jeudi 2 août 2007 par Le Front

Dans leur droite logique de boycott de la cérémonie de Bouaké, Henri Konan Bédié, et ses collaborateurs ont mis en avant le mauvais choix de la personnalité invitée. Une parade qui est loin de disculper le sphinx de Daoukro.

Les excuses des voix officielles du Pdci-Rda, visant à justifier l'absence de Henri Konan Bédié à Bouaké, le 30 juillet dernier, semblent imparables. Exploitant une faille dans le libellé du courrier l'invitant à prendre part aux cérémonies officielles de la flamme de la paix, le leader du Pdci a tout simplement décliné l'offre. La faille, ou la menace, pour être plus précis, est la suivante : le courrier invitant l'ancien président du parti unique à Bouaké aurait été adressé, non pas à M. Konan Bédié, le citoyen, mais au président du Pdci-Rda qu'il est. La précision a d'ailleurs été apportée, il y a moins de 48 heures par le porte-parole du parti, Niamkey Koffi. Voix officielle du Pdci, le professeur Niamkey a, pour dédouaner son mentor, indiqué au téléphone, à notre demande, que ?'c'est le président du parti qui avait été invité''. En principe, Bédié avait toute latitude, en sa qualité de président de désigner un représentant ou de faire le déplacement. Mais, il a opté pour la première voie. A savoir, se faire dûment représenter par son n°2, Djédjé Mady accompagné d'une forte délégation d'hiérarques de son parti. A l'inverse, le sphinx de Daoukro aurait honoré ce rendez-vous, si les organisateurs (de la flamme de la paix) avaient eu le flair d'ôter la qualité qu'il représente au libellé de l'invitation. Mais la parade, exploitée dans les moindres lignes des détails par les proches d'Henri Konan Bédié, pour justifier sa défection, atteste au contraire de l'effet recherché, de la prudence de l'ancien chef d'Etat à l'égard de l'accord de Ouaga. La cérémonie de Bouaké est, en effet, une des conséquences de l'accord politique signé le 04 mars dernier dans la capitale burkinabé. Accord qu'avait fermement soutenu, ou promis de soutenir, le capitaine du navire Pdci. Mais la nuance exploitée à bon escient par les stratèges du Pdci au point de faire renoncer, au président Bédié du Pdci, ce voyage de Bouaké achève de convaincre ses détracteurs qu'il est hostile à l'accord signé à Ouaga. Sinon, comment expliquer qu'il soit membre du Pdci en vertu de sa qualité de patron du Pdci et qu'il s'oppose à l'une des traductions matérielles de l'Accord qui institue justement ce cadre ? En tout état de cause, la présence de Bédié à Bouaké, avec le facilitateur et les chefs d'Etat étrangers, aurait donné une autre sonorité à cette fête. Par sa seule présence, Bédié aurait brisé de nombreux tabous. Par exemple, il cesserait d'être taxé, à tort ou à raison d'être foncièrement hostile au processus de paix. Incidemment, il aurait donné un signal plus vivant de son adhésion à l'accord de Ouagadougou. Enfin, par la communion avec ses militants du centre, il leur aura démontré qu'il est à leurs petits soins
Porté sur les rigueurs du protocole, le président du Pdci a raté l'occasion de se déculpabiliser. Même s'il continue de proclamer partout qu'il soutient Ouaga. Son prédécesseur à la tête de l'Etat ivoirien disait, à juste titre, que la paix bien plus qu'un vain mot, est un comportement.

D.S.

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