lundi 23 juillet 2007 par Notre Voie

L'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci) a annoncé samedi la suspension de "toutes les activités" d'un contingent marocain basé à Bouaké (centre) et son cantonnement dans sa base à la suite d'une "enquête interne" sur des cas d'exploitation et d'abus sexuels. "Le contingent marocain en service au sein de l'Onuci a été suspendu suite à des allégations de nombreux cas de relations sexuelles que certains de ses éléments auraient entretenues avec des mineures à Bouaké", indique un communiqué transmis samedi à l'AFP. "La décision a été prise le vendredi 20 juillet 2007 par le siège des Nations unies en raison de la gravité des allégations et à la suite d'une enquête menée par l'Onuci", précise le texte, soulignant que "le Bureau du contrôle interne des Nations unies basé à New York est actuellement en train d'approfondir l'enquête". Quelques heures plus tôt, un premier communiqué avait été diffusé sur le site officiel de l'Onu annonçant simplement "une enquête interne (...) sur des cas d'exploitation et d'abus sexuels commis par un contingent", sans en préciser la nationalité. En plus de la suspension, l'Onuci a décidé également de cantonner ces soldats marocains dans leur base, estimant que cette "mesure est conforme à la politique de tolérance zéro des Nations unies en ce qui concerne l'exploitation et les abus sexuels". C'est la première enquête interne de l'ONU sur des cas d'abus sexuels depuis le déploiement de l'Onuci en Côte d'Ivoire en 2003 dans le cadre de l'opération de maintien de la paix dans ce pays. Samedi, ni les autorités ivoiriennes ni les autorités marocaines n'avaient réagi au communiqué de l'ONU.
Le contingent marocain qui compte 732 hommes, est le deuxième de l'Onuci en effectifs, après celui du Bangladesh. Les quelque 8.000 Casques bleus de l'Onuci sont appuyés par environ 3.000 soldats français de l'Opération Licorne, constituant les "forces impartiales" déployées en Côte d'Ivoire pour veiller au respect du cessez-le-feu entre le Sud gouvernemental et le Nord contrôlé par la rébellion des Forces nouvelles (FN). Des missions de l'ONU en Afrique ont à plusieurs reprises déjà été citées dans des cas similaires, notamment en Erythrée, au Burundi, au Soudan, au Liberia et surtout en République démocratique du Congo (RDC), où les Casques bleus sont déployés depuis 2001. Entre décembre 2004 et août 2006, au moins 140 cas d'allégations sur des abus d'exploitation sexuelle impliquant du personnel de la Mission des Nations unies en RDC (Monuc), avaient été répertoriés, selon cette organisation. En août 2006, la Monuc annonçait une enquête sur des allégations faisant état de l'existence d'un important réseau de prostitution impliquant des mineures et des Casques bleus au Sud-Kivu (est). Le 12 février 2005, pourtant, la Monuc avait interdit à ses soldats toute relation sexuelle avec des Congolais, en rendant publiques des poursuites engagées contre six soldats marocains impliqués dans des violences sexuelles sur mineures. Le 23 juillet suivant, six Casques bleus népalais étaient condamnés à trois mois d'emprisonnement pour abus sexuels en RDC par la justice militaire de leur pays. En septembre de la même année, 120 policiers nigérians servant en RDC dans le cadre de la Monuc étaient retirés de ce pays, certains étant soupçonnés de harcèlement sexuel contre des Congolaises. Les Nations unies ne disposent pas d'armée en tant que telle et leurs opérations de paix sont menées avec des forces fournies par les pays membres. Lors de scandales, l'Onu n'a souvent comme seul moyen coercitif que de renvoyer les responsables dans leur pays d'origine.
AFP
NB : Le surtitre et le tire sont de la rédaction
.

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023