jeudi 26 juillet 2007 par Fraternité Matin

L'édition spéciale du Marché des arts et du spectacle africain (MASA) a poursuivi hier ses travaux à la Fondation Félix Houphouet-Boigny de Yamoussoukro. Avec une spécificité. En effet, la démocratie telle que pratiquée en Côte d'Ivoire a constitué la trame des réflexions de la table ronde sur la démocratie, la culture démocratique. Les professeurs Voho Sahi, Zadi Zaourou et Ouraga Obou, tous Ivoiriens et témoins de l'histoire passée et récente de la Côte d'Ivoire, ont expliqué aux nombreux participants, la pratique démocratique dans notre pays, les origines de la crise, avant de proposer quelques éléments de réponse. Selon le professeur Voho Sahi, la démocratie a cessé d'être un vain mot depuis 1990, pour devenir un comportement, une réalité palpable vécue par les Ivoiriens. Cette culture démocratique devait se consolider si la guerre n'était venue porter un coup d'arrêt au processus. Le coup d'Etat du 19 septembre 2002 apparaît de ce fait pour le conférencier, comme une attaque de la démocratie. C'est pourquoi, il a réaffirmé la nécessité de retourner à la paix afin de retrouver cette démocratie. Mieux, le professeur a fait savoir que cette crise n'est autre que le résultat de la longévité du régime de parti unique qu'a connu la Côte d'Ivoire. Le professeur Zadi Zaourou qui lui a aussitôt emboîté le pas, a pour sa part noté qu'il existe au monde plus de 15 modèles de démocratie. Il appartient à notre pays de voir et adopter le modèle qui peut s'adapter au mieux aux réalités et aux spécificités ivoiriennes. De sorte à éviter les transpositions préjudiciables. Mais en prenant appui sur les acquis déjà existants depuis le parti unique. Et pour construire une société ivoirienne véritablement démocratique, le professeur Zadi Zaourou a fait des propositions qui se résument en 7 points. Restaurer d'abord et avant tout, le souvenir des pionniers de la démocratie ivoirienne et les honorer car ils constituent un pont entre la nouvelle génération et les anciens. Créer un institut de formation politique accessible à tous, sans exception afin que l'Ivoirien soit formé à la culture et à la pratique démocratique. Encourager l'émergence de régimes parlementaires ; développer l'alphabétisation en langue nationale. Financer conséquemment les partis politiques afin de leur permettre d'avoir des ressources pour la formation politique de leurs militants. Réformer totalement le système éducatif ivoirien.
Nonobstant d'importants progrès, la démocratie en Côte d'Ivoire n'a pu se défaire des stigmates de son passé dominé par la colonisation. Elle constitue un modèle inachevé marqué par une instabilité chronique, avec à la clé l'intrusion de l'armée sur la scène politique depuis 1999. Aussi le professeur Ouraga Obou estime qu'il existe des faiblesses qu'il faut nécessairement corriger pour que la Côte d'Ivoire saute véritablement dans le train de la démocratie. Il s'agit, entre autres, de la mauvaise gestion des minorités, l'inacceptation de l'opposition, la corruption généralisée, le détournement de la presse, l'instrumentalisation de la société civile. Il faut noter que les travaux se sont poursuivis avec les interventions des partis politiques tels que le PDCI avec le professeur Tiacoh Carnot, le FPI avec le Professeur Dédi Séri. Les étudiants de l'Ecole supérieure d'agronomie n'ont pas voulu se laisser conter l'évènement. Eux qui sont venus nombreux, accompagnés de leur professeur d'économie, M. Bamba Gué, pour s'imprégner de la santé démocratique de leur pays. La journée d'aujourd'hui sera consacrée aux conditions pour sortir de la crise et au fondement pour la paix en Afrique. Signalons que les travaux de cette table ronde prendront fin demain à 10h et non à 15h comme prévu dans le programme initial.

N'dri Celestin
Correspondant régional

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