lundi 23 juillet 2007 par Fraternité Matin

Thierry Vincent, l'entraîneur explique le parcours des handballeuses à Alger. Quels sentiments vous animent-ils à ce moment précis ?
Je ressens une satisfaction morale. Les filles, après leur élimination en demi-finale, ont su se ressaisir, puiser dans leurs ressources pour s'offrir la médaille de bronze. C'est une consolation pour toute l'équipe. Mes joueuses ont eu la capacité de digérer la défaite face au Congo. Je pense qu'elle mérite cette troisième place même si dans les esprits, l'on pense qu'elles méritaient mieux que ça. Le Cameroun a failli nous faire vivre le syndrome de la demi-finale, mais les Eléphantes ont su barrir pour l'emporter au finish. Reparlons justement de cette élimination devant le Congo qui hante encore les esprits. Avec du recul, quelles leçons en tirez-vous ?
Au moment où les Congolaises se sont mises à jouer à leur juste valeur, les Ivoiriennes ont lâché prise en laissant des espaces à l'adversaire, en montant plus haut en défense (à mon avis il ne fallait pas le faire). Bref il y a eu plein de choses qui ont fait que nous nous sommes déréglés tout seuls en remettant les Congolaises sur les rails. A l'arrivée, ce fut évidemment l'élimination. C'est difficile à comprendre qu'une grande sélection comme la Côte d'Ivoire puisse se faire remonter neuf buts et perdre au finish un match qui était à sa portée
C'est un problème de confiance et d'assurance. Même quand on menait largement, tout le monde s'énervait et s'excitait. C'est un groupe et un staff qui n'arrivent pas à gérer leurs émotions. Il faut apprendre à gérer ses émotions. Quand on mène, on n'est pas le meilleur du monde. Et quand on est mené, ce n'est pas la fin du monde. Il faut alors rester accroché à son projet. A mon avis, ce ne fut pas le cas. L'on vous reproche, au plus fort de la domination adverse, de n'avoir pas cherché à marquer à la culotte Okomba Chantal qui orchestrait le jeu congolais. Que répondez-vous ?
C'est facile de faire des commentaires après le match. Au début, nous étions bien en place et avions creusé l'écart. Nous avons réussi à contrer des ballons et à marquer en contre-attaque. Puis, tout d'un coup, les filles s'amusent à jouer plus haut, à faire ce que personne ne leur demande. Nous avons alors ouvert des brèches, des espaces que l'adversaire a su exploiter.
Je suis convaincu que si les schémas de jeu étaient respectés, nous n'en serons pas là aujourd'hui. En perdant le fil conducteur de notre schéma de jeu, il fallait s'attendre à ce qui est arrivé.
Je tiens, toutefois, à souligner que les Eléphantes sortent d'une poule extrêmement difficile. Il y avait la Tunisie (mondialiste), l'Algérie (pays organisateur) et l'Angola (roi d'Afrique et mondialiste). Le Congo qui vient de nous battre est aussi qualifié pour le Mondial. Il faut chercher à continuer à travailler et j'espère que l'équipe comprendra certaines choses. Etes-vous déçu quelque part ?
Je suis déçu de la tournure de la rencontre Côte d'Ivoire-Congo, du manque de constance dans le suivi du projet de jeu défini et dans cette incapacité (peut-être) à tenir tactiquement pendant une heure. Comptez-vous continuer l'aventure avec les Eléphantes ?
Si les responsables de la fédération me le demandaient, je l'accepterais. Il y a certes beaucoup de travail à faire. Cependant, il faut reconnaître que cette sélection a d'énormes potentialités.
J'ai vécu de bons moments avec elle même si nous avons raté la plus haute marche du podium.

Interview réalisée à Alger
par Jean-Baptiste Behi

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