lundi 23 juillet 2007 par Le Front

Après l'attentat manqué contre sa personne, le vendredi 29 juin dernier sur le tarmac de l'aéroport de Bouaké, l'on pensait que le Premier ministre Guillaume Soro en serait quitte pour une grosse frayeur et que les ennemis de la paix reviendraient à la raison. Que non !


Apparemment, les commanditaires de l'attaque contre le Fokker présidentiel n'ont pas encore dit leur dernier mot. Ils veulent donc, quel que soit le temps que cela mettra, la peau du secrétaire général des Forces nouvelles. Manifestement, ils ont de la peine à suivre le chemin qui mène à la réconciliation et à la paix. Manifestement, ils ne se consolent pas de ce qu'ils ont perdu dans la crise. Manifestement, enfin, ils veulent faire payer à l'ex-chef rebelle les désordres et les violences causés par l'attaque du 19 septembre 2002. En clair, l'attentat manqué contre Guillaume Soro est l'?uvre de quelques revanchards qui supportent, difficilement, la promotion de l'ex-leader de la Fesci. Pour eux, ce serait trop facile que celui-ci atteigne aussi rapidement le palier auquel il se trouve. Ils s'échinent donc à l'éliminer. Ce serait, pour eux, une manière de rendre justice aux nombreuses victimes du conflit fratricide qui a endeuillé tant de familles.
Cette thèse maximaliste est sans doute défendable, mais ses limites sont telles qu'il vaut mieux s'en écarter. Pour dire les choses comme il faut, disons que les commanditaires de cette attaque hideuse et odieuse sont dans une logique de vengeance. Qui pourrait alors échapper au glaive de leur ?' justice'' ? Car, dans cette crise qui n'en finit pas, il n'y a pas d'un côté les bons et de l'autre les méchants. La réalité est plus nuancée. Les méchants puisque ce sont eux qui sont en cause, se rencontrent aussi bien au Nord qu'au Sud. De plus, avant de juger ?' ceux qui ont pris les armes'', il ne serait pas inutile de dire un mot de ceux qui ne leur ont pas offert d'autre alternative que celle des armes.
Rappelons-nous. Aux premières heures du conflit, le secrétaire général de ce qui n'était pas encore les Forces Nouvelles mais le MPCI, avait lancé ces mots : ?' les armes se sont imposées à nous !''. La conclusion que l'on tire de cette fatale assertion c'est que ?' ceux qui ont pris les armes'', n'ont pas trouvé d'oreille attentive du côté de ceux contre qui ils ont pris les armes. En clair, ils ont buté contre un abyssal déficit de dialogue dans leur désir de se faire entendre. Loin de nous l'idée de justifier la prise des armes, mais il nous semble important de ne pas faire l'impasse sur ce qui a conduit à la prise des armes. C'est le meilleur moyen d'éviter que l'histoire se répète. Car, lorsqu'on refuse de regarder son histoire en face, on se condamne à la revivre. Or, cette histoire-là a eu des effets trop mortels pour qu'on se permette de la revivre. Il convient donc, quitte à choquer certaines personnes, de restituer les événements dans leur contexte et dans leur vérité. C'est cela le devoir de mémoire qui est aussi devoir de vérité.
Dès lors, il ressort que ceux qui en veulent tant à Soro, se trompent de combat. Car, la logique de la vengeance est une logique de mort. Il convient, sans délai, de lui substituer la logique du pardon qui régénère et guérit parce qu'elle est vie. Aucun peuple au monde ne peut survivre à la loi du Talion.
Faisons, donc, table rase de ce qui est passé pour construire le pays dans la fraternité et l'unité retrouvées. Si tant est que nous l'aimons. La mort de Guillaume Soro (touchons du bois) ne sera jamais la solution à la crise. Elle pourrait, au contraire, nous ouvrir des horizons plus funestes. Ne nous battons pas contre la paix. Battons nous plutôt pour elle. Pour que notre beau pays renaisse de ses cendres. Comme le phénix.



Honoré Sépé

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023