Les préparatifs relatifs à la visite du chef de l'Etat à Bouaké le 30 juillet prochain vont bon train. ''Le Matin d'Abidjan'' qui y a installé une rédaction vous fait vivre l'ambiance d'avant-fête.
Depuis l'attentat manqué contre le premier ministre Guillaume Soro, le 29 juin dernier à Bouaké, le dispositif sécuritaire de l'aéroport de ladite ville a changé de visage. Ce sont les éléments des Forces nouvelles qui assurent désormais la sécurité de cette plate-forme aéroportuaire alors qu'elle était jusque-là de la responsabilité des forces impartiales composées de soldats de la Licorne et de l'opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire. Le Premier ministre Guillaume Soro suit de près la situation de ce côté, d'autant plus que, cet aéroport accueillira dans quelques jours, plusieurs chefs d'Etat africains à la faveur de la cérémonie de la " Flamme de la paix " le 30 juillet prochain. Une étape majeure du processus de sortie de crise qui sera marquée par une cérémonie de destruction des armes de la rébellion ivoirienne. Le chef du gouvernement, présent à Bouaké ce week-end, choisit donc de procéder à une visite ce samedi 21 juillet 2007; là où, trois semaines auparavant, il a échappé à la mort. Issiaka Ouattara alias Wattao, Bakayoko Soumaïla, Bamba Sinima, Gueu Michel, Chérif Ousmane, Konaté Sidiki, et bien d'autres membres de la direction des Forces nouvelles, sont également de la partie. Un furetage de tout le périmètre permet de constater que beaucoup d'eau a coulé sous le pont depuis le 30 juin dernier. L'aéroport de Bouaké offre un nouveau spectacle : toute la broussaille qui l'entourait a disparu, tous les arbres qui avaient pris de l'âge et faisaient ombrage à la tour de contrôle ont été abattus. Pour les besoins de l'enquête relative à l'attentat contre le Fokker 100, l'endroit où étaient embusqués les assaillants n'a pas été touché. Les éléments des Forces nouvelles sont positionnés à plusieurs endroits de sorte à boucler tout l'aéroport. Le premier ministre ne souhaite pas faire maintenant de déclaration et laisse le soin au ministre du tourisme et de l'artisanat de faire un briefing à la presse. " Le président de la République et le premier ministre ont officiellement annoncé au niveau du gouvernement la date du 30 juillet pour l'organisation de la cérémonie de la " Flamme de la paix ". Dès l'instant où le gouvernement a statué, on se met au travail. Le premier ministre lui-même est le président du comité d'organisation ", explique le ministre Konaté Sidiki, le porte-parole des Forces nouvelles. " Déjà les militaires sont au travail depuis quelques semaines?, poursuit-il. La séance de ce jour découle du fait que le président du comité d'organisation veut se rendre compte des dispositions pratiques qui ont été arrêtées sur le terrain". C'est cette semaine que le comité d'organisation de la cérémonie entrera dans sa phase active avec à la clé, une grande réunion qui se tiendra à Bouaké. " Sachez que le comité d'organisation a été mis en place. Dès ce lundi nous allons entrer dans la grande phase de la mobilisation. Cela consistera à lancer les spots et à faire parvenir un message de mobilisation à toutes les populations vivant en Côte d'Ivoire et qui souhaite apporter leur contribution à la réussite de cette journée. Nous allons travailler avec les ONG, avec les élus, les autorités traditionnelles et religieuses pour que le 30 juillet soit exceptionnel. Car pour nous, c'est un défi majeur, celui de la réunification du pays. Le travail a déjà commencé et va atteindre sa vitesse de croisière cette semaine. La preuve vient de vous en être donnée. Le premier ministre en fait une affaire personnelle". Pour Konaté Sidiki, c'est un esprit de cohésion qui anime les différentes forces belligérantes à la faveur de cette crise, à l'occasion de cette visite du chef de l'Etat dans le fief des Forces nouvelles. Un objectif commun les a unis ; celui d'assurer la sécurité de tous ceux qui prendront part à cette cérémonie. La question de la sécurité préoccupe en effet énormément les Forces nouvelles, vu l'attentat perpétré contre le premier ministre à la fin du mois dernier. " Nous sommes engagés pour la paix ; et la vie de toutes les personnes au nombre desquelles des chefs d'Etat, qui se rendront a Bouaké, est très précieuse pour nous. Compte tenu de ce que nous avons vécu récemment, nous n'allons plus nous laisser berner par qui que ce soit", précise Issiaka Ouattara alias Wattao, le chef d'Etat major adjoint des Forces nouvelles pour justifier entre autres les nouvelles mesures prises au niveau de l'aéroport. Les forces nouvelles bénéficient également de la collaboration de l'aéroport international d'Abidjan. Des véhicules des Sapeurs-pompiers sont présents à Bouaké. Ils ont été dépêchés par Abidjan et travaillent depuis lors avec les Forces nouvelles. A en croire le chef d'état major adjoint des Forces nouvelles, celles-ci sont engagées dans un mouvement irréversible vers la paix. "Nous sommes prêts à aller à la paix et c'est la raison pour laquelle nous avons accepté le " dialogue-direct ". Nous sommes prêts à tout abandonner pour ramener la paix en Côte d'Ivoire ", soutient-il. " Il est nécessaire que le pays retrouve la paix afin de permettre son retour sur la scène continentale, c'est-à-dire le pays phare de la sous-région, poursuit-il. La flamme de la paix sera la preuve que la Côte d'Ivoire a décidé d'aller à la paix ". La flamme de la paix rapproche à n'en point douter les Forces de défense et de sécurité et celles des Forces nouvelles. " Nous sommes en pleine préparation de l'évènement majeur du 30 juillet prochain à Bouaké. En ce qui concerne les FN et les FDS, nous sommes en pleins travaux afin que la sécurité soit garantie à l'ensemble des Ivoiriens et tous les amis de la Côte d'Ivoire ", a confié Bakayoko Soumaïla, le chef d'état major des Forces nouvelles. Il n'y a pas que l'aspect sécuritaire qui préoccupe le comité d'organisation. Des travaux de rénovation sont en cours. Aujourd'hui, toute la ville de Bouaké est un vaste chantier. La visite surprise effectuée par le premier ministre le week-end dernier sur l'aéroport de Bouaké aura permis de constater l'état d'avancement des travaux. Des employés d'une société de construction en bâtiment s'attèlent à parachever la rénovation de l'aéroport de Bouaké en désuétude depuis le déclenchement de la crise en 2002. A une dizaine de jours de la cérémonie de la " Flamme de la paix ", le bâtiment abritant le salon d'honneur a été entièrement rénové et l'on procède juste à des derniers réglages relatifs au nettoyage des débris. Les locaux de l'ex-GATL sis également dans le périmètre de l'aéroport, ne sont pas en reste. Des travaux sont en cours et de nouvelles couches de peinture sont en train d'être posées sur tous les bâtiments. Y compris l'entrepôt où ont été abandonnés les deux Alpha Jet non opérationnels de l'Etat de Côte d'Ivoire. Les travaux de rénovation ne se limitent pas uniquement à l'aéroport de Bouaké. La voirie de la ville connaît également un toilettage. La voie est en effet dégagée du sable, draîné par les eaux de ruissellement et recouverte d'une nouvelle couche de peinture blanche afin de permettre la mise en exergue des bandes blanches. M. Kouakou André qui pilote les travaux relatifs aux voiries nous confie que la voie reliant l'aéroport au centre ville, précisément le RAN-Hôtel, où les chefs d'Etat africains et autres personnalités attendues ce 30 juillet déposeront leurs valises. Les 2/3 de ce tronçon ont déjà reçu une couche de peinture. Le RAN-Hôtel présente lui aussi un nouveau visage à la faveur de la visite du président Laurent Gbagbo dans le fief des Forces nouvelles. Dans la matinée du samedi 21 juillet 2007, M. Yao Théo et ses hommes travaillaient encore dans ce réceptif hôtelier. Ils s'occupent de la décoration des chambres ainsi que de la pose des moquettes. "Vous-mêmes vous le constatez, le RAN hôtel est aujourd'hui à mesure de recevoir toutes les personnalités qui viendront à Bouaké pour la flamme de la paix. Toutes les suites et les chambres ont été rénovées", explique-t-il. En précisant que " les travaux du gros ?uvre ainsi que la décoration sont terminés. Le mobilier suivra immédiatement lorsque nous dégagerons définitivement des lieux. Il n'y a pas de doute que cette semaine tout sera fini". A Bouaké, des actes forts sont actuellement posés et démontrent de l'engagement des Forces nouvelles à réinstaller la normale. Ainsi, le week-end dernier, le chef d'état major adjoint des Forces nouvelles, Issiaka Ouattara alias Wattao a libéré totalement la maison de fonction du préfet de Bouaké qu'il occupait depuis le déclenchement du conflit en Côte d'Ivoire. "C'est un bien de l'Etat de Côte d'Ivoire. Et en pliant définitivement bagage d'ici, c'est le signe que nous voulons revenir à une situation normale ", explique Wattao quant aux raisons qui l'ont conduit à partir de la maison du préfet. Plusieurs autres maisons réquisitionnées par les Forces nouvelles dès le déclenchement du conflit ivoirien ont été aussi libérées. Le comité de restauration des biens mis en place par le Secrétaire général des Forces nouvelles accélère les procédures nées des dépositions des populations lésées. Elles concernent les domiciles, les établissements économiques, etc. Avec la visite du président de la République dans le Nord, Bouaké veut sonner son retour dans la République. Ainsi le week-end dernier, une délégation d'enfants de Forces de défense et de sécurité a été reçue au secrétariat des Forces nouvelles à Bouaké. Marie Claude Boly, la présidente de la Fédération des enfants des Forces de défense et de sécurité de Côte d'Ivoire (FEFODCI) a expliqué qu'il s'agit de rendre hommage aux soldats tombés dans l'attentat contre le premier ministre. Cette délégation d'enfants de FDS a été successivement reçue par Wattao puis le ministre Konaté Sidiki. C'est un acte fort qui s'inscrit valablement dans le processus de réconciliation des Ivoiriens. On le voit bien, Bouaké, au-delà des discours, concrétise de plus en plus sur le terrain, sa volonté d'aller à la paix.
ROBERT KRA,
Envoyé spécial à Bouaké