mardi 31 juillet 2007 par Fraternité Matin

Il est 12 h 37 hier, quand le Président de la République, Laurent Gbagbo, termine son discours qu'il a commencé à 12 h 23. Avant lui, le Premier ministre a parlé de 12 h 02 à 12 h 19. Après l'adresse du Chef de l'Etat à la Côte d'Ivoire, la prochaine étape de la cérémonie est consacrée à la flamme de la paix. Mais elle passe par plusieurs maillons. Ainsi, à 12 h 40, des militaires des Forces de défense et de sécurité de Côte d'Ivoire (FDS CI), des Forces armées des Forces nouvelles (FAFN), des Casques bleus et de la Licorne, donc des quatre forces militaires actuellement présentes en Côte d'Ivoire, font leur entrée dans le stade à petit trot. Ils sont habillés de tee- shirts aux couleurs nationales. Ainsi, les FDS- CI sont en Orange, la Licorne en Blanc, les FAFN en Vert. Les casques bleus sont en treillis. Ce sont des relais. Le tronçon Tiébissou-Bouaké, long de 65 kilomètres a été parcouru par 65 militaires de chaque force, qui se sont passé le flambeau. Quand le groupe arrive au stade, la flamme de la paix est entre les mains d'un élément de la Licorne. Il la passe à un militaire ivoirien qui fait le tour du stade avec elle et la remet au capitaine de frégate, le commandant Konan Boniface, le commandant du théâtre des opérations (com théâtre) et le commandant Ouattara Issiaka (dit Wattao). A leur tour, ils confient la flamme aux généraux Philippe Mangou et Soumaïla Bakayoko, respectivement chef d'état-major des FDS et des FAFN. La précieuse flamme sera gardée en lieu sûr, en attendant que le moment fatidique où elle sera mise aux armes arrive. A 12 h 50, les généraux Mangou et Soumaïla scient un canon de 105 millimètres. Le maître de cérémonie précise qu'il a une portée de onze kilomètres et qu'il a été fabriqué aux Etats-Unis d'Amérique. Le canon scié est jeté dans la cuve où sont rassemblées les armes qui vont être brûlées. L'acte signifie que les deux chefs des deux armées qui se battaient ont décidé de faire la paix. Puis le commandant de la zone sud (Bouaké) des FAFN, Chérif Ousmane, accompagné d'autres militaires FAFN, remet une kalachnikov au général Soumaïla Bakayoko. Le maître principal Issiaka Ouattara, des Forces armées nationales de Côte d'Ivoire (FANCI), remet également une kalachnikov au général Philippe Mangou.
Puis le Président de la République et le locataire de la Primature montent sur le podium. Là, le chef d'état-major des FANCI remet sa kalachnikov à Guillaume Soro. Excellence Monsieur le Premier ministre, je vous remets cette arme, signe de l'engagement des Forces de défense et de sécurité de Côte d'Ivoire pour la paix, pour l'union, pour le bonheur du peuple ivoirien, dans une Côte d'Ivoire réunifiée à jamais. Vive la Côte d'Ivoire, dit le général. La foule applaudit à tout rompre. Le chef d'état-major des FAFN, lui, remet la sienne au Président Laurent Gbagbo. Excellence Monsieur le Président de la République, je vous remets cette arme, signe de l'engagement des Forces de défense et de sécurité des Forces nouvelles, pour la paix, l'unité et le bonheur de la population de notre pays, dans une Côte d'Ivoire unifiée à jamais. Que Dieu nous bénisse, dit-il à son tour. Le stade hurle. Il est 13 h. Le Chef de l'Etat et le Premier ministre exhibent les armes sous les applaudissements de la foule en extase. Puis ils se dirigent vers la cuve où ils les mettent, non sans s'essuyer les mains comme pour dire qu'ils en ont fini avec l'usage des armes. Le maître de cérémonie annonce que ladite cuve contient plus de deux mille armes, appartenant aux deux armées (FDS CI et FAFN) qui vont être symboliquement détruites. Laurent Gbagbo, le Président de la République et le chef du gouvernement retournent sur le podium où ils sont rejoints par les Chefs d'Etat qui ont effectué le déplacement. Là, le général Mangou passe la flamme de la paix (entre temps revenue du lieu où elle avait été gardée) et le remet au général Bakayoko. Le chef d'état-major des FAFN la remet au Président du Bénin, Yayi Boni. Elle atterrit entre les mains du Président Laurent Gbagbo après avoir transité respectivement et dans l'ordre, par les Présidents du Togo, Faure Gnassingbé, du Mali, Amadou Toumani Touré, de l'Afrique du Sud, Thabo Mbeki, du Burkina Faso, Blaise Compaoré et du Premier ministre Guillaume Soro. Le stade se tient debout, crie, siffle, tape des mains. Le Président de la République et son chef du gouvernement tiennent le flambeau ensemble et vont jusqu'à la cuve. Ils sont accompagnés des autres chefs d'Etat. A 13 h 13, le Chef de l'Etat et le Premier ministre mettent le feu au cuve contenant les armes. C'est l'hystérie totale dans le stade. La flamme monte dans le ciel. Une forte détonation se fait entendre. Les pompiers interviennent et circonscrivent la flamme qui avait commencé à prendre des proportions démesurées. 13 h 15, le Président Laurent Gbagbo et le Premier ministre Guillaume Soro lâchent des colombes qui s'envolent dans le ciel. Signe du retour de la paix en Côte d'Ivoire. Puis avec les Chefs d'Etat venus d'ailleurs, ils montent ensemble dans un car climatisé de la SOTRA qui prend la direction du Ranhôtel, quatre étoiles, leur base. La cérémonie prend fin.

Pascal Soro
Envoyé spécial à Bouaké



Les grands absents de la cérémonie

Ne vous focalisez pas sur les absents. Vous les rendrez inutilement célèbres alors que là où nous sommes arrivés, ce n'est plus une affaire de personne mais de l'ensemble du peuple ivoirien qui veut aller à la paix, nous faisait remarquer hier, une haute personnalité de l'Etat qui a constaté l'absence à la cérémonie des présidents du PDCI et du RDR, respectivement MM. Henri Konan Bédié et Alassane Dramane Ouattara. Et celle de l'ancien Premier ministre, Charles Konan Banny. Une absence qui n'est guerre passée inaperçue et qui mérite d'être relevée non pas pour en faire une fixation ou un acharnement sur les personnalités concernées. Mais parce que, à l'heure de la paix, que ceux qui ont toujours été considérés comme des acteurs clés du processus soient absents, est malheureusement un signal négatif qui pourrait sous-entendre que certains n'ont toujours pas compris le sens profond de ce qui est en train de se passer en Côte d'Ivoire depuis la signature de l'Accord de Ouaga le 4 mars 2007. La paix est irréversible. La paix est là!, ont martelé, hier, le Président Gbagbo et le Premier ministre Soro. Dès lors, qu'est-ce qui a bien pu empêcher les trois personnalités d'honorer de leur présence la ??Flamme de la paix'' à la quelle était pourtant présent l'ancien Premier ministre Seydou Diarra? Celui-ci aurait pu, lui aussi, arguer d'avoir été en son temps chassé de la Primature au profit de Charles Konan Banny pour rester chez lui à Abidjan. C'est vrai, comme le dit le Pr Alphonse Djédjé Mady, que ce n'est pas parce que le président Bédié est physiquement absent à Bouaké qu'il n'en demeure pas moins attaché au retour de la paix qu'il a toujours appelé de tous ses v?ux. Mais à quoi sert-il d'appeler une chose de tous ses v?ux et d'afficher par la suite de l'indifférence vis-à-vis de cette chose lorsqu'elle se présente ?
En refusant, pour une raison ou une autre, de prendre part à la "Flamme de la paix" qui a pourtant noté la présence effective de six chefs d'Etat étrangers, le président Bédié et les anciens Premiers ministres Ouattara et Banny ont opté pour une bien déplorable posture là où tous les Ivoiriens, y compris ceux qui ont pris hier les armes, veulent se réhabiliter aux yeux de l'opinion publique nationale et internationale.

Abel Doualy
Envoyé spécial

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