jeudi 2 août 2007 par Le Nouveau Réveil

L'une des conséquences de l'accord de Ouagadougou devait être le rétablissement des Conseils d'Administration des médias de service public, dont les Conseils d'Administration avaient été suspendus par le Chef de l'Etat le 16 novembre dernier, dans un contexte de crise. Mais depuis le 04 mars, date de la signature de l'accord de Ouagadougou, les médias de service public continuent de rouler sans conseil d'Administration. Aux dernières nouvelles, un conseil d'Administration serait en train d'être mis sur pied à la RTI. Avec une ossature à maintenir la RTI aux bottes du FPI.
Des sources concordantes soutiennent qu'un décret se prépare pour la restitution du Conseil d'Administration de la RTI, suspendu le 16 novembre 2004 par un décret pris de façon cavalière par le Chef de l'Etat. Avec le dégel politique qui a suivi l'accord de Ouagadougou, on était en droit de s'attendre à la normalisation de la situation à la tête des médias de service public. Notamment la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne (RTI). Environ cinq mois après la signature, rien n'a évolué dans le sens du rétablissement des Conseils d'Administration. Selon des indiscrétions, cette situation peu connaître, dans les jours à venir, une évolution. Il se préparait la constitution d'un nouveau Conseil d'Administration. Mais le hic de ce nouveau Conseil d'Administration est que sa nomenclature pourrait être constituée sur la base d'un décret pris en décembre 2004, par le Chef de l'Etat pour installer et renforcer son homme, Georges Aboké, suite aux événements de novembre 2004. Il s'agit du décret N° 2004-678 du 24 décembre 2004, publié le 27 décembre 2004. Ce décret en son article 7 dit : " La RTI est administrée par un Conseil d'Administration dont la composition est fixée comme suit : -Un représentant du Président de la République ; -Un représentant de l'Assemblée Nationale choisi en dehors de ses membres ; un représentant de la Primature ; un représentant du Ministère chargé de la Communication ; un représentant du Ministère chargé de l'Economie et des Finances ; un représentant du Ministère chargé de la Défense ; un représentant du Ministère chargé du Travail ; un représentant du Ministère chargé de l'Education nationale ; un représentant du Ministère chargé des Télécommunications ; un représentant du Ministère chargé de la Culture ; un représentant élu du personnel ; un représentant désigné par les Groupements, des associations des consommateurs ". Ledit décret précise en son point 9 que " Le Directeur Général de la RTI est nommé par le Conseil d'Administration qui peut le révoquer à tout moment ". Dans la composition du Conseil d'Administration, vu le gouvernement actuel, le FPI et le camp présidentiel se taillent la part du lion. Mieux, les représentants du Président de la République ; de l'Assemblée Nationale choisis en dehors de ses membres ; du Ministère chargé de la Défense ; du Ministère chargé du Travail ; du Ministère chargé de l'Education nationale ; du Ministère chargé de la Culture et le représentant désigné par les Groupements des associations des consommateurs qui seront tous, sans aucun doute du camp présidentiel et du FPI. De fait, le Directeur Général qui serait nommé par un tel Conseil d'Administration aux couleurs du FPI et du CNRD ne pourra être que le pion du FPI. Et comme pour ne pas traîner, une lettre est déjà parvenue aux syndicats de la RTI, leur demandant de désigner leur représentant à entrer au Conseil d'Administration. Un hold-up se prépare
Pourtant le décret 2004 que Gbagbo cherche à utiliser pour avoir la main mise sur la RTI a été rejeté par l'accord de Pretoria I qui dit en son point 11 " La RTI est une institution importante qui doit être utilisée pour favoriser l'unité et la réconciliation nationale. En conséquence, ses émissions doivent couvrir immédiatement l'ensemble du territoire national. Il a aussi été décidé de restituer à la RTI le statut dont elle jouissait avant le 24 décembre 2004. Les décrets n° 2004-678 du 24 décembre 2004 et n° 2005-01 du 04 janvier 2005 seront rapportés immédiatement. Par ailleurs, le Ministre d'Etat Guillaume Soro en relation avec le Premier Ministre, présentera au Président de la République, un projet de décret portant nomination des membres du Conseil d'Administration de la RTI. " Cette disposition a été confirmée par l'accord de Pretoria II qui dit en son point 7 : " L'accord conclu à Pretoria selon lequel le Président Gbagbo allait publier un décret restaurant le statut et l'administration de la RTI a été suivi d'effet. Le Gouvernement s'efforce d'assurer l'extension des infrastructures de la RTI au reste du pays ". Pourquoi Gbagbo ne veut-il pas donc rétablir l'ancien Conseil d'Administration ?
En rejetant ce décret partisan, Pretoria I a demandé que soit plutôt appliqué le décret N° 2003-389 du 16 octobre 2003 qui est beaucoup plus démocratique et consensuel. Ce décret dit en son article 6 : " La RTI est administrée par un Conseil d'Administration dont la composition est fixée comme suit : Premier Ministre un représentant (1); deux représentants du Ministère chargé de la Communication (2) ; un représentant du Ministère chargé de l'Economie et des Finances (1) ; un représentant du Ministère chargé de l'emploi et des Finances (1) ; un représentant du Ministère chargé des Nouvelles Technologies de l'Information et des Télécommunications (1) ; un représentant du Ministère chargé de la Culture (1); un représentant du Ministère chargé du Commerce (1) ". Ledit décret précise en son point 9, nouveau que " Le Directeur Général de la société est nommé par le Conseil d'Administration qui peut le révoquer à tout moment. "
Comme on le voit, pour normaliser, dans la forme, la situation à la tête de la RTI, Gbagbo veut tenter un autre passage en force et maintenir ses hommes. Aussi, Brou Amessan pourrait partir, pour être remplacé par un autre plus radical du FPI. Le ministre de la Communication Ibrahim Sy Savané est-il au courant de ce qui se passe ? Si Oui que fait-il pour éviter un hold-up à la direction de la RTI ? Si non pourquoi ?
Eddy PEHE

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