lundi 23 juillet 2007 par Le Nouveau Réveil

Dans les colonnes de son édition N° 00656, notre confrère Nord Sud Quotidien a publié une interview du Député (élu PIT et devenu FPI) Atteby William. Ce qui retient particulièrement notre attention ici, c`est sa position sur l`attentat contre l`avion du Premier ministre Soro. Pour le député de Yopougon, ledit attentat n`est rien face aux crimes commis par la rébellion de Soro. Voici un large extrait de cette intéressante interview.

Et si on revenait à l`attentat manqué contre le Premier Ministre ?

Je pense que c`est la conséquence de la guerre. Ne versons pas dans le sentimentalisme. Je récuse le terme selon lequel, ce serait la violence ultime. Non. La violence ultime pour moi, c`étaient tous ces massacres des populations paisibles au début de cette guerre. Des femmes et des enfants ont été décapités. L`attentat manqué est une violence inacceptable comme toutes les autres. Pour qu`on en sorte le plus tôt, puisque nous savons que la rébellion n`est pas un ensemble homogène, certains veulent sincèrement que le pays sorte de la guerre alors que d`autres n`en veulent pas. Il faut rapidement que l`autorité de l`Etat s`exerce sur l`ensemble du territoire national. Il faut que l`Etat soit responsable. Tirer sur un avion civil dans ces circonstances est un crime de guerre qui est imprescriptible et dont les auteurs peuvent être poursuivis à tout moment. Tirer sur un avion où il est écrit République de Côte d`Ivoire est un acte de guerre. Quels que soient les passagers à bord de l`avion. En tant qu`élu de cette nation, je condamne avec la dernière énergie cet acte ignoble. Mais je dis que les acteurs doivent comprendre que si l`autorité de l`Etat s`exerçait sur l`ensemble du territoire, on aurait réduit les risques de ce genre d`attentat. Pour se mettre à l`abri, il faut rapidement aller au désarmement et réunifier le pays. On entend beaucoup de discours, mais on ne sent pas les choses avancer. Il y a problème. On a beau organiser des cérémonies d`installation des préfets, sous-préfets et des magistrats, c`est la disparition de tous ceux qui n`ont pas le droit d`avoir des armes en Côte d`Ivoire, quels que soient leurs camps, qui sera notable à mes yeux. Que je puisse prendre ma voiture d`Abidjan à la frontière au Nord et revenir, en croisant sur le long du chemin des gendarmes et policiers ivoiriens, c`est cela la vraie réunification du pays. (...)
Vous avez réclamé récemment le départ des Forces françaises. Est-ce que vous les suspectez d`avoir un lien avec l`attentat, comme on l`entend souvent dans le camp présidentiel ?
Non, je ne suspecte pas les forces françaises. Je peux me tromper. D`ailleurs, je ne crois pas que ce soit leur méthode que de tirer sur des avions. Vous savez qu`ils ne sont pas mes amis. Mais je pense que ce ne sont pas eux qui ont tiré sur l`avion.
A la recherche des suspects, certaines personnes montrent du doigt le camp présidentiel dans l`attentat contre le Premier Ministre, qu`en pensez-vous?
C`est complètement irresponsable de le penser. Quel intérêt aurait le camp présidentiel aujourd`hui à tuer Soro ? Si nous avons les moyens d`aller à Bouaké pour pouvoir tirer sur des avions, nous aurions libéré cette ville depuis longtemps. Ceux qui le pensent n`y croient pas eux-mêmes. Cet attentat est l`?uvre de personnes qui ne veulent pas que le processus avance. Soro donne des gages pour aller à la paix, mais cela n`est pas le cas pour tout le monde. C`est son propre camp, il ne faut pas chercher loin.
In "Nord Sud Quotidien N°00656
Un attentat logique et sans importance?
Dans son interview le député de Yopougon donne un aperçu de ce que la plupart des membres du clan présidentiel pensent tout bas. A la limite, sur la foi des dires du député Atteby, cet attentat est sans importance devant les crimes que Soro et ses hommes auront commis depuis 2002. C`est pourquoi, il ne veut pas que l`attentat soit vu comme la violence ultime. " La violence ultime pour moi, c`étaient tous ces massacres des populations paisibles au début de cette guerre. Des femmes et des enfants ont été décapités.". Déduction, si ce n`est la violence ultime, c`est la violence minime. En d`autres termes, Soro aurait été tué dans cet attentat que cela n`aurait pas ému, puisque pour Atteby "c`est la conséquence de la guerre". La guerre déclenchée par Soro Guillaume et ses hommes, la guerre qui a poussé Soro et ses hommes à perpétrer des massacres qui constituent pour le député FPI l`ultime violence. Qu`en conséquence de la guerre qu`il a déclenchée et menée, Soro ait été attaqué au RPG 7 dans un avion, quoi de plus logique ? Même si le parlementaire, par principe, verse des larmes que d`aucuns n`hésiteraient pas à qualifier de crocodile. "En tant qu`élu de cette nation, je condamne avec la dernière énergie cet acte ignoble". Peut-être que s`il n`était pas élu de cette nation, il n`allait même pas condamner l`acte ! Puisqu`il ajoute : "Mais, je dis que les acteurs doivent comprendre que si l`autorité de l`Etat s`exerçait sur l`ensemble du territoire, on aurait réduit les risques de ce genre d`attentat ". Ce qui revient à dire tant que les Forces nouvelles contrôleront le nord et que l`autorité de l`Etat ne s`exercera pas sur toute l`étendue du territoire, elles doivent s`attendre à de tels actes. Soro est donc averti. Ce qu`il déplore est que les auteurs aient tiré sur un avion, et de surcroît un avion estampillé République de Côte d`Ivoire. C`est un acte de guerre. "Tirer sur un avion civil dans ces circonstances est un crime de guerre qui est imprescriptible et dont les auteurs peuvent être poursuivis à tout moment. Tirer sur un avion où il est écrit République de Côte d`Ivoire est un acte de guerre". Par ailleurs, dans la recherche des suspects, William Atteby prend cette fois-ci le contre-pied du camp présidentiel qui accuse mordicus que ce sont les Forces françaises qui ont fait ce coup, ou à défaut qui l`ont organisé. Le député, qui insiste ne pas être l`ami des Français, dit : "Non, je ne suspecte pas les forces françaises Je pense que ce ne sont pas eux qui ont tiré sur l`avion.". Que retenir de cet avis ? L`intellectuel qu`il est, bien placé pour comprendre que les Français qui ont de tout temps transporté tous les belligérants et ex-belligérants n`ont vraiment pas besoin de s`embusquer pour tirer sur un avion. C`est ridicule. Par contre, Atteby accuse le camp des Forces Nouvelles : "Soro donne des gages pour aller à la paix, mais cela n`est pas le cas pour tout le monde. C`est son propre camp, il ne faut pas chercher loin.". Chose curieuse, le député semble en connaître un bon bout sur les motivations des auteurs de l`attentat au point de vouloir l`expliquer. "Il y a problème. On a beau organiser des cérémonies d`installation des préfets, sous-préfets et des magistrats. C`est la disparition de tous ceux qui n`ont pas le droit d`avoir des armes en Côte d`Ivoire, quels que soient leurs camps, qui sera notable à mes yeux" Pour le reste, le député, PIT devenu FPI, reste dans la logique de son parti d`adoption. Celle de limiter la paix à la satisfaction des desiderata du seul clan.

Eddy PEHE

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