lundi 23 juillet 2007 par Le Front

Les vérités du conseiller diplomatique de Soro Une heure et demie pour convaincre. Ce pourrait être l'intitulé de l'interview ?vérités accordée au quotidien Le Front'' par le conseiller diplomatique du Premier ministre, M. Adama Bictogo. Une heure et demie, pour passer au peigne fin les grands sujets de l'actualité : de l'avenir de ?'son'' cercle de réflexion, à l'attentat contre le chef du gouvernement, et la résolution onusienne supprimant le HRE, Adama Bictogo répond sans tabou.



M. Bictogo Adama, il y a près d'un mois, vous défrayiez la chronique avec la création d'un cercle de réflexion au sein de votre parti, le Rdr. Que devient ce cercle ?

Merci. Je voudrais vous dire que le cercle de réflexion qui a été créé, répondait à plusieurs préoccupations nées d'un diagnostic qui a été fait par des camarades du parti et moi-même. Ce cercle de réflexion a pour objectif, pour nous, d'être un outil de redynamisation du parti. Nous avions constaté, en effet, à un moment donné, certainement pour plusieurs raisons, que le parti était frappé d'immobilisme et qu'il s'avérait nécessaire qu'un groupe, crée un cadre d'échanges permanent, à partir duquel nous pourrions faire des propositions et mener des actions devant aider à redynamiser le parti. Au regard de la nouvelle donne politique et de sa configuration, nous avions aussi pensé que la nécessité d'une réforme s'imposait. Et, par voie de conséquence, une nouvelle lecture s'imposait également à notre parti. En termes plus précis, le Rdr d'avant-crise ne pourrait pas garder le même cliché d'après-crise. Et que comme toutes les crises, celle-là a certainement épuisé certaines personnes, certains militants, et en même temps, a révélé d'autres personnalités. De ce constat, avions-nous donc pour obligation de mener la réflexion de façon rigoureuse et de tenir compte de ce nouvel environnement pour que le président Alassane Ouattara soit outillé pour la conquête du pouvoir. Et qu'il puisse disposer d'une stratégie bien élaborée qui prenne en compte cette nouvelle donne politique qui a connu l'entrée en scène de nouvelles personnalités. Voilà tout le sens de la création du ?'cercle'', qui dans quelques jours, doit livrer ses résultats. C'est un cercle qui, n'a aucune autre intention que d'être un outil à la disposition du parti.

Vous affirmez que le cercle est à la disposition du parti et l'on vous intente un procès au point de vous convoquer à la direction du parti. Est-ce, selon vous, parce que vous n'avez pas été suffisamment compris ?

En fait, d'incompréhensions, on aurait pu en parler, parce que beaucoup de membres de la direction se sont plus accrochés à la forme qu'au fond du débat. Pour ma part, j'étais un peu surpris parce que nous ne sommes pas le seul cercle au Rdr. Il existe un ?'cercle libéral'', un ?'cercle d'opinion'', etc. Je crois plutôt que c'est certainement, au-delà de la forme, la personnalité de celui qui conduit notre ?'cercle'' qui est en jeu. Sinon, je ne comprends pas qu'on puisse admettre l'existence d'autres cercles et qu'on ne puisse pas admettre le cercle de réflexion et d'actions que nous avons mis en place. Mais pour nous, le plus important c'était de faire prendre conscience au parti de la nécessité d'aller à des réformes, d'instaurer le débat démocratique et de le décentraliser pour qu'il y ait une gestion plus participative des militants de base aux affaires de notre parti. C'est vrai que le président du parti peut donner une orientation générale, mais il doit être aussi un broyeur de résultats. Les lieutenants que nous sommes, les relais que nous sommes, avons le devoir de prendre des initiatives et faire des propositions au parti. Je voudrais même vous dire que les secrétaires nationaux que nous sommes, avant notre prise de fonction, il nous a été demandé de rédiger chacun notre feuille de route, et notre organigramme. Tout ceci, pour dire que nous avons l'initiative de la réussite de nos entreprises. A partir de ce moment, dès lors que l'initiative nous est donnée, on ne peut pas nous freiner dans l'initiative de la réflexion. Réflexion qui en soi est un élément de vitalité dans la gestion d'un parti.
Donc pour nous, le cercle de réflexion a été mal compris. Dès que le président (Ouattara, ndlr) dans son discours à Washington a parlé de restructurations dès son retour, j'ose croire qu'il nous a compris. Même si, notre président n'a pas apprécié la forme et qu'il a affiché un certain mécontentement, pour moi l'essentiel c'est que dans le fond, le parti comprenne qu'il est important que nous allions dans une restructuration en profondeur et que la base militante se sente plus proche de la direction dans ce nouveau pacte de confiance qu'elle ne l'est jusqu'à présent.

M. le conseiller, votre cercle de réflexion est né à un moment où le Rdr était traversé par des sons de dissidences dont l'une s'est muée en parti politique. D'aucuns auraient pensé voir M. Bictogo rejoindre M. Zémogo. Quelle est votre position ? Etes-vous proche de l'Anci (le parti créé par Zémogo) ou attendez-vous dans l'ombre ?

Je voudrais vous révéler que lors de la mise en place du cercle de réflexion, je n'ai eu aucun contact avec aucun des membres cités par vous, ni par aucun cadre de la direction. J'ai eu une volonté expresse d'apporter ma part de réflexion dans la perception nouvelle que devrait avoir le Rdr au regard d'un certain nombre d'évènements nés du contexte politique actuel. Je n'ai aucun lien donc avec l'Anci (l'alliance pour la nouvelle Côte d'Ivoire, ndlr) qui a été créée. Ceux qui sont partis pour créer ce parti, sont pour nous des frères. Parce qu'on ne peut quand même pas leur jeter la pierre quand ces personnes-là ont contribué, pendant plus d'une dizaine d'années, à l'édifice Rdr. C'est vrai, c'est regrettable, c'est dommage, aux plans humain et relationnel de voir des frères nous quitter. Cependant, l'adhésion au Rdr est volontaire et libre. Dès lors que ces frères-là ne se reconnaissent plus dans l'orientation politique à laquelle ils ont adhéré il y a quelques années, c'est leur droit de partir ou de rester. Mais pour ma part, je considère qu'il n'y a pas de raison objective de quitter le Rdr. En revanche, je considère que la démocratie tant recherchée, qui est d'ailleurs à la base de la naissance du Rdr, demeure pour moi un objectif et un combat à mener à l'intérieur. Je mènerai ce combat en interne, comme au plan national, du reste. Aujourd'hui, à l'intérieur du parti, il y a des militants, des cadres comme moi qui pensent qu'il y a nécessité de revoir le mode de fonctionnement au plan démocratique, le mode de validation de certains sujets importants, le mode d'application de certaines orientations définies par la direction. Pour moi, c'est de cela qu'il s'agit. C'est un combat de longue haleine. On peut ne pas être compris aujourd'hui, mais ce n'est pas pour autant que je vais quitter le bateau Rdr. Je suis dans le bateau qu'on a tous conçu à sa création. Il n'y a pas de raison aujourd'hui, que je le quitte. Quant aux frères qui sont partis, je suis contre ceux qui leur jettent la pierre. Je souhaite qu'il y ait de la tenue, qu'il y ait de la retenue, qu'il y ait une certaine hauteur de vue et d'esprit que le droit à la différence qui est un des credo du Rdr, soit le ferment de la gestion de cette crise. Il faut donc garder la sérénité et accepter que le débat démocratique, le mode de pensée et la diversité et la pluralité des opinions soient des éléments acceptables au sein du parti. Au Rdr, les textes qui nous régissent, ?'le vivre ensemble'' qui est la conséquence de cette pluralité, doivent nous amener à avoir une analyse plus sereine des départs enregistrés ces derniers temps et que nous puissions en tirer les conséquences pour une bien meilleure cohésion du parti.

Rendant compte d'une rencontre que vous avez eue hier (ndlr, jeudi 19 juillet), avec la presse, vous avez laissé entendre qu'il faut, au lieu de traiter les dissidents de pestiférés, plutôt analyser les causes de ces départs. Selon vous, quelles sont les causes qui peuvent amener des cadres de premier plan du Rdr à le quitter ?

Même si je connaissais les causes de ces départs, je ne voudrais pas qu'elles soient étalées dans la presse. Je maintiens cependant qu'au-delà du plan relationnel et de la fraternité, ce n'est pas tant les départs qui font problème, mais plutôt leurs causes. Et pour éviter que les mêmes causes ne produisent les mêmes effets, il est bon que nous nous attardions sur elles. Je pense pour ma part que le président du parti doit mettre en place une cellule, ou en tout cas une commission pour y réfléchir. Et je pense que notre cercle serait une perche tendue à notre parti. Parce que j'ai retrouvé certaines personnes qui avaient adhéré au ?'cercle'' dans le nouveau parti. C'est clair que si la création du cercle avait été comprise, certainement que dans le débat, dans une volonté d'écoute d'aller à une vraie restructuration prenant en compte les préoccupations de tous, il est évident que nous aurions pu éviter le départ de certaines personnalités.
On peut dire, ce qui serait dommage, en termes de nombre c'est insignifiant, mais pour la symbolique, une personnalité comme Zémogo qui est de surcroît un ami et un frère du président, c'est une perte énorme. On peut donc se demander ce qui peut motiver, justifier, son départ. Est-ce que nous nous sommes donné les moyens de les retenir ? Est-ce que nous n'en avons pas fait une gestion quelque peu suffisante de ce dossier ? Moi, j'ai approché quelques aînés, sages, de ce parti pour leur demander s'il était bon que le conseil politique reçoive tout le monde, les différents responsables des communes pour les écouter et prendre en compte ce qu'ils disent. Je peux vous dire que les problèmes il y en a dans tous les partis. Mais l'avantage au Rdr, c'est que nous les connaissons. Il y en a au moins qui ont eu le courage de mettre au grand jour les difficultés auxquelles nous sommes confrontés. Mais il n'y a pas meilleure démocratie que de connaître ses difficultés et de les résoudre. Le Rdr peut sortir grandi de cette situation, de ces quelques fissures-là pour en faire un parti fort et démocratique.

Pour conclure avec le chapitre relatif au Rdr, est-ce que vous pouvez dire : ?'Moi, Adama Bictogo j'ai mal au Rdr''

Non ! Je n'ai pas mal au Rdr. Pas du tout ! J'ai envie, parce que je connais le potentiel de mon parti, j'ai envie de partager avec ceux qui ne comprennent pas cette volonté, cette dynamique que je voudrais qu'on impulse à tous les républicains. Et parce que je sais que le président Ouattara qui a toujours cru à la dynamique et qui sait que la politique en elle-même n'est jamais figée, elle est vivante la politique, je sais donc qu'en l'état actuel des choses, notre parti a besoin de valoriser encore plus certaines ressources humaines. De sorte que dans son nouvel élan, le Rdr soit le parti qui ratisse plus large pour devenir le premier parti de Côte d'Ivoire. C'est en somme un cri de c?ur à une adhésion, à une nouvelle façon de percevoir parce que je crois à un potentiel et à un président.

M. Bictogo, revenons un peu en arrière pour rappeler que vous avez lancé votre cercle de réflexion à une période très sensible pour votre parti. Avez-vous jugé le moment opportun, dès lors que certaines voix au Rdr vous le déconseillaient au regard de la crise ? N'est-ce pas cela qui joue contre vous ?

Sur ce point, je voudrais dire très sincèrement que je suis rentré d'exil le 19 avril. De ce jour au 12 mai dernier, je n'ai pas eu de contacts à proprement dit avec la direction du Rdr, en dehors de Amadou Gon avec qui j'ai eu quelques échanges. Pour dire vrai, je n'avais aucune information de dissidence annoncée, je n'avais aucune information de débauchage envisagé. J'ai considéré par contre au regard de l'Accord politique de Ouagadougou, au regard de la nouvelle donne politique qui s'imposait au Rdr, la nécessité d'un diagnostic. J'ai donc appelé pêle-mêle des amis pour que nous réfléchissions à la situation politique. Mais mieux, que nous réfléchissions à une nouvelle stratégie de conquête de pouvoir en vue de remettre les conclusions de ces réflexions au président de notre parti, le Dr Alassane Ouattara. Je ne peux même pas vous dire d'où sont venues ces rumeurs selon lesquelles ?'Bictogo veut quitter le Rdr, Bictogo est dissident''. Mais c'est orchestré.

Aviez-vous été affecté par ces rumeurs ?

Humainement et au plan émotionnel, j'ai été affecté. Pour la simple raison que par mon engagement pour le Rdr et vis-à-vis d'Alassane Ouattara, je peux mettre quiconque au défi de le nier, je ne crois qu'au Rdr, il y a beaucoup de gens qui ont engagé au prix de leur vie la lutte pour la conquête du pouvoir. Et pour le Rdr et pour son président, comme je l'ai fait à tous les niveaux.
Et là-dessus j'ai été affecté parce que je ne pouvais pas comprendre que pendant quatorze ans, après que j'ai donné de moi-même et là, la base peut témoigner de même que notre président parce qu'au regard de la densité de nos relations, de l'engagement et du soutien indéfectible que je lui ai témoignés et dont le parti a bénéficié au plan humain, je me suis senti affecté ? Et j'en ai souffert.

Est-ce qu'aujourd'hui avez-vous le sentiment de gêner au Rdr, au point où on affiche tout ce qui concerne Bictogo à un niveau ?

Vous savez, dans tout groupement humain, dans la gestion et la volonté de se réaliser chacun à son niveau, c'est légitime qu'à un moment donné, il y ait des incompréhensions soit dans la démarche pour arriver à l'objectif, soit dans l'objectif lui-même. Mais je crois, pour ma part, que c'est plus dans la démarche. Ma nature, c'est d'être toujours en action, en mouvement. C'est toujours de prendre des initiatives. Mais toujours avec la préoccupation de gérer les intérêts de mon parti et de mon président. J'ai donc quelque part une certaine indépendance d'esprit. Mais aussi une indépendance d'actions. Car, je suis partisan de l'initiative, mais surtout de l'efficacité.

Et, c'est ce qui gêne

Je ne sais pas. Je ne pense pas. Seulement, je dis que nous servons une cause, nous avons adhéré à un idéal et donc nous considérons que pour faire valoir cet idéal, nous avons choisi un leader qui est le président Alassane Ouattara, qui est la conséquence de nos convictions. A partir de ce moment, le président Ouattara a fait confiance en chacun de nous. Mais certainement pour atteindre cet idéal, il est apparu entre nous et autour de lui, certaines incompréhensions dans la démarche pour atteindre cet idéal. Et, c'est peut-être cela qui suscite chez certains des réactions.

Vous indiquiez tout à l'heure que très bientôt vous remettrez les résultats des réflexion du ?'cercle'' à la direction du parti.
Dans l'hypothèse où ces travaux sont rejetés, qu'est-ce que vous ferez ? Que deviendra le ?'cercle de réflexion'' ?

Le ?'cercle de réflexion'' continue de fonctionner. La preuve est, par exemple, que tous ceux qui m'assistent (à cette interview) sont pour la plupart membres de la cellule. Pour nous, la cellule de réflexion, c'est quand-même le droit pour tout être, au-delà de l'aspect politique de réflexion. C'est quand même le minimum qu'on peut nous autoriser. Donc que le ?'cercle de réflexion'' ne soit pas reconnu ou accepté par la direction du parti, il continuera d'exister parce qu'il y aura toujours des hommes pour réfléchir à la stratégie de mobilisation, de redynamisation du parti. Pour moi, c'est une évidence, le ?'cercle'' continue, il existe. Et je puis vous dire que tous les jours, à mon bureau, je ne reçois pas moins de trente (30) à cinquante (50) militants pour la plupart des secrétaires de section, des responsables communaux, certains en provenance d'Abidjan, d'autres de l'intérieur. Il y a une adhésion populaire de la base à cette volonté pour que le Rdr retrouve sa capacité de mobilisation qui a toujours été son point fort dans ses premières années de fonctionnement jusqu'en 2001-2002.

Nous allons quitter momentanément la vie de votre parti et parler de l'actualité nationale. Le 29 juin dernier, on a failli assister à un arrêt du processus de paix avec l'attentant manqué contre le Premier ministre. Vous êtes l'un de ses conseillers quel sentiment vous a-t-il animé après cet acte terroriste ?

D'abord, j'ai eu la chance d'être avec le Premier ministre ce jour-là, à 7 heures du matin. Il avait une audience à laquelle j'avais assisté et donc on l'a tous accompagné à l'aéroport. J'avais un meeting à animer à Agboville le dimanche et le Premier ministre m'a dit : Ecoute, tu vas faire ton meeting et le dimanche après-midi, tu me rejoins à Bouaké . Je lui ai dit d'accord M. le Premier ministre. On l'accompagne donc jusqu'à la passerelle. Dès mon retour de l'aéroport, je reçois un coup de fil m'informant de ce que l'avion du Premier ministre a été attaqué. Je me dis mais c'est pas possible, je viens de le quitter . Mon collaborateur me rappelle et me dit Non, grand-frère, c'est sérieux . Alors je joins un de mes proches qui me confirme. Je m'informe davantage et j'apprends que cet acte odieux, regrettable, a été perpétré. Mais au-delà de l'attentat qui est déplorable, condamnable et que rien ne pourrait justifier, je retiens le sens élevé de la responsabilité du Premier ministre dans la gestion de cet attentat. Alors que tout le monde s'attendait à ce que le Premier ministre, les Forces nouvelles ruent dans les brancards, fassent des déclarations tapageuses qui auraient eu pour conséquence l'arrêt du processus de paix et qui auraient tué l'espoir de l'accord de Ouaga, c'est la sérénité qui a prévalu dans la gestion de cet attentat.
Et le fait que le Premier ministre n'ait pas permis à quelque camp que ce soit d'en faire une exploitation, montre une fois de plus sa détermination et sa volonté à amener la Côte d'Ivoire à la paix. Je voudrais reconnaître-là, le sens très élevé de la responsabilité de M. Guillaume Soro. Et le sens noble qu'il donne à sa mission. La tâche est certes difficile, mais il vient de démontrer qu'il faut une adhésion populaire autour du processus pour que le Premier ministre conduise les Ivoiriens vers des élections crédibles et transparentes.

Justement, à propos d'élections, avec la nouvelle résolution de l'Onu (1765 remplaçant la 1721), le Conseil de sécurité a supprimé le poste du HRE, qui suscite assez de polémiques. Selon vous, est-ce que la suppression d'un poste a-t-elle une influence sur le processus électoral ?

Concernant ce point, je voudrais dire ce que nous avons lu dans la résolution, il y a eu un transfert de compétences vers l'Onu à travers son représentant spécial. Et également que le poste a été supprimé, mais les missions ont été maintenues. Dès lors que les missions ont été maintenues, je pense que c'est à la classe politique de reconsidérer cet état de fait et de suivre le représentant spécial pour que ces missions-là soient scrupuleusement respectées dans leur application, leur mise en ?uvre. Ça c'est la partie qui concerne la gestion des rapports entre la classe politique et l'Onu. Mais, il existe que l'Accord de Ouaga a quand même une spécificité contrairement aux autres accords. Le Premier ministre actuel est issu du G7. On peut donc considérer que tout en jouant sur son rôle d'arbitre, le Premier ministre demeure quand même un interface pour l'opposition et que par principe politique, il ne peut que veiller à la bonne mise en ?uvre et à la transparence du processus électoral. Dès lors, l'opposition doit se donner les moyens d'une grande sensibilisation et d'une grande mobilisation de ses militants pour qu'ils s'inscrivent sur les listings et aillent aux élections.
C'es t vrai, Stoudmann avait une forte personnalité, qui rassurait. Mais les contextes sont différents. Le contexte qui a suscité et permis la création du poste qu'occupait M. Stoudmann est différent. Le contexte d'alors était tendu. C'est celui qui nous a amené à la conception de l'accord de la Pretoria. Il y avait une logique d'affrontement. Il y avait une impossibilité de réunir les acteurs politiques dans une même salle. Aujourd'hui, nous avons un Premier ministre (issu de l'une des forces ex-belligérantes) et mieux nous avons le Cpc dans lequel les acteurs principaux se retrouvent. Dès lors, on peut considérer que c'est l'accord de Ouaga qui a consacré la logique de concertation permanente et aussi la logique de compétition électorale. On peut donc croire que le Cpc et, mieux, le Cea, sont autant d'outils, des tribunes permettant à l'opposition de faire valoir ses réserves quant à la mise en ?uvre du processus. De ce point de vue, on peut regretter aujourd'hui la suppression du poste, mais ne pas en faire notre tasse de thé. Ne pas en faire une préoccupation de sorte à inhiber nos efforts. Il faudrait plutôt considérer que nous sommes la majorité, que nous avons un canevas qui est d'amener nos militants à s'identifier, à s'inscrire sur les listings et à amener nos représentants à travers les différentes instances chargées de la conception et de la mise en ?uvre du processus.



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