vendredi 27 juillet 2007 par Le Nouveau Réveil

Connu pour son franc-parler et la perspicacité de ses analyse, le Président du MFA qui vient de boucler une importante tournée politique à l'intérieur du pays a accepté d'évoquer avec nous l'actualité socio-politique nationale après l'attentat qui a failli emporter le premier ministre et à la veille du déplacement du chef de l'Etat Laurent Gbagbo à Bouaké dans le cadre de la cérémonie dénommée "La flamme de la Paix". M. le président du MFA, vous revenez d'une vaste tournée nationale qui vous a conduit à l'intérieur du pays. Après vous avoir vu à l'est, vous êtes au nord et au nord-ouest. Qu'est-ce qui fait courir Anaky Kobena depuis quelques jours ?
Ce qui fait couvrir le Mouvement des forces d'avenir (MFA), ce qui fait courir Anaky, c'est le constat simple qu'après 5 années de crise socio-politique et de conflit armée, surtout de crise qui ne finit pas, les populations de Côte d'Ivoire ont un besoin palpable et physique de renouer contact avec leurs leaders d'opinion, leurs leaders politiques. Pour les voir, échanger, pour s'informer de la situation de leur pays. Avoir un son de cloche différent de ce qui leur est régulièrement dit dans les journaux ou dans les discours officiels. Nous avons fait une tournée dans le Zanzan, nous avons parcouru plus de 20.000km. Nous venons de faire une tournée dans l'ouest montagneux et dans le Denguélé. Je peux vous assurer que partout nous avons senti quelque chose, les populations ont besoin que les gens leur parlent. Elles avaient besoin aussi qu'on leur manifeste de l'intérêt et de la considération. Elles sont en général frustrées d'avoir l'impression qu'elles ne comptent pour rien et que tout le jeu politique se résume au niveau du microcosme d'Abidjan. Pendant cette tournée, quel message avez-vous tenu devant les populations ?
J'ai tenu à leur donner un message d'espoir et un message d'optimisme. Nos populations, en ce moment, ont besoin d'être gonflées à l'hélium de l'optimisme. Cela est fondé parce que la Côte d'Ivoire a de très beaux jours devant elle. Voici un pays qui sort d'une crise armée mais qui, par rapport à ce que nous avons vu dans la plupart des pays africains depuis les indépendances, du côté des victimes, a fait moins de 1000 morts. C'est quelque chose de miraculeux quand on voit ce qui s'est passé au Liberia, au Mozambique, en Angola et ailleurs. La crise ivoirienne a très peu coûté en vie humaine. Elle a même relativement plus coûté en dégradation et en destruction. On pourrait même dire que cela a été une crise civilisée. Je le dis entre guillemets. Une crise à l'ivoirienne. Il est dommage que nous n'arrivions pas entre nous Ivoiriens à en sortir définitivement, à en tracer un trait et qu'on entraîne encore les séquelles jusqu'à maintenant. Mais j'ai dit à nos populations que notre potentiel économique n'a presque pas été atteint, il est encore presqu'intact. Nous demeurons toujours le premier producteur mondial de cacao avec plus d'1 million de tonnes. Nous demeurons le 3ème ou 4ème producteur mondial de café avec près de 300.000 tonnes. Nos principales autres cultures se défendent très bien. Je leur ai dit aussi que nos productions pétrolières et de gaz sont de plus en plus importantes. Nous comptons déjà parmi les premiers producteurs en Afrique. Ça, c'est un message qui donne beaucoup d'espoir aux populations. Je leur ai dit d'ailleurs qu'elles peuvent considérer que le pétrole et le gaz donnent autant à la Côte d'Ivoire que le café et le cacao réunis. C'est comme une manne tombée du ciel et que le Tout Puissant nous donne pour compulser justement ces malheurs et ces douleurs que nous venons de subir. C'est un message que les populations apprécient beaucoup. Et c'est pour leur dire que nous avons tout en main pour que l'économie reparte. L'économie repartant, pour qu'on s'occupe de rattraper tout ce qui a été perdu et retardé au niveau des infrastructures, de l'école, de la santé, etc. M. le président, vous avez effectué une telle mission sans pour autant faire le bilan de votre représentation au niveau national. Quel bilan peut-on faire au niveau du MFA sur le carré ivoirien ?
Je puis vous dire que le MFA est déjà présent sur presque 70% du territoire ivoirien. C'est cette avancée de notre implantation sur le territoire qui s'est faite de manière discrète mais efficace qui nous encourage à faire ces tournées. Qui sont un peu comme du un état des lieux de ce qui a été fait par nos militants sur le terrain. Je puis vous dire que notre satisfaction est très très grande. Le MFA est déjà présent sur l'ensemble du territoire national. Nous avons toutes les raisons de penser que d'ici 10 ou 12 mois, avant les élections, on pourra dire que le MFA sera présent dans toutes les régions, les préfectures et sous-préfectures
M. le président, vous allez à l'est, au nord. Croyez-vous capable de bousculer le RDR et le PDCI dans leur bastion ?
C'est peut-être le lieu de dire ici qu'en Côte d'Ivoire il n'y a plus de fief politique, socio-politique ou ethnique. Il faut que tout le monde se dise comme tout pays qui sort d'une crise armée c'est un nouveau pays qui se met en place et ce sont de nouveaux hommes. Les populations ivoiriennes ont une nouvelle conscience de leur être, de leur société, de leur vie et de leur pays. Tout est remis en cause, tout est redistribué. Je peux vous dire que je viens du Zanzan, le nord est qui peut-être considéré comme un bastion du PDCI si on regarde l'étiquette de la plupart des élus. C'était valable hier mais aujourd'hui ce n'est plus valable du tout. Le Zanzan est aujourd'hui ouvert à tout le monde mais surtout ouvert et favorable au MFA. Deuxièmement, je viens de la région des Montagnes et du Denguélé. On n'aurait pu penser que la région des Montagnes est une chasse gardée ou une terre conquise pour l'UDPCI ou le Denguélé est une terre naturelle pour le RDR. Mais soyons net, ces partis ont une prééminence de sympathie au niveau des populations mais force est de reconnaître que ces populations attendent un nouveau message par rapport à la situation du pays. Et c'est celui qui pourra leur donner ce message et leur donner ce message d'espoir qu'elles attendent après ces souffrances-là qui sera le mieux placé lorsque les élections arriveront. Donc nous attaquons toute la Côte d'Ivoire sans aucun état d'âme, sans aucun complexe. Je peux vous dire que les résultats du MFA aux prochaines élections surprendront tout le monde. M. le président, le MFA aussi a connu comme les autres partis de l'opposition des vagues en son sein. Pouvons-nous dire aujourd'hui que les vagues se sont calmées en ce qui concerne les cas Joël N'Guessan et Stéphane Kipré ?
Je vous remercie. Je dis depuis quelques mois que le camp présidentiel à savoir la refondation de Laurent Gbagbo a décidé de créer l'instabilité et les troubles dans tous les partis de l'opposition jusqu'aux élections. Et pour ce faire, il déploie d'énormes moyens. Tous les partis le MFA, le PDCI, le RDR et l'UDPCI connaîtront des turbulences sans arrêt jusqu'aux élections. Et ce, dans le seul but de les affaiblir pour ne pas qu'ils puissent avoir de bons résultats à ces élections. Je dois dire d'ailleurs que par rapport à ce qui se voit dans les autres partis, le MFA est relativement, à mon avis, épargné. Parce que jusqu'à présent, les deux qui nous ont causé problème à savoir Joël N'Guessan et Stéphane Kipré n'étaient pas des éléments susceptibles de remuer le MFA sur ses bases. Il n'y a par exemple, n'ayons pas peur de le dire, aucune comparaison entre le statut de quelqu'un comme Zémogo Fofana au RDR et Joël N'Guessan ou Stéphane Kipré au MFA. Il n'y a pas de commune mesure. Si bien même qu'au fond, je peux vous dire que Joël N'Guessan ou Stéphane Kipré, bien sûr qu'ils sont des épisodes passés, j'attends la prochaine vraie attaque de Laurent Gbagbo et de Simone contre le MFA. Stéphane Kipré a quand même créé un parti politique sorti du MFA ?
Comme tout le monde, j'ai appris qu'on venait de créer l'Union pour la nouvelle génération. Je salue l'avènement de ce parti, c'est une bonne chose. Stéphane Kipré disait récemment qu'il a tout le MFA avec lui et que même mes enfants sont avec lui. J'ai déjà demandé à tous mes enfants d'aller s'inscrire à l'UNG qui est ce nouveau parti. Peut-être qu'au bout de quelque temps, il comprendra que créer un parti de jeunes en voulant jouer le suivisme est une belle vue de l'esprit mais cela n'a rien à voir avec la politique. La première question qu'on pourrait lui poser c'est quelle est la limite d'âge pour être dans ce parti. Je suppose bien que Stephane Kipré nous dira qu'à partir de 35 ans, on pourra quitter l'UNG pour entrer dans un autre parti. Je lui fais déjà une proposition que tous ceux de l'UNG qui atteindront l'âge de 35 ans quittent automatiquement l'UNG et viennent au MFA. M. le président, comment interprétez-vous ces mutations essentiellement mues par des besoins alimentaires et que Gbagbo les tient par le ventre ?
Je peux vous dire que la Côte d'Ivoire est dans une situation de crise depuis presque 20 ans. Donc il y a d'énormes problèmes d'emploi à tous les niveaux de nos populations. La Fonction publique recrute très peu, le secteur privé recrute aussi très peu. Il y a même des pertes au niveau du privé, cela veut dire qu'il y a une très grande insécurité de l'emploi de notre pays et on peut estimée que le taux de non emploi de notre pays est très élevé. Il dépasse facilement les 50% et peut même atteindre les 60 à 70% au niveau des jeunes. Il est évident que dans ces conditions, pour assurer son quotidien, toute personne qui est sollicitée, quel que soit dans le parti où elle se trouve, pour aller dans une autre chapelle politique avec à la clé une promesse soit d'emploi soit d'un minimum de bien-être, il est difficile de résister, il faut le comprendre. Chez nous ici en Côte d'Ivoire comme dans la plupart des pays d'Afrique, les gens ne vont pas en politique réellement par conviction ou par idéologie. On va en politique par référence souvent à un individu ou à une ethnie. Dans ces conditions, quand on fait des propositions dans ce genre, on résiste difficilement.
M. le président, nous allons aborder un point de l'actualité qui a trait au scandale des déchets toxiques et les 100 milliards de la société Trafigura pour absoudre les souffrances des populations qui ont été victimes. Votre appréciation sur ce contrat ?
A mon avis, la lumière est loin d'avoir été faite à présent sur l'affaire de Trafigura. La manière dont les investigations ont été menées me paraissent légères et même orientées de sorte qu'on n'atteigne pas la vérité. Une chose est et demeure quel a été le problème de fond ? Un navire s'est trouvé avoir à son bord des déchets très toxiques. Ses armateurs ont proposé leur traitement en Hollande à une société qui est la première au monde pour ce genre de technologie, pour ce genre de spécialité. Cette société ayant pris des échantillons a trouvé que ces produits étaient si dangereux que la 1ère cotation a été abandonnée et il fallait augmenter le prix. Les animateurs n'ont pas voulu payer ce prix et ont fait partir le bateau. A partir de là, dans quelle condition le représentant de ces armateurs en Côte d'Ivoire a accepté de confier le traitement d'une telle affaire à une société comme Tommy qui n'était pas une société spécialisée dans le traitement de ces produits mais qui n'avait qu'une simple autorisation et agrément d'avitailleur maritime. Quelle appréciation portez-vous sur ce contrat ?
Pour ce qui est de ce contrat, je peux dire que dans un Etat de droit, il appartient au ministère de la Justice et au ministère de l'Economie, dans ce genre d'affaires pour le compte de l'Etat. Je ne comprends pas pourquoi, de manière souterraine, c'est le cabinet du chef de l'Etat qui a négocié avec les armateurs et qui s'est fait remettre cette somme de cent milliards. N'insistons pas dessus, ce que je peux dire c'est que cette transaction entre le chef de l'Etat et Trafigura n'est pas opposable aux personnes qui ont subi ce dégât et à leurs ayants droit. Donc pour moi, cette affaire est encore ouverte. L'affaire du Probo Koala ne fait que commencer, elle est loin d'être finie. Vous avez parlé aussi de répartition des 100 milliards ?
Par ailleurs, je pense qu'il n'a échappé à personne que lorsqu'on regarde la répartition de ces 100 milliards, nous avons 70 où 80 milliards qui, d'une façon directe ou indirecte, reviennent à l'Etat. Mais pas aux victimes et à leurs ayants droit. Et surtout, on a remarqué que les entreprises qui ont été victimes n'ont même pas été prises en compte au départ. Il y a trop d'anomalies dans cette affaire et la dernière anomalie est que lorsque vous regardez le dédommagement au niveau des collectivités, c'est essentiellement les collectivités qui ont à leur tête des élus FPI et de la Refondation qui ont été les mieux rémunérées. Je peux dire que pour moi, c'est une affaire dans laquelle les refondateurs se sont faits de l'argent sur le dos des victimes et des morts. Non seulement, ils ont tué les Ivoiriens, mais ils se sont servis de cadavres des Ivoiriens pour gagner de l'argent. Vous allez continuer à poursuivre votre combat pour la vérité ?
Je peux vous dire que pour ce qui me concerne, ayant été ministre des Transports à l'époque de cette affaire, ayant été injustement mis en cause dans cette affaire, je n'arrêterai jamais mes investigations et je ne baisserai pas les bras jusqu'à ce que la lumière soit faite et que toutes les responsabilités soient publiquement mises au jour. L'affaire est loin d'être finie ?
C'est une affaire qui, non seulement, n'est pas close mais qui, pour moi, ne fait que commencer. Après l'attentat manqué contre le Premier ministre, Soro dit qu'il est menacé, Gbagbo également dit qu'il est menacé. L'atmosphère n'est pas bonne, M. le président du MFA ?
Effectivement, l'atmosphère n'est pas bonne. Elle est même explosive. Nous avons une situation de Western où les deux héros descendent l'un vers l'autre dans la rue principale du village et il reste à savoir qui dégainera le premier. Je pense que bien qu'on n'ait pas els résultats des enquêtes sur l'attentat de Bouaké, il y a un certain nombre d'éléments qui sont là et qui sont simples. Lorsque vous regardez les photos des dégâts sur l'avion, il est évident que l'avion a été touché par un ou deux obus mais qu'en aucune manière, l'avion n'a pas été mitraillé. Donc les rafales tirées sur les collaborateurs du Premier ministre qui étaient dans l'avion, en particulier quelqu'un comme Soul To Soul qui a pris six balles dans une jambe et cinq balles dans l'autre sans compter les blessures au bras, on n'a pas tiré sur Soul To Soul de l'extérieur de l'avion mais forcément de l'intérieur de l'avion. Donc il serait intéressant de savoir, qui était dans l'avion ? Quels étaient les éléments de l'avion ? Et s'il n'y avait pas des armes cachées dans l'avion. D'ailleurs, je ne crois pas inventer quelque chose. En allant voir les blessés à la PISAM, c'est Laurent Gbagbo lui-même qui a posé la question qui a fait tiquer tout le monde. A savoir, selon toi Soul, celui qui a tiré les rafales sur toi était-il à l'intérieur ou à l'extérieur de l'avion ? Puisque Laurent Gbagbo a déjà posé la question, je peux déjà lui donner un élément de réponse. Un avion comme le Fokker 100, un peu plus de deux mètres au dessus du sol, et comme on a vu personne courir vers l'avion avec une Kalachnikov, il est évident que celui qui a tiré était forcément dans l'avion, par ailleurs. Donc voici la situation qui est très complexe. Et Soro Guillaume l'a d'ailleurs très bien rendu. Il l'a dit, "C'est mon attentat". Je pense qu'il aurait dû compléter pour dire c'est notre attentat, Gbagbo et lui. Donc la situation est très complexe, très trouble et je pense qu'il faut prier pour que tout se termine très bien. Peut-on dire que les jours de l'accord de Ouaga sont comptés ?
Il faut peut-être positiver et se dire que quelles que soient les personnes qui ont tenté de résoudre l'équation de leur cercle de cette manière violente, elles peuvent encore se reprendre et se dire qu'il faut jouer le jeu normalement. Pour moi, cet accord de Ouaga est un accord où les deux parties en présence (Laurent Gbagbo et Soro Guillaume), avaient totalement leur avantage. L'accord de Ouaga permettait au bout de quelques mois de retrouver un Etat normal, avec une administration redéployée partout, une armée intégrée présente partout, un pays tout à fait normal. Et moi, je pense que le premier bénéficiaire de cet accord était Laurent Gbagbo lui-même en tant que chef de l'Etat ou président de la République. Donc à sa place, j'aurais totalement joué le jeu et veiller à ce que rien ne puisse entraver cet accord, mais surtout pas un assassinat qui, peut-être, aurait satisfait des rancoeurs personnelles mais qui, politiquement, n'aurait rien donné ni à lui, ni à la Côte d'Ivoire. De l'autre côté, il est difficile de penser que Soro Guillaume a pu tirer contre lui-même, je pense qu'il a le bénéfice du doute mais je pense aussi que Soro Guillaume ne prévoit pas prendre le pouvoir en Côte d'Ivoire même si Laurent Gbagbo était assassiné. Il n'a aucune raison, lui aussi, de vouloir entreprendre ce genre de chose. J'appelle donc ces deux protagonistes à retourner à la case de la sagesse et à laisser le processus se poursuivre normalement. M. le président, l'attentat du 29 juin n'a-t-il pas tué la confiance entre les deux protagonistes ? La méfiance n'est-elle aps revenue ?
Je vous dirai qu'à mon avis, la confiance n'a jamais été réelle et totale entre les deux protagonistes. La méfiance a dû être toujours permanente mais cet attentat a jeté quelque chose à la méfiance. Ça a été la tension ou la surtension dans la méfiance. Mais comme je viens de le dire, il faut que les deux comprennent que ce genre d'issue ne les arrange ni l'un, ni l'autre. Et je les pense assez intelligents pour le comprendre. Le 30 juillet, il y aura la "Flamme de la paix" à Bouaké, un déplacement jugé à haut risque pour le chef de l'Etat. Comment analysez-vous cette cérémonie, va-t-elle nous apporter la paix ou alors le symbolisme va l'emporter sur le concret ?
Ecoutez, je pense que vous avez répondu à votre question. Il ne faut pas rêver, cette cérémonie est d'abord et avant tout symbolique. Il s'agit de faire une grande fête, une grand'messe pour brûler quelques armes et comme on le faisait autrefois en Amérique, fumer le calumet de la paix pour dire qu'on a tourné vraiment la page et on a tiré un trait sur le passé. C'est surtout la symbolique qu'il faut voir, il faut qu'il y ait le maximum de personnes, qu'on s'amuse beaucoup, que tout le monde communie dans le même sens. Et comme je le disais tout à l'heure, les accords de Ouagadougou et les deux protagonistes Laurent Gbagbo et Soro Guillaume ont tous deux, intérêt à ce que ce processus aille à sa fin et aboutisse. Pour terminer, la résolution 1765 a été votée et vous avez dit dans l'une de vos déclarations que l'ONU est en train de cautionner un hold-up électoral à travers la suppression du poste de Haut représentant pour les élections. Ce hold-up est au profit de qui et qu'est-ce qui vous gêne dans cette résolution ?
Je voudrais dire que concernant cette résolution, il y a eu une confusion dans ma première déclaration après son adoption. J'ai eu à dire que je la trouvais bonne et que la suppression du poste de Haut représentant pour les élections et l'attribution de cette responsabilité au Représentant spécial de l'ONU en Côte d'Ivoire n'était pas en soi un drame dans la mesure où pour moi, cette résolution consacrait le fait que l'ONU reconnaissait que les élections n'étaient pas possibles. Et qu'il y avait beaucoup à faire avant qu'on arrive aux élections. Je maintiens toujours cela mais la correction que je peux donner à ma première déclaration est que nous avions cru lire à l'époque que toutes les attributions du Haut représentant aux élections se trouvaient immédiatement dévolues au Représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU. Or, il se trouve qu'il y a eu un glissement et qu'il ne s'agit plus de quelqu'un qui va intervenir dans le processus électoral mais qu'il s'agirait de quelqu'un qui serait un spectateur. Et qu'il n'interviendrait que pour la certification. Mais quelle certification voulez-vous faire lorsque tout est déjà confiné et que quelqu'un s'est déjà proclamé vainqueur et qu'il a déjà les armes ou les moyens de l'Etat entre ses mains ? Donc il est évident que l'opposition ne peut pas accepter cela parce que c'est comme si l'ONU entérinait dès le départ le fait que la refondation s'apprête à faire un hold-up sur ces élections. Parce que nous savons que les forces de l'ordre sont acquises à sa cause. Et qu'étant minoritaire, ce n'est que par la violence, le bourrage des urnes ou la corruption que les refondateurs peuvent gagner des élections. Donc il est impératif que l'ONU, comme l'a dit le communiqué du RHDP, corrige cette erreur et qu'on revienne au schéma initial avec un Haut représentant uniquement chargé des Elections. Il faut qu'il y ait quelqu'un d'autonome qui va suivre tout le processus électoral.
Que comptez-vous faire au niveau du RHDP pour faire comprendre cette nécessité ?
Nous ne croyons pas qu'au niveau de l'ONU, il y ait une reculade. Certes, il y a eu une mauvaise appréciation donnée sur le terrain. Cela peut être dû au récent changement à la tête de l'ONU. Mais le RHDP n'a pas d'autres choix que de se mobiliser et de faire entendre sa voix jusqu'à ce que l'ONU reconnaisse, elle-même, qu'elle a fait un mauvais pas et qu'elle est en train de réduire à néant tous les efforts qu'elle a fournis depuis le début de cette crise pour qu'elle se termine par des élections libres, transparentes et justes. Nous ne désespérons pas, nous pensons que nos voix porteront et que l'ONU comprendra.
Interview réalisée par
Akwaba Saint Clair
Coll : Jean Prisca et JCA

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