent Gbagbo est comme sur une scène de théâtre. Vite , il faut aller aux élections. Le disant, il n'y croit pas lui-même. Mais fort en refrains, il a trouvé quelque chose pour enflammer une foule de laquelle il attendait des acclamations. Certes, les élections dans les brefs délais, c'est l'avis de tout le monde, mais comment y aller vite, vite, vite , alors que nous en sommes encore à un stade embryonnaire de l'organisation de ces consultations électorales ? Laurent Gbagbo, devant un micro veut toujours montrer, à la communauté nationale et internationale, qu'il veut vraiment que les élections se tiennent afin qu'il affronte ses adversaires politiques. Mais, à la vérité, rien de tout cela n'est dans les projets immédiats du Chef de l'Etat. C'est ce que le président du RDR, Alassane Dramane Ouattara semble avoir compris, qui a décidé de hausser le ton en direction de toutes les parties impliquées dans le processus de sortie de crise.
D'abord, à la communauté internationale. Le Président du RDR était hier au Burkina Faso où il a rencontré le facilitateur Blaise Compaoré pour, dans un premier temps, lui remettre une correspondance que ce dernier devra acheminer devant le Conseil de sécurité des Nations Unies et désapprouver, devant le facilitateur, la Résolution onusienne. Cette lettre est une vive protestation élevée par les leaders de l'opposition ivoirienne contre les termes de la dernière Résolution 1765 du Conseil de sécurité, supprimant le poste et les missions d'un Haut Représentant de l'ONU pour les Elections en Côte d'Ivoire (HRE). Ce dernier, on le sait, d'après les accords conclus à Pretoria, avait droit de regard et de certification sur l'ensemble du processus, avant, pendant et après les élections. Un gendarme, un arbitre du jeu électoral, en quelque sorte. En décidant de retirer ce poste, alors que l'ensemble des acteurs ivoiriens ont unanimement convenu le 12 juin dernier, de le maintenir et de lui reconnaître une importance dans le processus, l'ONU a pris une décision qui pourrait être lourde de conséquences. Raison pour laquelle, Alassane Ouattara, devant ses partisans, le samedi dernier, a accentué l'alerte : L'ONU sera responsable de tout désordre aux prochaines élections. Si cette décision est maintenue, promet-il, je ferai le tour du monde pour dire que tout ce qui va résulter comme désordre, à l'issue des élections, sera de la responsabilité des Nations Unies . Le ton du président du RDR est à la fermeté, on le voit. Surtout, face au camp présidentiel qui est à la man?uvre pour empêcher que se tiennent des élections transparentes et ouvertes à tous. L'attentat contre l'avion du Premier ministre, le 29 juin dernier, est l'un de ces obstacles qui ne manqueront pas de se poser, pour ainsi dire en s'opposant, à des élections démocratiques. Laurent Gbagbo veut bénéficier d'une troisième prolongation de mandat. Cela, tout le monde le sait. Il y va donc de la responsabilité première du Premier ministre et du facilitateur qui deviennent les arbitres véritables de la transparence du processus électoral. Les accords de Ouagadougou, acceptés par tous plus que les autres arrangements signés, ici comme ailleurs, reprennent en grande partie les formalités adéquates pour arriver à des élections transparentes : les audiences foraines, l'identification puis le recensement électoral sont de celles-ci.
L'opposition ivoirienne doit donc devenir maîtresse de son destin. Taper sur la table quand il le faut, hausser le ton quand cela est nécessaire, savoir fait preuve de compromis mais surtout éviter toute compromission ou tout silence coupable d'aujourd'hui qui lui sera préjudiciable demain. Car, en fin de compte, et cela a été dit, il ne revient pas à la communauté internationale d'arracher le pouvoir des mains d'un Laurent Gbagbo prêt à tout pour s'attacher des alliances contre nature, pour le remettre aux mains de ses opposants. Il est temps que le RHDP, qui soutient représenter plus de 86% de l'échiquier politique nationale, démontre qu'il est une force qui va et non une force qui est là. Inerte. En attendant une aide du ciel. De Paris ou de New York.

Charles Sanga

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