lundi 23 juillet 2007 par Fraternité Matin

Le Français Ben Malima Raouf Aderraouf, islamologue, conférencier international, était récemment en Côte d'Ivoire, pour parler de paix. Quel regard jetez-vous sur la Côte d'Ivoire au moment où elle aborde sa phase de sortie de crise?
J'espère vraiment que c'est la phase de sortie de crise, l'avenir nous le dira. Cela dit, vraiment c'est ce que nous attendons et espérons. Je suis contre la guerre, et j'espère comme la plupart des gens La dernière fois que je suis venu, nous sommes allés à Bouaké, nous avons vu les effets de la guerre. C'était comme une ville morte. La vie tourne au ralenti. Même la religion, notamment l'islam, se mourait. Beaucoup de musulmans sont partis faire la guerre, ils ont eu recours aux sorciers, pour leur faire des anti-balles; ils ont délaissé les prières. Donc, c'est vraiment catastrophique, tant au niveau économique que religieux. C'est le bon Dieu qui l'a voulu, à ce moment-là j'avais voulu me prononcer sur la guerre, sur les combattants; mais, on m'a dit non, il ne faut pas parler de cela, sinon, nous ne pourrons pas continuer notre mission qui est de continuer à guérir, alors, j'ai laissé tomber. Cette fois, j'ai été invité pour prononcer une conférence pour la paix, donc cela m'a permis de dire tout ce que j'avais à dire.
Que pensez-vous de ce pays?
J'y suis venu pour la première fois en 96, bien avant la guerre. J'ai ressenti les tensions entre les communautés, cela m'a vraiment déplu de constater que les uns et les autres aient tellement de ranc?ur. La version est différente, selon les personnes. Cela montre qu'il y a une absence de dialogue. Si on discutait, on n'arriverait pas à autant de divergences. Croyez-vous, comme beaucoup, que la crise que connaît la Côte d'Ivoire a des racines religieuses?
Non, non, je ne le pense pas. Il y a beaucoup de conflits. On peut prendre l'exemple des Irlandais, entre les catholiques et les protestants. Il y a aussi le cas des Palestiniens et des Israéliens. D'aucuns y verront une question religieuse, mais c'est une question humaine. C'est une question d'avantages, une question de pouvoir, une question économique, et après, cela prend une base ethnique ou religieuse. Cela veut dire que si je cherche le pouvoir, il faut que je trouve des gens dans mon entourage c'est une technique très ancienne, qui existe depuis l'époque de pharaon, qui consiste à diviser pour mieux régner. C'est-à-dire qu'on va chercher les gens de son clan auprès desquels on va stigmatiser les autres. Ce n'est donc pas un conflit religieux. C'est une question politique, et après, on essaie de tirer vers soi les gens de sa propre ethnie ou de sa propre religion. Lors de la conférence que vous avez tenue récemment à l'Ivoire, en compagnie de l'Abbé Abékan et l'Imam Cissé Djiguiba, vous avez dit que le religieux est pour Dieu uniquement. Qu'il doit contribuer à moraliser la société. Croyez-vous que les chrétiens et les musulmans ont failli à leur mission ou contribué grandement à la décrispation sociale en Côte d'Ivoire?
Je ne peux pas juger, je n'étais pas là. Historiquement, il y a eu des erreurs de l'Eglise, il y a eu des erreurs des musulmans. Il y a même eu du fanatisme religieux. Il y a eu des guides religieux fanatiques, de part et d'autre. En Côte d'Ivoire, je ne sais pas comment cela s'est passé. Je ne me permets pas juger, parce que je suis musulman, et je vis avec les musulmans. Je reçois beaucoup plus le point de vue des musulmans et des imams. Ce que je sais, c'est que les autorités religieuses n'ont pas participé à la guerre. En même temps comme disait l'autre, si quelqu'un s'est trompé, s'il a poussé à la guerre, à tuer, à stigmatiser l'autre, qu'il se repente, et se tourne vers l'avenir. Vous avez dû le remarquer, si les leaders religieux se rencontrent et se parlent généralement en période de crise, ce n'est pas le cas des fidèles, qui n'ont pratiquement pas de cadre de rencontres, où ils peuvent fraterniser. Pouvez-vous nous parler de la cohabitation entre chrétiens et musulmans en France?
En France, les chrétiens et les musulmans sont vraiment partenaires, face aux crises de la société, face au matérialisme, face à la perte des valeurs morales. Naturellement, les chrétiens sont en avance sur nous dans cette lutte, parce que c'est plus leur pays. Les musulmans sont des immigrés. Depuis qu'il y a la laïcité, les chrétiens ont appris à résister, à faire leurs structures. Par exemple quand il s'est agi de donner la pilule du lendemain aux filles qui ont des rapports non protégés, sans en avertir les parents; ce sont les chrétiens qui s'y sont opposés. Ils sont allés jusqu'à dire que la loi dit que seul un médecin peut la prescrire Malheureusement, ou heureusement, il est dit que même un infirmier peut prescrire la pilule dans ce cas-là. Mais en tout cas, nous sommes ensemble, nous nous rejoignons. Et puis en France, nous organisons ensemble des manifestations. Par exemple la manifestation qui a eu lieu sur la paix, a été initiée par les musulmans qui ont invité l'abbé Abékan. C'est dans ces cadres que les chrétiens et les musulmans se rencontrent. Il y a plusieurs initiatives de ce genre. Toujours dans le cadre du rapprochement des religions?
Je participe à l'initiative d'une mairie dans la région parisienne. Le maire (une femme) réunit les trois communautés (juifs, chrétiens, et musulmans) pour discuter autour de thèmes communs. Le maire est communiste, je ne sais pas si elle appartient à une religion, ou si elle est athée, mais elle considère que la religion est un facteur de bien, d'unité sociale, de compréhension. Elle va plus loin pour dire qu'il y a plus de choses qui nous rassemblent que de choses qui nous divisent. Autant mettre cela en valeur. Quelle est votre position par rapport au SIDA?
Nous prônons l'abstinence ou le mariage comme les chrétiens. Là- dessus, nous pouvons mener des campagnes. A ce niveau, il faut dire que certains messages me chagrinent; par exemple, on dit que l'Etat est laïc donc on ne parle pas de religion à l'école, mais on peut parler de moralité quand même. On peut enseigner le respect du prochain, et des parents ; on peut enseigner les valeurs du mariage ; et la façon d'éduquer ses enfants. Quand on arrête de jeunes délinquants, on dit qu'il faut les éduquer, mais pour les autres, on ne fait rien. En ce qui concerne le SIDA, les chrétiens et nous sommes sur le même front. Nous n'admettons pas la fornication, ni l'adultère. C'est le mariage, ou rien d'autre.
Oui, mais la polygamie peut être un facteur de risque en ce qui concerne le SIDA. Effectivement, la polygamie peut favoriser les échanges, et donc la propagation du SIDA. Mais, ce n'est pas cela le facteur essentiel. Le facteur essentiel, c'est la prostitution, la débauche. C'est quand même cela qui fait que le SIDA se propage. Donc, si j'ai eu des épouses vierges, même si j'en ai plusieurs, si moi-même je m'abstiens, cela ne va rien changer. Mais si je trompe mes épouses, je vais contracter le SIDA et les contaminer.
Comment voyez-vous le problème de la laïcité de l'Etat dans un pays comme la France?
Je ne peux pas dire qu'il y a un problème de laïcité. Parce que la laïcité, c'est ce qu'il faut quand on est dans une société pluriconfessionnelle. Dans une société où il y a plusieurs confessions pourquoi une religion imposerait-elle sa loi aux autres? Il faut que l'Etat soit à égale distance des religions. Mais il ne faut pas que le sens de la laïcité soit détourné. En France, on sent que la laïcité devient une inquisition à l'encontre des religions. En France, on n'a pas le droit de dire sur la scène publique: Dieu a dit ceci, ou cela?. Quand on rencontre un maire et qu'on parle d'une mosquée, il ne doit ressentir aucune gêne à dire qu'il est athée. Si c'est un maire juif ou chrétien, il ne doit pas mettre en avant sa religion. Chez nous, la laïcité donne un avantage aux athées sur les religieux. En ce qui concerne la Côte d'Ivoire, on m'a dit que quand l'Etat fait une Eglise, on se bat pour qu'il fasse une mosquée de la même taille. Mais, par rapport aux faits, par rapport aux conditions, il semble que l'Etat tire un peu plus vers le christianisme. Mais c'est à voir, je ne vis pas ici. En tout cas, la laïcité est quelque chose à défendre. Aussi bien par les musulmans que par les chrétiens parce que c'est cela qui nous permet de vivre en harmonie. En France à une période, il y a quand même eu le débat sur les filles voilées à l'école.
On en a beaucoup parlé. Mais encore une fois nous protestons. Maintenant une loi a été votée interdisant des signes ostentatoires.
Dans l'application, ils ont interdit tout ce qui peut couvrir la tête. Il n'y a pas que cela. En France, les femmes voilées n'ont pas le droit de travailler. Il y a même eu un cas qui est passé au tribunal. C'est une femme qui travaillait dans un magasin de vêtement qui s'est voilée et qui a été renvoyée par son patron. Elle est allée devant le tribunal pour réclamer ses droits, mais le tribunal lui a fait savoir que le port du voile est incompatible avec son métier.
Quelle a été votre réaction par rapport à cela?
Notre réaction a été de constater qu'il y a de l'islamo- phobie en France. Quand les Français voient une femme en foulard, ou un homme barbu ou en boubou, cela leur fait une mauvaise impression. Et la loi ne peut que suivre ce que tout le monde ressent. Nous pouvons dire que c'est de notre faute parce que nous avons donné une mauvaise image de l'islam dans le monde. Mais en même temps c'est un pays de droit, c'est un pays des droits de l'Homme, qui va donner des leçons aux autres pays sur les droits de l'Homme. Donc ce n'est pas tolérable. Nous essayons de lutter, d'avancer, pour y arriver. L'islam est une religion de paix, et le prophète, (paix et salut sur lui) était un homme de paix. Alors comment cela se fait-il qu'un peu partout dans le monde, l'islam est associé au terrorisme, à la guerre, à la vengeance ?
Sachez que toutes les instances officielles de l'islam condamnent les actes terroristes. Les individus qui font cela sont sous le contrôle de certaines personnes. Il faut le comprendre en tant que réaction humaine devant la frustration, l'oppression, l'injustice etc. Parce qu'Israël ne respecte jamais les résolutions de l'ONU, et a l'appui des Etats-Unis. Et le peuple palestinien a trop souffert. En Tchétchénie, il y a trop d'injustices. Après les prédicateurs de la haine vont ressasser et travailler ces images et ces informations, puis des gens qui sont déçus de la vie vont partir et s'engager dans ces pays et kamikazer . Nous les musulmans, nous sommes les premiers à en souffrir, malheureusement. Nous en France, dans nos mosquées nulle part on admet ces gens-là. Dès que quelqu'un se met à appeler à la révolte, nous le bannissons de nos mosquées. Que pouvez-vous dire des réactions qu'il y a eu suite aux caricatures du prophète Mahomet?
Ma position c'est que ces caricatures sont méprisables et on n'a pas à réagir. C'est comme si un fou va dessiner sur le mur votre image, tout en inscrivant dessus des insultes pourquoi aller faire des histoires pour cela ? Quand on dit que vous êtes brutal, et automatiquement, vous cassez la gueule à la personne qui vous le dit, vous prouvez qu'elle a raison. Malheureusement, beaucoup de gens réagissent passionnément. Je pense que la bonne réaction si on trouve que ces caricatures sont agressives, c'est de porter plainte et laisser l'affaire suivre son cours. Et comme la loi a décidé que cela relève de l'opinion de presse, et qu'il n'y a pas d'injure, ni un fait à condamner, nous ne pouvons que l'accepter. Au Danemark où les caricatures ont été produites, les autorités se sont excusées auprès des ambassades, le directeur du journal a été limogé. Donc à partir de là, on ne peut que croire que l'incident est clos. Vous avez dit lors de la conférence à l'Ivoire que les Africains n'ont que les dirigeants qu'ils méritent. Pensez-vous qu'ils sont condamnés à connaître des crises à répétition?
Excusez-moi, c'est valable pour tout le monde. On n'a que les gouvernants qu'on mérite. En France, il y a beaucoup plus un esprit de dialogue, de compréhension, d'échange qu'en Tunisie d'où je viens. Chez nous, il y a plus de paternalisme. Chacun veut commander tous ceux qui sont autour de lui. Donc forcement, cela ne peut aboutir qu'à une dictature. Je ne veux pas parler de la sorcellerie en Afrique, mais la sorcellerie reflète la jalousie, la corruption. Cela est trop présent en Afrique. Je ne veux pas parler particulièrement des dirigeants. Tout le monde est concerné?
Même le plus petit échelon de la société est touché. La dernière fois, en partant d'ici, à cinq ou six endroits de l'aéroport, on m'a demandé de l'argent. A tous les échelons de la société, tout le monde demande de l'argent. Moi, je suis sûr que ce n'est pas parce qu'ils sont pauvres. Parce qu'on peut vivre avec ce qu'on a et s'en satisfaire. Or quel que soit le revenu qu'on a on cherche toujours plus. Pour cela, je n'ai pas de solution si ce n'est pour les musulmans. Il faut une éducation religieuse assez profonde du modèle du prophète et des enseignements là-dessus Si j'ai un appel à lancer à tous, c'est que s'ils veulent un meilleur avenir pour leur pays, eux-mêmes doivent être meilleurs, honnêtes. Refusez de toucher l'argent de la corruption, combattez la corruption, refusez de payer, il faut faire de la résistance pacifique, et essayer de pousser les choses dans le bon sens. Revenons à la conférence. Vous avez dit que le prophète est contre la rébellion et la guérilla. Il préfère la paix dans l'injustice plutôt qu'une révolte qui entraîne un désordre dont on ignore toujours la fin. Oui, c'est l'avis des savants musulmans. Parce qu'il y a eu après les califats, des dictatures, des rebellions. Suite aux rebellions qui se sont très mal terminées, les savants ont mis en place ce principe qui dit que, mieux vaux accepter une dictature, dans la justice et l'ordre, que de créer le désordre, et là violence. Mais, je pense qu'on a vécu cela partout. Que ce soit en Algérie, ou ailleurs. Là où on a voulu faire la révolte, il y a eu beaucoup plus de morts, beaucoup plus d'injustice, de pauvreté, de retard économique par rapport au gain qu'on espérait.
C'est bientôt les élections en Côte d'Ivoire, certains sont inquiets, parce qu'en Afrique, cela ne se passe jamais dans la paix comme en Europe. Ce n'est pas toujours le cas, des fois c'est dans la paix. Nous avons quand même en Afrique des pays où les élections se sont bien déroulées. Même si on peut dire que ce sont des exceptions, cela existe quand même. Je ne peux qu'espérer que tout se passe pour le mieux. C'est difficile puisqu'il y a le problème d'identification. J'espère que tout se fera pour le mieux. S'il y en a qui se sentent lésés, qui se sentent mis de côté, il faut qu'ils acceptent le pouvoir qui est en place, et qu'ils acceptent d'être de bons citoyens, de prier Dieu. Bientôt c'est le désarmement. Vous dites que les combattants ne doivent pas être accueillis en héros et en même temps, vous parlez d'amnistie générale. L'amnistie, cela veut dire que maintenant les combattants rentrent, on ne va pas chercher qui a tué qui, pour le juger. Si on fait cela, on ne va jamais s'en sortir. Mais en même temps ces combattants, pour nous musulmans, et je l'espère pour les chrétiens, nous n'allons pas les considérer comme des gens qui ont combattu pour la cause de Dieu. Ni même pour le bien, on ne peut considérer cela. On a porté des armes, on a tué, on a racketté. Est-ce qu'il y a de quoi être fier quand on a envoyé son fils combattre et faire de la mendicité avec sa kalachnikov. Aller chez les sorciers, les mangeurs d'âmes, les dozos pour faire des anti-balles, c'est vendre son âme au diable. Même si on pense que cela est fait à bon escient. Je leur demande de se repentir.
L'amnistie, c'est pour redémarrer, reconstruire ensemble?
Oui, c'est pour reconstruire ensemble. Selon vous, que faut-il concrètement pour la paix?
Ce qu'il faut pour la paix, c'est le dialogue. Ce que j'ai constaté c'est que les mentalités sont très différentes. Il faut qu'il y ait plus de dialogue. Les leaders religieux sont bien placés pour le faire, mais ils ne sont pas les seuls. Des associations qui ne sont pas religieuses, qui luttent pour la paix, et qui amènent les gens à se rencontrer peuvent y contribuer. Cela peut se faire en organisant des matchs de foot, des fêtes, des partages de repas etc. On peut organiser des rencontres séparées entre les femmes et entre les hommes. On peut faire aussi des débats télévisés pour rapprocher les esprits. Les imams souhaitent que l'arabe soit enseigné à l'école, qu'en pensez-vous?
Pourquoi pas? On peut proposer l'arabe comme langue optionnelle étant donné qu'il y a beaucoup de demandes. Mais je ne pense pas qu'on puisse l'imposer à tout le monde, ce ne serait pas normal. Un jeune musulman qui nous a approché a dit ne pas comprendre la préoccupation des imams vu que même entre musulmans vous ne parlez pas l'arabe. C'est vrai, entre musulmans, et même entre arabisants, on ne parle pas l'arabe, mais je pense que c'est une richesse. L'école doit être riche. On peut le faire de la même manière qu'on propose l'espagnol, l'allemand, ou l'anglais. Alors pourquoi pas l'arabe ? C'est une langue internationale très importante. Ainsi ceux qui ont envie de comprendre le Coran pourront en profiter. Vous êtes exorciste, l'exorcisme n'est-il pas en contradiction avec le Coran, et les prescriptions du prophète?
Non, le fait de soigner n'est pas en contradiction avec le Coran. C'est la sorcellerie qui l'est. La sorcellerie est un acte de mécréance. Aller consulter un devin, ou un voyant, est un acte de mécréance. Mais le fait de guérir, de soigner ne pose pas de problème. Les gens se soignaient avant l'islam parce que depuis toujours on a connu ces problèmes d'envoûtement et de possession. Quand les anciens ont demandé au prophète s'ils pouvaient continuer cela, il a dit montrez moi ce que vous faites. Il n'y a pas de mal à soigner tant qu'on ne va pas faire des sacrifices, pour les fétiches, pour les Djim, des pactes avec les Djim. Je suis guérisseur. Nous soignons de la sorcellerie, des génies de mauvais ?il?, avec le Coran, la médecine prophétique. Depuis, je ne fais que des activités islamiques, des livres de traduction, des conférences, des mariages, des voyages, la prédication et la Rokia, l'exorcisme, si on veut.

Propos recueillis par
Marie-Adèle Djidjé

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