jeudi 2 août 2007 par Notre Voie

Avant de quitter la Côte d'Ivoire, l'ambassadeur Aubrey Hooks a prononcé une dernière conférence de presse, hier mercredi 1er août, dans l'enceinte de l'ambassade des Etats-Unis, à Abidjan. Nous publions ici de larges extraits de cette conférence.

l Après la flamme de la paix à Bouaké, pensez-vous que la paix est désormais proche en Côte d'Ivoire ?
Aubrey Hooks : Je quitte la Côte d'Ivoire maintenant avec l'optimisme que la fin de la crise est pour bientôt. Le pays sera réunifié, puis les Ivoiriens iront aux élections.

l Certains observateurs assimilent l'événement à une simple cérémonie symbolique qui ne saurait occulter les difficultés qui jonchent la voie de la paix.
A.H. : C'est un symbole, effectivement. Mais les symboles sont très importants surtout en Afrique. Je suis d'accord pour dire qu'il y a beaucoup à faire. Que le président de la République et le Premier ministre partent à Bouaké pour allumer la flamme de la paix et cela rassure les Ivoiriens. Je puis dire que maintenant le terrain est bien préparé pour relancer les processus d'audiences foraines, l'identification et les autres opérations. Il peut y avoir des dérapages mais l'essentiel, c'est qu'il y a une tendance forte vers la paix.

l Comment expliquez- vous la grande admiration des Ivoiriens à votre égard ?
A.H. : C'est une question que je me pose. Je n'ai jamais très bien compris pourquoi la population ivoirienne dans son ensemble m'admire. Elle m'a adopté. Partout où je passe les gens m'accueillent chaleureusement ; ils me saluent. Ce que j'ai initié, c'est une politique diplomatique de proximité. Je me suis érigé en un pont entre le gouvernement américain et le gouvernement ivoirien, en même temps un pont entre le peuple américain et le peuple ivoirien.

l Avec le recul, comment expliquez-vous que les Ivoiriens soient arrivés à la guerre ?
A.H. : Il y a beaucoup de raisons qui ont fait que la Côte d'Ivoire est tombée en crise. Il faut remonter aux années 1980.L'après Houphouët-Boigny a été difficile. On a parlé d'ivoirité ; il y a eu le coup d'Etat de 1999 ; la contestation des élections d' octobre 2000. C'est bien de faire l'analyse mais le plus important à mon avis, c'est l'avenir. Aux Etats-Unis, nous, nous avons vécu une guerre civile qui a duré 4 ans. Nous avons tiré les leçons pour aller de l'avant. Je pense qu'aujourd'hui les Ivoiriens doivent faire autant.

l Avez-vous eu le sentiment qu'il s'agissait d'une opposition entre le Nord musulman et le Sud chrétien comme certains le prétendaient ?
A.H. : Problème religieux ? Non. Problème entre le Nord et le Sud ? Non. C'est plutôt la classe politique qui a essayé d'exploiter certaines situations.

l Quel est votre regard sur le rôle joué par la communauté internationale pendant la crise ?
A.H. : La Communauté internationale a essayé d'accompagner la Côte d'Ivoire surtout à travers les institutions africaines telles que la CEDEAO. Nous, nous avons renforcé les positions de la CEDEAO et l'UA. Nous avons créé les conditions pour favoriser l'évolution des choses. La paix est une volonté des Ivoiriens. La communauté internationale ne fait qu'apporter un concours à l'initiative des Ivoiriens.

l Certaines rumeurs vous annoncent à la tête de l'ONUCI. Réaction ?
A.H. : J'ai lu cette information dans la presse. Pour le moment, il n'y a rien que je puisse confirmer. Je pense que d'ici deux semaines, les choses seront plus claires.

l Comment s'explique votre intérêt pour la culture ?
A.H : La culture est pour moi, une passion. Aux Etats-Unis, nous concevons la culture comme un mécanisme favorisant le rapprochement de deux peuples. Dans les années 1990, malgré la guerre froide, il y avait beaucoup d'échanges entre les Etats-Unis et l'Union soviétiques. Ces échanges ont contribué à décrisper l'atmosphère des relations entre les deux pays. Vous comprenez que c'est quelque chose qui a pour nous, une grande importance.

l Qu'est-ce qui vous a marqué dans la culture ivoirienne ?
A.H. : Il y a beaucoup de talents dans ce pays. La Côte d'Ivoire, c'est la diversité culturelle. Aujourd'hui la Côte d'Ivoire rivalise avec le Congo sur le plan musical. La musique ivoirienne est en train de prendre le pas sur la musique congolaise.

l Quel est le morceau musical que vous appréciez le plus ?
A.H. : Je pense que Grippe aviaire m'a beaucoup marqué.

l Grippe Aviaire de DJ Lewis ?
A.H. : Oui. Rire. D'une maladie, il a fait une grande chanson. Je trouve que c'est formidable.

l Pensez-vous qu'en Côte d'Ivoire la culture a joué ce rôle de décrispation dans la crise ?
A.H. : tout a fait ! Non seulement la culture, mais le sport. Par exemple, le match auquel a pris part le Premier ministre, à Bouaké. Cela a contribué à détendre l'atmosphère.

l Selon vous, la paix est-elle sincère ?
A.H. : Je pense que les Ivoiriens sont fatigués de la guerre. Je pense les acteurs politiques sont favorables.

l Après l'inauguration de l'ambassade des Etats-Unis, vous avez organisé une cérémonie avec les chefs traditionnels, où les mannes ont été invoqués pour protéger l'ambassade. Quel sens donnez-vous à cette cérémonie ?
A.H. : Je pense qu'il est important de respecter le rôle des chefs traditionnels. Ce que nous avons fait, c'est d'intégrer l'ambassade des Etats-Unis dans la communauté et la tradition ivoirienne. Cela a été apprécié.

l Quel message fort pouvez-vous lancer aux Ivoiriens ?
A.H. : continuez sur le chemin de la paix pour arriver à la tenue d'élections crédibles et transparentes !

Propos recueillis par César Ebrokié

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