vendredi 27 juillet 2007 par Fraternité Matin

Aujourd'hui, à la patinoire de l'hôtel Ivoire, l'Union démocratique citoyenne du ministre Mel Théodore organise son Conseil national.
M. le ministre, on ne parlera pas de salubrité des villes dont vous êtes responsable, mais plutôt de politique tout court. Vous entrez en conclave, ce week-end, à travers un Conseil national. Pourquoi ce Conseil ?
Je vous remercie de l'occasion que vous offrez à l'UDCY de s'exprimer dans vos colonnes. En effet, le vendredi 27 et le samedi 28 juillet, nous tenons des assises de la convention nationale de l' UDCY qui est en fait la réunion du Conseil national; l'organe qui se réunit entre deux congrès et qui peut se réunir en convention lorsqu'il y a des sujets qui ne relèvent pas particulièrement de cette instance mais du congrès. Et comme vous le savez, le congrès avait déjà pris un certain nombre de résolutions, il y a deux ans, pour les élections générales.
Etant donné que les élections n'ont pas eu lieu et qu'elles sont annoncées pour bientôt, il nous est apparu nécessaire de nous retrouver, de retrouver la base, pour pouvoir faire partager nos options et renouveler les engagements que le congrès avait pris en 2005. A défaut de pouvoir organiser le congrès des femmes et des jeunes au mois de mars 2007, ce conseil national vient- il combler un vide ?
Oui, c'est pour cela que le Conseil national se réunit en convention. Parce que le renouvellement du bureau des jeunes et des femmes devrait faire l'objet d'un congrès spécifique. Mais, compte tenu de l'acuité des élections à venir, nous avons pensé que le Conseil national réuni en convention pourrait renouveler ces instances-là, pour permettre à nos jeunes et à nos femmes de se préparer pour les futures échéances. Y avait-il un risque à organiser un congrès ?
Il n'y a pas de risques, mais je pense que faire un congrès des femmes, un congrès des jeunes et aller au conseil national, ça coûte cher. Un congrès des jeunes, ça coûte entre 10 et 15 millions ; un Conseil national, ça coûte autour de 25 à 30 millions. Je ne pense pas que nous ayions les moyens de faire de telles rencontres, avec la fréquence qui serait nécessaire pour aboutir à la préparation des élections générales. Donc, la convention est le cadre idéal pour traiter ces questions qui, normalement, relèvent d'un congrès. Contre mauvaise fortune, il faut faire bon c?ur. En terme d'objectifs, qu'attendez-vous de ce Conseil ?
Ce Conseil national devra se prononcer sur le rôle de l'UDCY dans les élections générales à venir. Vous savez que nous avons traversé une période difficile et que des perspectives nouvelles se présentent et vous savez également que si la fin de la crise est annoncée, il faut penser au post-crise, c'est-à-dire à la reconstruction. Et la reconstruction ce n'est pas seulement le fait de rebâtir des infrastructures qui ont été endommagées ou qui ont pris du retard dans leur exécution. La reconstruction, c'est aussi celle, je dirais, de la super-structure ; c'est-à-dire des mentalités; c'est aussi celle de nouvelles approches, c'est aussi la redéfinition de la vie politique dans notre pays. Il faut dire que, aujourd'hui, la donne est totalement différente de celle d'il y a 7 ans. En ce qui nous concerne, nous avions dit que nous n'irions pas aux élections de 2005, parce que les conditions n'étaient pas réunies. En d'autres termes, la liberté de circuler; mais aussi de parler et la liberté de faire des choix qui ne sont pas forcément du goût des uns et des autres et par conséquent, le risque d'atteintes physiques graves. Nous n'avons pas voulu exposer nos militants et nous avons estimé qu'il fallait demeurer plus sage. Mais, c'est vrai que la fin de la crise a été reportée de 2005 à 2007. Alors, nous nous préparons à nouveau et nous devons, dans cette approche nouvelle de la reconstruction, re-examiner le rôle que notre parti devrait jouer en tant que jeune parti, en tant que partie charnière, en tant que leader d'opinions. Et je pense que ce rôle, à mon sens, est important parce que beaucoup d'Ivoiriens et Ivoiriennes partagent nos analyses et nos points de vue.
On peut donc dire que l'UDCY se prépare pour les échéances à venir ?
Nous ne serons pas absents. Le congrès avait décidé d'apporter son soutien à la candidature du Président Laurent Gbagbo, pour marquer notre volonté de consolider la paix, en évitant d'avoir de fraîches dissensions qui, au sortir d'une crise, peuvent replonger le pays dans une autre crise. Nous n'aurons pas de candidat à la présidentielle, mais nous serons présents en terme de soutien, de développement d'une vision nouvelle. Parce que, il est bien entendu que, plus nous serons nombreux à soutenir le Président d'horizons politiques divers, plus l'après-crise aura des chances de consolider des acquis qui permettront une stabilité durable au pays. Entendez-vous aussi récolter au mieux les fruits de votre investissement aux côtés
du Président?
Je ne crois pas qu'il s'agisse de récolter des fruits, parce que la saison était mauvaise!
Mais il faut placer de nouveaux jalons, il faut tracer de nouveaux cadres; il faut rappeler aussi le rôle que l'UDCY a joué depuis les accords de Marcoussis jusqu'aux accords de Ouaga; le rôle que son représentant a joué dans le gouvernement en terme de recherche de la paix. Tout ceci doit pouvoir se traduire par des résultats que nous espérons réconfortants de sorte à pouvoir faire entendre la voix des sans voix, comme on le dit. Vous entendez faire des choses que les autres ne font pas. Lesquelles, par exemple?
Ecoutez, vous n'avez qu'à voir nos spots qui passent à la télévision ! Nous sommes déjà de plain-pied dans le 21ème siècle : tout le monde a des ordinateurs, tout le monde peut faire ce qu'on a fait, mais c'est la première fois qu'on présente un spot en trois dimensions à la télévisionC'est l'imaginaire que nous avons appelé à la réalité. Mais, pour la campagne présidentielle, nous avons des idées originales et certainement les Ivoiriens et les Ivoiriennes apprécieront .Ce n'est pas parce que nous sommes un petit parti, un parti récent, que nous n'avons pas de puissance de conviction. Notre rôle consistera à montrer l'autre facette de Laurent Gbagbo pendant sa campagne présidentielle, parce que chacun a ses arguments pour soutenir le Président. Les nôtres vont faire appel à votre imagination et je suis persuadé que ce sera à la fois ludique, instructif et ce sera à la fois très fortement politique. Quels sont vos rapports avec les autres partis signataires de l'accord de Marcoussis?
Dans la mesure où nous avons été toujours les premiers à appeler les uns et les autres à se retrouver, nous pouvons dire que nous sommes peut-être le seul parti qui n'ait maille à partir avec personne. D'abord, parce que nous avons essayé d'arrondir les angles pour tout le monde, ensuite parce que, de toute évidence, il fallait un dépassement de soi et nous l'avons montré, en renonçant à des portefeuilles ministériels pour permettre de trouver des solutions aux blocages qui se sont produits pendant cette marche difficile dans un désert où le gazon était du cactus. Par conséquent, je crois que chacune des parties signataires a pu apprécier, en tout cas en ce qui concerne les valeurs humanistes que nous professons, notre démarche. Je puis dire que nous sommes, peut-être, un parti sans problème. Où vous situez-vous ? A gauche, à droite, au milieu ?
Je crois qu'au 21ème siècle, parler de gauche, droite ou milieu, c'est méconnaître l'avancée du monde. Aujourd'hui, le mur de Berlin est tombé; aujourd'hui, pour ne citer que la France, les partitions gauche-droite commencent à se prononcer de façon significative. Vous pouvez regarder, en Allemagne, en Italie, etc., tout le monde cherche maintenant la meilleure façon de faire la politique autrement. La gauche et la droite, c'était quand il y avait encore des militants qui voulaient défendre les idées marxistes. Mais nous en avons vu les limites, même si les marxistes au plan de la pensée ont apporté une contribution significative au développement politique. Nous avons aussi vu les limites du libéralisme exacerbé qui conduit à l'appauvrissement des plus pauvres et à l'enrichissement des plus riches! Donc la voie est ailleurs. Et c'est dans la recherche de cette voie que nous nous situons; c'est-à-dire mettre le citoyen au centre de nos préoccupations. Combien de personnes attendez- vous à ce conseil ?
Je vais vous paraître peut-être optimiste, mais nous avons été obligés de réduire le nombre des délégués, parce que nous étions déjà à 3800 délégués, alors que nous n'avons pu obtenir qu'une salle qui contienne à peu près 1600 personnes. Ceci causera certainement un petit problème, mais nous pensons que nous serons bien autour de 2000 militants mobilisés. Je profite de votre interview pour présenter mes excuses à tous les militants qui ne seront pas à cette rencontre, leur dire qu'il y a beaucoup de problèmes de logistique, d'hébergement, de restauration comme dans toutes les organisations car la perfection n'est pas de ce monde. Nous leur présentons, par avance, nos excuses et nous espérons que pour le bon combat qu'ils ont décidé de mener, ils sauront faire preuve de dépassement et conserverons la véritable boussole, celle de construire une Côte d'Ivoire plus prospère et plus fraternelle.

Interview réalisée par
Michel Koffi

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