A l'honneur le mercredi 18 juillet 2007 dans la ''maison'' qu'il a ''pétrie et édifiée'', le " Dopé National ", Amédé Pierre de son vrai nom Digbeu Nahounou a dit sa grande joie d'être honoré et décoré de son vivant ''à titre costume''. Beaucoup d'artistes ivoiriens qu'il a connus l'ont malheureusement été à titre posthume. ''Depuis sa création, c'est la première fois que le Burida honore un de ses sociétaires. Il n'y a que de l'étonnement, de la joie, de l'émotion, les larmes aux yeux. Je ne sais quoi dire'', a indiqué Amédé Pierre. Celui qui a célébré il y a moins d'une semaine, plusieurs années de musique, marquées par une exposition de ses ?uvres au Palais de la Culture, venait de recevoir de la part du Burida, un salon flambant neuf et un orgue d'une valeur de un million sept cent trente mille franc Cfa. Le Burida soutenu par certains artistes ivoiriens et hommes de culture ont ainsi emboîté le pas à Mme Zagbayou, ancienne directrice du musée des civilisations d'Abidjan et Awalet Organisation à l'origine de l'hommage rendu au Dopé national au Palais de la culture. ''J'ai cru que c'est seulement mort et étalé dans un cercueil sur cet espace du Burida, que je recevrais les honneurs. Je suis en train de vivre cela de mon vivant'', a dit la voix nouée d'émotions le médecin devenu chanteur. Lui reconnaissant des valeurs, le Manager Général du Burida, Obou Armand a fait part de l'activisme du doyen des artistes à revendiquer dans la rue les droits des artistes ivoiriens. Initiateur des droits collectifs devenu par la suite Bureau ivoirien des droits d'auteurs, après signature du décret par Bernard Dadié, Amédé Pierre est chaque fois allé en guerre quand il le fallait contre la mauvaise gestion des responsables qui se sont succédés à la tête de la ''maison'' des artistes. ''Dans les moments les plus durs, il n'a cessé de défendre les droits des artistes'', a rappelé Obou Armand. Soutenu par Kossonou Paul-Marie, représentant du Ministre de la Culture et de la Francophonie, par ailleurs directeur du livre, celui-ci a invité la nouvelle génération à prendre ''en exemple l'un des pionniers de la musique ivoirienne. ''Amédé Pierre est un référentiel de valeur. Il a tracé les sillons de la musique ivoirienne. A travers lui, il y a aujourd'hui de célèbres artistes en Côte d'Ivoire'', a-t-il expliqué pour faire comprendre la raison de l'hommage rendu à l'artiste. Présente à la cérémonie, Aïcha Koné a témoigné que le Dopé national est celui qui l'a conduite véritablement à la musique. Par ailleurs, la cérémonie d'hommage au Dopé national a été l'occasion pour certains artistes de regagner leur maison, le Burida, qu'ils avaient abandonnée du fait des crises récurrentes. ''Nous sommes revenus à la maison. Il y a un an que nous n'étions pas venus'', a fait savoir Gadji Celi, président de l'Union nationale des artistes de Côte d'Ivoire (Unartci). A travers cet hommage rendu à Amédé Pierre, Gadji a souhaité qu'on ''pense à honorer tous ceux qui revalorisent l'art en Côte d'Ivoire''.
Koné Saydoo