vendredi 27 juillet 2007 par Le Nouveau Réveil

Au cours du sous thème qui était au centre des débats d'avant hier, chacun des partis politiques intervenus s'est défendu bec et ongles pour ne pas être coupable dans la crise politico militaire de 2002. Les différents panélistes avaient planché sur : "Démocratie, culture démocratique : le cas de la Côte d'Ivoire". A l'exception du MFA et du RDR absents, le PDCI représenté par le professeur Tiacoh Carnot et le FPI par le Pr. Dedy Seri ont donné du fil à retordre à l'assistance. Car au moment où la Côte d'Ivoire sort petit à petit de sa crise pour aller à la paix, il semble tout à fait indiqué pour chaque acteur politique de porter un regard critique sur ce sombre passé. En dehors des partis politiques, il y avait également le mercredi 25 juillet, une influente brochette d'intervenants dans la salle .Entre autres, elle était composée des professeurs Alphonse Voho Sahi, Ouraga Obou, Zadi Zaourou, Wondji Christophe, Yacouba Koné. Sous la présidence de Mme Agnès Kraidy, chaque communication était consignée dans un volume de temps de 15 mn. Selon l'ordre protocolaire, la parole a été servie en premier à M Naweké de la RDC qui s'est introduit par une interrogation. Comment promouvoir et consolider la démocratie dans notre société (Afrique)? En guise de réponse, il va d'abord définir la démocratie comme un espace du bien être au centre duquel se trouve l'homme. Ensuite, il propose comme solution, une éducation à la démocratie dont l'homme est le principal acteur. Car pour lui, c'est grâce à la démocratie qu'on peut construire un monde pacifique. Pr. Zadi Zaourou:
C'est triste, notre démocratie est une démocratie sans peuple?
Le professeur Zadi Zaourou qui, d'entrée de jeu, a estimé l'intérêt du sujet du jour très évident, aura du mal à circonscrire son intervention dans le temps réglementaire. Néanmoins, il a pu s'inspirer de la démocratie athénienne et de quelques célèbres auteurs de la scène internationale pour dépeindre le paysage politique de la Côte d'Ivoire qui, selon lui, a été affaibli par une gestation. Laquelle gestation a occasionné l'instabilité politique et des difficultés de fonctionnement de la démocratie. Conséquences, l'installation d'une démocratie multiforme. La démocratie délibérative, la démocratie participative puis co-associative. Ce qui exige une éventuelle renaissance du terrain démocratique en Côte d'Ivoire. Le professeur Zadi Zaourou s'est indigné devant la démocratie vécue dans notre société qu'il qualifie de ''démocratie sans peuple". Par ailleurs, il a plaidé pour un hommage de la nation aux pionniers de la lutte démocratique ainsi qu'à l'élite ivoirienne. Puis il a terminé par une invite à l'endroit de la jeunesse qui doit s'inspirer de cette élite pour son lendemain meilleur. Pr Alphonse Voho Sahi :
Depuis 1990, la démocratie n'est plus un vain mot mais un comportement en Côte d'Ivoire?. Le professeur Alphonse Voho Sahi attendu pour un exposé équilibriste d'intérêt national a plutôt choisi délibérément d'être le véritable avocat défenseur du régime au pouvoir dont il est l'un des pions essentiels. Il a finalement volé la vedette à son collègue Dedy Seri commis officiellement à cette tâche. Parti des enjeux démocratiques en Côte d'Ivoire, il débouche sur la problématique suivante: "La démocratie est-elle une voie ou un handicap pour une sortie de crise ?" Sans toutefois libérer son auditoire de cette pertinence équation, le conseiller spécial du président de la république, chargé des questions culturelles a plutôt fait un rappel du cycle de la démocratie en Côte d'Ivoire. Il dira alors "On oublie le discrédit dans lequel était la démocratie en Côte d'Ivoire il y a moins de 25 ans". Parlant réellement de l'actuelle crise, son excellence Alphonse Voho Sahi a estimé que la Côte d'Ivoire est en train de négocier un passage délicat de son histoire. Pour lui, l'attaque du 19 septembre 2002 n'avait pour seul objectif que la déstabilisation des acquis de la révolution démocratique. Quant aux accords de Ouaga, selon le panéliste, ils obéissent à un système qui consiste à ajourner les principes de la démocratie au profit de la paix, la réconciliation et l'unification de la Côte d'Ivoire. Assimilant l'amorce de la démocratie vraie au vent du multipartisme qui a secoué la terre d'Eburnie en 1990, l'enseignant écrivain a dit : "Depuis 1990, la démocratie n'est plus un vain mot mais un comportement en Côte d'Ivoire". Cette pensée de feu Félix Houphouët-Boigny désormais utilisée à d'autres fins non sans l'avoir dépouillée de sa substance initiale a été illustrée de la manière suivante. Au temps du parti unique, il vous suffisait un entretien à deux ou à trois pour être entendus par la DST, ce qui n'est plus le cas depuis les années 1990. Plus loin, le professeur Voho Sahi abordera l'étape des élections de 2000 pour répondre à une préoccupation dans la salle sur l'élection calamiteuse du Président Laurent Gbagbo. A cette dernière, il dira qu'il faut plutôt retenir que le chef de l'Etat a été élu, selon ses propres termes, dans des conditions calamiteuses et non par des élections calamiteuses.
Pr Tiacoh Carnot : Le bilan du monopartisme
en Côte d'Ivoire est positif ...?
Le professeur Tiacoh Carnot, pour aisément prendre à contre-pied les agissements de ses adversaires idéologiques du jour, a simplement rafraîchi la mémoire des refondateurs en ces termes : "50% des intellectuels ivoiriens se réclamant d'une nouvelle ère démocratique, 50% des infrastructures de tous genres en Côte d'Ivoire ne sont que le fruit du monopartisme dont le PDCI fut le vecteur". Il a alors rappelé que la démocratie de l'ère de la souveraineté nationale de 1960 a engendré la construction de la nation ivoirienne. Pour le représentant du PDCI RDA à la table ronde de Yamoussoukro, le monopartisme a été affaibli par la crise économique des années 80 ayant favorisé l'éclosion du multipartisme. Il termine ses propos également par une problématique "Que peut-on retenir du multipartisme si ce n'est qu'une vision nécessariste pluraliste, d'une vision nécessariste décadente qui tend vers la négation. D'une vision nécessariste temporaire ou définitive et même une vision pessimiste et tragique". Prenant le public à témoin, le professeur Carnot s'est encore demandé: "Jusqu'où irons-nous ? Parti unique, multipartisme, décadence temporaire ou définitive". En somme, l'émérite historien a affirmé qu'avec le multipartisme, il y a eu une véritable perte de repères, de la notion de l'intérêt général, d'où le peuple a finalement mal à son pluralisme. Pr. Dedy Sery :
Cette table ronde est pertinente mais inopportune?
Sans doute satisfait de la défense des idéaux du FPI par Voho Sahi qui l'a précédé, le professeur Dedy Sery s'est contenté de développer deux idées. Il s'est d'abord insurgé contre la tenue de la table ronde du spécial MASA 2007. Au motif qu'elle devait attendre que les conséquences de la crise ivoirienne soient tirées avant de se tenir. "Cette table ronde est pertinente mais inopportune", a-t-il déclaré. Aussi s'est-il appesanti sur la promotion de la démocratie dans le contexte de la société traditionnelle bété. Car pour lui, le concept et non la notion de la démocratie existe dans les langues maternelles nationales. Ainsi prenaient fin les interventions des représentants des partis politiques. Le Pr Ouraga Obou qui a répondu aux nombreuses préoccupations d'ordre constitutionnel, enregistrées dans la salle, a donné quelques précisions. Sur le mandat actuel du Chef de l'Etat en se referant aux articles 35, 10 et 38 de la constitution. Il a confié à l'assistance que le mandat de Laurent Gbagbo obéit plutôt à une légalité constitutionnelle qu'à une légitimité démocratique. C'est sur ces données que les séances ont pris fin pour l'essentiel de cette troisième journée. La reprise de ce jeudi 16 juillet portera sur deux sous thèmes. A savoir,"Démocratie, culture démocratique:condition pour une sortie de crise et fondement pour la paix en Afrique" prévu pour la matinée. L'après-midi sera consacré au second qui est "Eléments de pédagogie pour l'éducation à la démocratie et à la culture démocratique".
Dieusmonde Tadé
dieusmonde@yahoo.fr
Envoyé spécial à Yamoussoukro

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