mardi 24 juillet 2007 par Le Temps

Contrairement à ce qui se raconte, la ville de Bouaké s'apprête à recevoir le Président Gbagbo et ses hôtes, le 30 juillet prochain. Dans la sérénité. Pour la circonstance, la capitale du "V" Baoulé refait peau neuve. Récit de notre envoyé spécial. Et revoilà Bouaké, avec sa splendeur d'il y a à peu près cinq ans. Ville cosmopolite avec une population composite, la cité des savanes est en train de refaire, depuis l'Accord politique de Ouagadougou, sa santé. En effet, vidée alors de sa population, estimée à plus d'un million d'habitants avant la guerre, la deuxième grande ville de Côte d'Ivoire, revendique aujourd'hui, plus de huit cent mille habitants selon les dernières statistiques, publiées cinq mois avant. Le quartier commerce qui s'était finalement donné l'allure d'un paysage pittoresque du fait de la guerre qui, il faut l'avouer, y a laissé des traces de bidonville, supplante de loin, les cités les plus rayonnantes. Les bâtiments abritant les Institutions bancaires telles que la BICICI, la SGBCI, le Trésor, donnent encore plus d'éclat à ce quartier, jadis référentiel. En plus de ces édifices totalement relooqués?, trois nouvelles agences de Western Union et une nouvelle banque locale dénommée "Le Crédit du Nord" (LCN) ont été créées. Toutes choses qui, désormais permettent aux populations d'investir et de faire n'importe quelles transactions financières. Koulibaly Mariame, commerçante, la trentaine environ, dit avoir été appauvri par les effets de la guerre. " Avant la guerre, les populations de Bouaké vivaient très bien. Le commerce était juteux et nous permettait de scolariser nos enfants. Moi qui vous parle, j'ai investi dans l'éducation de mes enfants. Maintenant qu'il était temps de récolter les fruits de mes durs labeurs, la guerre est venue tout détruire. J'ai vécu durant les cinq années de guerre comme une femme qui ne sait rien faire de ses dix doigts. Heureusement que le Dialogue direct de Gbagbo est en trait de tout mettre en place pour une nouvelle vie. Bouaké est en train de conquérir sa dignité d'avant et nous en sommes heureuses, nous les femmes commerçantes. "Quant au vieux Diarrassouba, vendeur d'appareils électroménagers, il contient difficilement sa joie". Dieu est grand. Qui pensait que Gbagbo et Soro pouvaient manger ensemble ? Aujourd'hui, à cause de leur rapprochement, la ville de Bouaké redevient belle ". La visite guidée d'avant l'arrivée du chef de l'Etat ivoirien continue. Au grand rond point, au large, du cordon routier, menant à Katiola, se trouve le Poste de Commandement opérationnel (PCO) occupé par les Forces armées des Forces nouvelles (FAFN). Juste à droite, se trouve adossé le quartier Djamourou, donnant dos à Kamounoukro. Un peu plus loin, s'ouvre aux passagers allant au Nord de la Côte d'Ivoire, Daresalam, un autre quartier qui a fait, il y a peu, la fierté de Bouaké. Le Centre hospitalier universitaire (CHU) de Bouaké garde son aspect initial. La santé faisant la vie, les dieux de la guerre n'ont pas voulu s'auto-détruire. En tout cas, le CHU est resté sans égratignures, mieux, les maîtres des lieux ont pris soin de procéder à une meilleure réfection du bâtiment. Seulement, se sont ses occupants, les médecins et autres fonctionnaires, y exerçant habituellement, qui ont pris la poudre d'escampette, dès les premiers bruits de canons. Laissant le soin aux médecins sans frontière, de continuer l'?uvre saccerdoxale, que leurs bagages intellectuels ont bien voulu leur confier comme mission. Depuis le mois de mars, tout est remis en place, administration, système de gestion et clientèle. Tout fonctionne sous la bannière de l'Etat. Au quartier Kôkô, c'est une nouvelle vie qui reprend après la quasi-disparition de l'ambiance quotidienne qui y avait cours. "Yao Kra Justin, retraité de son état, affirme avoir retrouvé le goût de la vie". Mon enfant, la guerre est finie. C'est maintenant que je donne raison à Gbagbo quand il dit que la guerre est finie. Aujourd'hui, je peux aller à la banque comme je veux. Si tu veux, je te conduis chez moi et tu verras que la guerre est finie. Ma maison avait été décoiffée à cause de la guerre. Je suis en train de la refaire pour recevoir mes parents qui arrivent le 30 juillet prochain. Lorsque tu arrives à l'aéroport de Bouaké, tu ne peux t'empêcher de remercier Dieu. Depuis l'attentat manqué contre Guillaume Soro, l'espace Aéroportuaire s'est agrandi. Tout le périmètre a été nettoyé comme si c'était un stade de Football. Aucune broussaille. " Cette information suscite en nous une curiosité qui finit par nous conduire à l'Aéroport de Bouaké. Certes, ce lieu garde encore dans la mémoire des Bouakéens, un triste souvenir, mais sa beauté et sa propreté s'empressent d'effacer ce qui apparaît subsidiairement comme, un triste souvenir immortel. A côté, l'on voit se dresser l'emblématique Ecole des Forces Armées (EFA) provisoirement occupée par un contingent ghanéen. Les Marocains en poste à Bouaké étant suspendus de toute fonction de maintien de paix, leurs sites d'occupation restent vacants. Ce sujet fait d'ailleurs l'objet de toutes les causeries à Bouaké. Même les élèves qui souvent se retrouvent en petits groupes pour mieux préparer les examens, ne se mettent pas en marge de ce débat. Beaucoup d'entre eux s'interrogent sur la sincérité de l'enquête d'autant plus que, affirment-ils, les plus doués de ces pratiques, se trouvent dans le camp de la Licorne. D'autres expriment leur désaccord quant à la décision de les suspendre". il faut plutôt les déloger tous de Bouaké.

Simplice Zahui
(Envoyé spécial à Bouaké)

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