samedi 21 juillet 2007 par Le Temps

Les Présidents du Burkina Faso, d'Afrique du Sud, d'Angola et du Ghana seront présents lors du bûcher de la paix à Bouaké. Les raisons d'une participation pleine de symboles. Invités spécialement par le Président Laurent Gbagbo et le Premier ministre Guillaume Soro, les Présidents Thabo Mbeki, Blaise Compaoré, Dos Santos et John Kufuor seront de la fête à Bouaké. Non pas parce qu'ils y sont mandatés par la communauté internationale, mais parce que chacune de ces trois personnalités a une histoire avec la crise ivoirienne. Le Ghana est le premier pays à avoir accueilli la toute première rencontre sur la situation de guerre en Côte d'Ivoire en 2002. C'est depuis sa capitale que la CEDEAO a mis sur pied, le groupe de contact de haut niveau dirigé en son temps par feu Gnassimgbé Eyadéma, alors Président en exercice de l'Institution sous-régionale. Après l'échec de l'Accord de Marcoussis, Accra a encore accueilli deux autres réunions sous la houlette de l'Union africaine sanctionnées par des Accords. Comme cela se constate, le pays de Kwamé Nkrumah a été sur tous les fronts pour le retour de la paix en Côte d'Ivoire. Inviter le premier citoyen de ce pays frère au bûcher du 30 juillet, n'est que juste reconnaissance d'un bienfait à un peuple en difficulté. En ce qui concerne le Président Compaoré du Burkina Faso, son pays et la Côte d'Ivoire ont des relations historiques particulières. Dans cette guerre, et ça, il faut le souligner, ces relations ont pris un coup de froid à cause des suspicions mutuelles. Mais au fil du temps, le chef de l'Etat burkinabé et son homologue ivoirien ont fait preuve de sagesse pour renouer la confiance entre les peuples des deux pays. Aujourd'hui, cette confiance aidant, Blaise Compaoré a accepté sans aucune difficulté de servir de Facilitateur au dialogue direct entre l'ex-rébellion et le pouvoir d'Abidjan. Les résultats que les Ivoiriens obtiennent de sa médiation sont tels qu'au moment où il est question de célébrer la paix, cette personnalité ne peut être absente à ce rendez-vous. Blaise Compaoré présent au bûcher de Bouaké, c'est déjà l'expression d'un grand merci de la part de ses frères ivoiriens dont la mémoire collective n'oubliera jamais son nom. Pour ce qui est du Président Dos Santos de l'Angola, sa présence à Bouaké a un double sens. D'abord, c'est le grand ami du Président de la République souveraine de Côte d'Ivoire et ensuite, il est l'un des premiers chefs d'Etat africains qui se sont directement sentis concernés par la crise. Durant toute la crise, son pays n'a ménagé aucun effort pour apporter aux Ivoiriens, tous les soutiens nécessaires. Sur le plan diplomatique, Dos Santos a joué des rôles très importants. Face aux néo-impérialistes à l'ONU, le chef de l'Etat angolais est souvent monté au créneau pour défendre la souveraineté de la Côte d'Ivoire. Au moment où l'on doit définitivement enterrer la hache de guerre, une telle personnalité mérite les honneurs du peuple ivoirien.
Enfin Thabo Mbeki, le plus populaire de tous les médiateurs dont le nom restera également gravé dans la mémoire collective. Grand défenseur des libertés des peuples d'Afrique, le Président Mbeki est cet homme d'Etat qui a su dire non aux envahisseurs venus de l'hexagone et qui voulaient prendre ce pays et ses ressources économiques en otage. C'est chez lui que les meilleures négociations sur la crise ont commencé. En témoignent les deux Accords qui ont été signés. N'eût été la malhonnêteté de certains acteurs de la scène politique ivoirienne et de la France qui lui ont mis les bâtons dans les roues, le chef de l'Etat sud-africain n'était pas loin de réussir sa mission. Tout comme son homologue angolais, Thabo Mbeki s'est battu à l'ONU pour freiner les visées expansionnistes de la France en Afrique. Grâce à son combat, désormais à New York, les autorités onusiennes feront attention aux relations entre les pays du Nord et ceux au sud de la méditerranée. Sa présence à Bouaké, est la traduction directe de la victoire de l'axe du bien sur l'axe du mal. Gbagbo, Kufuor, Dos Santos, Mbeki et Compaoré ensemble pour le bûcher de la paix dans la capitale de l'ex-rébellion, c'est l'Afrique digne qui se retrouve.

Pierre Legrand
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