mardi 24 juillet 2007 par Le Nouveau Réveil

La Paix en Côte d'Ivoire ne sera véritablement consolidée que lorsque l'on aura organisé des élections démocratiques, libres et transparentes. Auxquelles chaque Ivoirien, électeur, aura à participer sans être inquiété. Au cours desquelles, aussi, nul n'aura le droit d'empêcher un autre Ivoirien, en âge de voter, d'accomplir cet acte citoyen et républicain. Ces futures élections seront organisées, dit-on, dans le premier trimestre de l'année 2008. Dans le premier trimestre de l'année 2008 ! Indication vague dans un Etat moderne qui se respecte où on se frappe la poitrine pour soutenir que ses institutions fonctionnent ; et qui veut sortir enfin de l'impasse politique. Le premier trimestre de 2008, part de janvier à mars, comprend 120 jours dont 12 dimanches. Et l'on le dit furtivement. Sans date précise ! A la dérobée ! Tout le monde y pense. Personne n'ose en parler. Même les leaders politiques qualifiés à y participer ne s'en préoccupent pas. Or, des élections (présidentielle et législatives) d'une telle envergure, d'une telle ampleur, ne peuvent être organisées comme ça. Pour accélérer son organisation, il aurait fallu arrêter une date précise. Quel dimanche ? Et dans quel mois ? Ce qui n'a pas été fait. Et l'on nous fait croire que c'est possible dans le premier trimestre de 2008. On verra bien! Peut-être que l'on veut porter des gants dans ce sens faute de n'avoir pas pu respecter les dates avancées de 2005 (constitutionnelle) et 2006 (accord de Shwane).
Certains responsables politiques, qui excellent dans l'immobilisme politique et qui n'ont aucune stratégie en vue, croient que la communauté internationale viendra appuyer ce processus. Pour le surveiller selon leur bonne volonté de voir ces élections post-crise être bien organisées dans l'équité. Mon ?il ! Les uns et les autres croient que l'Onuci contribuera effectivement à la participation de tous les Ivoiriens où qu'ils soient sur le territoire national à toutes les opérations de vote. Pour ce faire, l'on fait appel à la bonne disposition et la bienveillante attention des casques bleus ici présents. L'on se bat aussi afin que l'Onu s'implique, surveille ou supervise ces élections. Mais ce qu'ils oublient, ceux qui souhaitent que l'Onu devienne le maître du jeu électoral : c'est que cinq ans après sa présence dans ce pays ; elle a montré, sur toute la ligne, les limites de son engagement à mettre en application le mandat qui l'y implique. Les vrais maîtres du jeu politique ivoirien dans cette crise : ce sont ceux qui ont toujours eu l'initiative du non ou du oui ! Ou bien du "non et oui" face à tous les accords ! La preuve : l'Onu a endossé simplement et fait sienne sans autre forme l'accord de Ouaga. Qui l'aurait pensé après plus d'une vingtaine de résolutions de tergiversations à son actif pour une seule crise ! La crise ivoirienne est devenue un casse- tête chinois pour cette organisation.
La mission des Nations Unies en Côte d'Ivoire (MINUCI) créée en mai 2003 par le Conseil de Sécurité et la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et devenue le 27 février 2004 aux termes de la résolution 1528, l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI) nous a laissé sur notre faim. On aurait pu épiloguer sur le sens des termes mission et opérations dans le contexte ivoirien. Mais là ne se trouve pas l'objet de notre réflexion. Au vu de tout ce qui s'est déroulé à son nez et à sa barbe lors des violations flagrantes des Droits de l'Homme (massacre des marcheurs pacifistes le 25 mars 2004), violation du cessez-le-feu (le bombardement des positions rebelles à Bouaké les 4, 5, 6 et 7 novembre 2004) sans compter toutes les violations de ses zones de déploiement et dans les zones sous son contrôle. Les différents drames que l'Ouest (Guitrozon, Duékoué) a particulièrement vécus et qui sont connus Alors que le Conseil de Sécurité autorisait les casques bleus "à utiliser tous les moyens nécessaires pour s'acquitter de son mandat dans les limites de ses capacités et dans les zones de déploiement de ses unités". Cette opération qui devrait apporter sa contribution efficace à la sortie de cette crise n'a été qu'un observateur même pas un accompagnateur. Nulle part, nous avons constaté que cette opération était venue en sauveur d'un peuple en détresse et meurtri. Plus qu'une opération de secours c'est une parade de touristes aux beaux carrosses. Les touristes ont ceci d'intéressant : ne jamais s'immiscer dans les affaires intérieures des pays qu'ils visitent. Raison pour laquelle, l'Onuci n'a jamais mis en exécution cette disposition importante de son mandat " protéger les civils en danger immédiat de violence physique dans la limite de ses capacités de déploiement de ses unités". Pendant, l'attentat perpétré contre l'avion transportant le premier ministre, le 29 juin 2007, ils se sont repliés pour ne pas être témoins d'un acte ignoble, odieux et lâche. Ce qui la caractérise le plus : c'est être simplement présent, ne rien sentir, ne rien voir venir ou se commettre pour ne pas agir ou réagir et faire son rapport au Secrétaire Général des Nations Unies. Afin qu'une enquête internationale soit diligentée en attendant de soulager psychologiquement les victimes qui auront eu le temps d'oublier. Dans l'attente des résultats d'une enquête dans laquelle, il n'y aura ni coupable ni accusé mais des victimes dénombrées. Cette même attitude, l'Onu l'aura lorsque les faucons de la politique ivoirienne voleront plus haut pour aller forcer la victoire dans le c?ur et la pensée des Ivoiriens sans autre forme de procès.
Le poste du Haut Représentant pour les Elections vient d'être supprimé, sans raison avancée, pour être versé dans les attributions du Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies. A ce sujet, l'Onu "décide de mettre un terme au mandat du Haut Représentant pour les élections, décide en conséquence que le Représentant Spécial du Secrétaire général certifiera que tous les stades du processus électoral fourniront toutes les garanties nécessaires pour la tenue d'élections présidentielle et législatives ouvertes, libres, justes et transparentes, conformément aux normes internationales, et prie le Secrétaire général de prendre toutes les dispositions nécessaires afin que le Représentant Spécial dispose d'une cellule d'appui lui fournissant toute l'assistance requise pour pouvoir s'acquitter de cette mission." (Point 6 de la résolution 1765 du 16 juillet 2007). A la grande satisfaction des ultras nationalistes. Un quotidien de leur voie a même barré à sa une et en rouge : "L'Onu supprime le poste de Stoudmann Bédié et ADO K.O. débout ! Pourtant, l'Onu visage connu de la Communauté Internationale sait très bien que ce pays phare de la sous région pour laquelle elle a actionné le chapitre VII de sa charte dans le règlement de la crise ivoirienne est rentré dans le carcan des Etats en désordre. A cause du non respect par elle-même et par ses Etats membres de ses résolutions et recommandations. Et surtout à cause des élections mal organisées. Alors, elle propose que son représentant et sa cellule certifient les élections qui seront organisées. Ainsi comme elle a endossé l'accord de Ouaga, elle attestera que les élections ont été bien organisées et sont crédibles. On a déjà vu ça ailleurs au grand dam des démocrates et des électeurs !
Par rapport à la prise de conscience des belligérants de résoudre, par eux-mêmes et par l'accord amiable de Ouaga, la crise qui les oppose ; les autres leaders politiques non signataires de celui-ci ne doivent pas croiser les bras. En attendant que l'Onu vienne imposer les dates des élections en Côte d'Ivoire. Ou bien les organiser pour proclamer les résultats et consacrer le victorieux. LES PROBLEMES ENTRE IVOIRIENS DEVANT SE REGLER, DESORMAIS, ENTRE LES IVOIRIENS ET PAR EUX-MEMES ; C'EST LE MOMENT DE POSER L'IMPORTANTE QUESTION DES DATES EXACTES DE CES ELECTIONS !
Car la seule chose que l'Onu et son Opération en lieu et place d'une mission en Côte d'Ivoire aient réussi dans la crise ivoirienne, c'est " la protection (de son) personnel, (de ses) installations et du matériel des Nations Unies, la sécurité et la liberté de circulation du personnel des Nations Unies" et peut-être la mise à disposition de leur aéronef au déplacement des leaders politiques de l'opposition et de quelques bérets bleus pour "assurer () la sécurité des membres du Gouvernement" Après tout ça, nous sommes des citoyens en sursis face à des violences qui se préparent dans l'esprit de ceux qui ne voudront pas perdre ces élections et la face. Au regard de leur slogan "On gagne ou on gagne". En démocratie et en compétition électorale, il y a toujours une alternative : on gagne ou on perd une élection. Mais dire et mettre dans l'esprit de ses partisans la victoire rien que la victoire, cela dénote d'une volonté manifeste de tout mettre en oeuvre pour confisquer le pouvoir ou opérer un hold-up électoral au détriment des stoïciens et autres pacifistes, et apôtres de la non violence candidats à ces élections. Les élections qui s'annoncent sans date précise. Si elles avaient lieu, seraient les plus âpres de toute l'histoire des élections dans notre pays. Les impécunieux d'hier sont devenus les plus riches et ils sont les plus courageux de notre échiquier politique national. Ils n'ont peur de rien et sont capables de tout mettre en ?uvre pour défendre leurs intérêts politiques et leurs prérogatives hier inespérées. Ils "s'en foutent de Blancs" et de la communauté internationale. Seule compte leur volonté d'exister et de gouverner. Quant ils sont pour la Paix, tous les Ivoiriens doivent les suivre. Il la vantent et la défendent. Ils jubilent et dansent pour la Paix ! En exigeant que tous observent le silence autour de leur paix pour qu'ils vivent en paix. Ils dament même le pion aux éternels pacifistes. Qui deviennent inexistants, muets et inactifs face au retour de la Paix tant désirée. Pour dire : c'est vous qui avez embrouillé l'existence de la paix dans ce pays ; créez, donc, seuls, les conditions de son retour et de son enracinement durable. Afin que nous puissions aussi l'accompagner. Des drôles de manières de faire la politique sous nos cieux refondés ! Où l'opposition est plus responsable, plus soucieuse de l'image du pays que le pouvoir. Ce pourquoi, les autres exigent aussi qu'il y ait une omerta totale sur le fonctionnement et la mise en application de l'accord de Paix de Ouaga. Ils menacent tous ceux qu'ils soupçonnent de faire du bruit autour de la Paix. Lorsqu'ils ne veulent pas de la Paix ou aller à la Paix ; personne ne peut les y contraindre. Seule leur volonté de paix compte et s'impose à tous. Alors, face à eux, il est inutile d'attendre que les bérets bleus ou les casques bleus viennent protéger ou encourager les Ivoiriens à décider de leur destin en allant librement voter. Les soit disant sauveurs ou gardiens de l'humanité et de la paix mondiale appelés abusivement soldats de la paix ne sécuriseront pas les élections en Côte d'Ivoire. On les a déjà vus à l'?uvre ici et ailleurs dans leur passivité déconcertante à secourir les opprimés. Ceux qui y croient se leurrent et auront demain à se mordre le doigt. S'ils ne veulent rien entreprendre par eux-mêmes. Et comptent sur une communauté internationale dont l'action des représentants est passive et leurs décisions biaisées.
Ce sont plutôt les partis politiques ivoiriens, en particulier les quatre partis politiques réunis au sein du RHDP, qui doivent s'organiser pour contraindre ceux qui rusent avec la Paix et la Démocratie de se souvenir de leur idéal de vie politique et de leur combat politique récent pour des élections libres, transparentes en Côte d'Ivoire. Ils ont marché dans ce pays pour revendiquer la mise en place d'une Commission Electorale et Indépendante (CEI) en remplacement de l'administration générale qui en avait la charge. Ils ont durement man?uvré pendant les assises sur la rédaction de la Constitution de la deuxième République afin que cet organe figure au rang des institutions de l'Etat. Ils ont organisé le boycott actif des élections de 1995 dont ils doutaient de l'organisation et de l'issue. Ce boycott a emporté des vies humaines innocentes et provoqué les premiers déplacés internes des violences introduites dans le débat politique en Côte d'Ivoire. Il est maintenant temps qu'on fasse appel, sans circonlocution, à leur conscience et à leur souvenir d'un passé politique actif, depuis peu de temps, pour des élections libres et transparentes avec des listings électoraux clairs. Sans confusion ! Sinon, les futures élections dont les dates sont du "fétichisme des dates" ne pourront pas libérer de sitôt les Ivoiriens de ce long cauchemar politique. Qui nous hante depuis neuf ans ! Elles seront encore l'occasion d'un sauve-qui-peut comme un certain jour noir.
Par Ange DAGARET DASSAUD
angedagaret@yahoo.fr

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