vendredi 27 juillet 2007 par Notre Voie

Membre du bureau national de l'OFFPI, Secrétaire nationale chargée des fédérations de la région des lagunes I, Mme Gabrielle-Adèle Nikpi, dresse le bilan de ses activités. Elle parle de la santé du FPI sur le terrain et surtout des problèmes qui minent ce parti à Dabou depuis quelque temps. Notre Voie : Depuis 2001, vous gérez les fédérations de Dabou au niveau du Secrétariat national de l'OFFPI. Quel bilan pouvez-vous faire, aujourd'hui, après 6 ans d'exercice ?
Nikpi Adèle : Je dirai que notre mandat a été des plus éprouvants pour cause de guerre pendant près de six ans; parce qu'il nous fallait non seulement être au front, mais, également, être aussi avec la base. Mon mandat s'est axé autour de trois volets : résistance patriotique, politique et sociale. Dès les premières heures de l'attaque du 19 septembre 2002, j'ai organisé la résistance à Dabou : marches populaires, opération de collecte en vivres (plus de 20 tonnes d'attiéké, de poisson et autres) distribués à nos FDS, aux déplacés de guerre de Toumodi, de Yamoussoukro, dans les corridors, au camp Galliéni, etc. J'ai, également, convoyé des cars de femmes sur Abidjan pour des dons de sang ou pour des rassemblements patriotiques.
En dehors de Dabou, j'étais à toutes les manifestations patriotiques à Abidjan pour défendre les institutions républicaines. Je suis d'ailleurs dans la commission communication des femmes patriotes de Côte d'Ivoire dont je suis la présidente à Dabou.
Sur le plan politique, l'OFFPI a mené une grande campagne de sensibilisation et de mobilisation pour expliquer aux militantes de base le pourquoi, le comment de la guerre et surtout pourquoi soutenir le président Laurent Gbagbo. Très souvent, lors de mes réunions, je faisais salle comble, parce que les hommes venaient aussi pour s'informer. Résultats : défection de militantes d'autres formations politiques (PDCI, RDR) en direction du FPI. A Débrimou (village de Tiapany, de Loess Vincent, Jacqueline Oble,etc.), plus de 500 femmes sont venues au FPI. J'ai, également, renouvelé mes fédérations qui de 36 sections montent à 89 sections. Nous avons déjà commencé à procéder à l'installation des sections. Nous en profitons pour faire des meetings et mettre nos militantes en ordre de bataille. Sur le plan social, avec le soutien de la Première dame Mme Simone Ehivet Gbagbo, j'ai pu dresser des arbres de Noël tant à Dabou qu'à Jacqueville pour les enfants démunis, et organsier bien d'autres activités associatives visant à aider les femmes à se prendre en charge et à sortir de leur condition de précarité. N.V. : Quel est, aujourd'hui, l'état de santé de vos fédérations ?
A.N. : Je tiens, ici, à féliciter mes fédérales, notamment Mmes Gbogbouo Valentine (Sikensi) et Agnéro Sylvie (Dabou), qui, avec les moyens de bord, abattent un travail colossal. Nous n'attendons pas que le parti nous donne des moyens, mais parce que nous sommes simplement conscientes des responsabilités qui sont les nôtres. Il faut dire qu'au niveau de la sous-préfecture, nous n'avons pas de problème majeur. Nous avons seulement besoin de soutien. Notre combat est de conquérir la commune que le PDCI considère à tort comme son bastion. C'est pour cela que je salue la percée du FPI à Débrimou, qui est, pour moi, un évènement majeur. N.V. : Que s'est-il réellement passé à Débrimou ?
A.N. : Mon challenge, c'était surtout de renverser la tendance dans la commune (NDLR : elle est de Débrimou), notamment au niveau des femmes, parce que force est de reconnaître qu'elles représentent le plus grand électorat. Donc à Débrimou (Ndlr : village du ministre Tiapany, Loess Vincent, Jacqueline Oble, du député Yed Gnagne Claude et bien d'autres cadres) où le FPI n'a jamais excédé 100 voies, nous avons réussi, avec l'aide remarquable des camarades Bédi Djobo Lambert et de Serge Mélèdje Agnero, à faire venir plus de 500 femmes du PDCI au FPI. Ce fut une grande fête, j'en garde d'ailleurs un souvenir inoubliable. Je souligne, par ailleurs, qu'il n'y a pas qu'à Débrimou où nous avons fait une percée. Il y a plusieurs autres villages de la commune où le FPI est en roue libre, tels que Pass, N'Gatty, Agneby. Nous devons redoubler d'effort pour maintenir le cap. Il y a aussi de gros villages qui ont renfloué leurs rangs tels que Lopou (plus de 1000 militants venus au FPI), Akradio, Vieux Badien, Nigui Nanou, Kaka, Tiaha, Cossrou. C'est un travail que l'OFFPI abat avec l'aide très offensif (surtout avec les défections dans ses rangs et c'est de bonne guerre, il faut rendre à César ce qui est à César) de Serge Agnéro. Bédi Djobo Lambert et le conseil général nous apportent, également, leur soutien.
N.V. : A Dabou, le FPI est miné par des problèmes de personnes, des problèmes internes. Est-ce que cette atmosphère ne déteint pas ou n'a pas d'impact sur les activités de l'OFFPI ?
A.N. : Dans toutes les fédérations, il y a souvent des problèmes internes qui finissent par s'aplanir. Dabou n'échappe pas à cette règle. A Dabou, le RHDP est fortement implanté. Il nous appartient d'occuper le terrain pour informer, instruire et galvaniser sans cesse la base qui est souvent perturbée par l'intoxication. Il se trouve - et je le dis sans médisance aucune - que l'OFFPI est seul sur le terrain. Les militants vous le confirmeront. Le DDC et le fédéral sont absents, à telle enseigne que, pour pallier cela, les secrétaires généraux de section ont jugé bon de se mettre en collectif. Ce collectif est dirigé par le camarade Akmel Nathanaël et s'emploie à ne pas laisser le champ libre à l'adversaire. Pour ma part, quand je me suis rendue compte que Serge Agnéro était partout sur le terrain, j'ai estimé qu'il était sage que nous unissions nos efforts pour être sur le terrain. Nous, OFFPI, avons entrepris une série de tournées dans la région. Nous faisions deux meetings tous les week-ends. La veille, la fédérale entretient les villageois par un mini meeting. Le lendemain, nous la rejoignons pour animer un giga meeting afin d'expliquer à la population pourquoi Gbagbo a signé l'accord de Ouaga et pourquoi nous devons le soutenir tous partis politiques confondus dans cette dynamique de paix. Et tenez-vous bien, les plus enchantés sont souvent les militants des autres partis. Nous n'avons pratiquement pas de répit. Voilà le travail que nous faisons sur le terrain. Malheureusement, cela n'est pas du goût de M. Paul Wood Agnéro et du fédéral. Cette guéguerre a un impact négatif sur les activités du parti; d'autant plus que nous nous évertuons à recruter de nouveaux militants dont beaucoup restent encore hésitants à cause de notre division. N.V. : Pouvez-vous être plus explicite ?
A.N. : En ma qualité de nationale de région, et surtout de femme, mon rôle est d'?uvrer à l'union et au rassemblement de tous les fils de la région. Et j'ai conscience que la région a besoin de militants de terrain pour faire gagner Laurent Gbagbo. Ce ne sont pas les séminaires trimestriels et les réunions dans les salles climatisées qui feront que nous allons atteindre notre objectif. C'est le travail de proximité et surtout l'union des fils. C'est justement pour ça que quand Paul Wood m'a proposé le poste de directeur local de campagne (DLC) chargé des mouvements patriotiques et de la mobilisation, j'ai apprécié l'offre en disant que nous avons tous à gagner en mettant ensemble toutes nos forces vives. Je lui ai, également, demandé de tendre la main à la JFPI, qui était à couteaux tirés avec lui et aussi à Agnéro Serges qui, il faut le reconnaître, est un pion essentiel à Dabou, pour ne pas que nous avancions en rangs dispersés. Malheureusement, ça n'a pas marché. Et, depuis ce temps, on me mène la vie dure ; on boycotte les manifestations que j'organise ; on me refuse les salles à une heure du démarrage de la manifestation ; le siège du parti est même interdit à l'OFFPI. Paul Wood a mis en place une OFFPI-bis avec laquelle il collabore en remettant en cause la validité des élections de la nouvelle fédérale, alors que je suis en phase avec la direction de l'OFFPI. Il demande publiquement qu'on me relève de mes fonctions de nationale. En a-t-il seulement le droit ? En quoi est-il concerné par l'organisation des femmes ? Il décide de l'exclusion du parti de certains militants, dont Bédi Djobo Lambert, Serge Agnéro et bien d'autres militants de première heure. De nouveaux secrétaires généraux de section sont cooptés en remplacement des anciens sans l'avis de la base.
Lors de l'investiture de la nouvelle fédérale, alors que la direction du parti était présente, Paul Wood a brillé par son absence ; le fédéral, lui, s'étant excusé. Une campagne d'intoxication a été menée dans tous les villages, suivie de menaces. Dieu étant juste, la mobilisation a été sans précédent,. Et je puis dire, sans fausse modestie, que nous avons rempli plus d'une vingtaine de bâches.
Au vu de tout ce que je viens d'énumérer, des questions s'imposent : le DDC peut-il faire gagner Laurent Gbagbo dans la région en ne composant pas avec la structure des femmes dont je suis la responsable ? En dirigeant des clans ? En se mettant à dos la majorité des secrétaires généraux de section qui représentent la base ? Pour tout dire, en se complaisant dans la division ? Je dis non ! Le président Affi N'Guessan n'a-t-il pas dit et redit que les DDC ne doivent, en aucun cas, se substituer aux fédéraux ? Paul Wood se prépare à recevoir un groupe de femmes chez lui à Orbaff sans les responsables de l'OFFPI que nous sommes, le samedi 21 Juillet prochain. J'estime qu'il lui incombe de rassembler tout le monde. N.V. : Quelles solutions proposez-vous alors ?
A.N. : Quand on est dans une barque qui prend de l'eau, la sagesse demande qu'on crie pour appeler à l'aide de colmater les brèches. Ensuite, on met en évidence ce qui a occasionné cette situation. C'est pour cela que je lance un cri de c?ur, pour que la direction du parti règle ce problème une bonne fois pour toute. Ce sont les SG qui font la base. En voulant les écarter de manière sournoise, c'est tuer le parti. Je lance un appel à tous les fils et filles de Dabou et de Sikensi, afin qu'ils transcendent et qu'ils taisent leurs griefs personnels, qu'ils considèrent plutôt l'intérêt supérieur du parti. Notre vrai combat, c'est contre le RHDP. Je rêve de voir nos deux Agnéro se donner la main. C'est possible et nous portons ce v?u chaque jour en prière. Aujourd'hui, Guillaume Soro est Premier ministre et tous les Ivoiriens le soutiennent pour aller à la paix. Marie- Odette Lorougnon m'a fait l'insigne honneur de conduire la délégation de l'OFFPI à Korhogo lors de la Journée internationale de la Femme. A Korhogo, j'ai parlé de paix avec Fofié et Gueu Michel. Il n'y a pas de raison que cette paix, je ne la transpose pas chez moi. Je demande au Tout-Puissant de toucher le c?ur des uns et des autres pour qu'on devienne un à Dabou.



Interview réalisée par Vincent Deh

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