samedi 21 juillet 2007 par Notre Voie

Il ne m'est pas besoin de te nommer directement pour que les lecteurs miens te reconnaissent. L'histoire est vérité, laquelle qui finit par triompher comme la vertu triomphe toujours de la misère. Pour les anciens, tu es Cicéron (Quintus), célèbre maître de l'éloquence, et de sagesse, homme de grande culture, tribun et généreux en amitié. Chrétien, tu l'es au sens propre du terme (qui aime son prochain comme lui-même et qui craint Dieu). Pour les jeunes et ceux qui (enfin) te découvrent, tu es le woody?, cet homme courageux et endurant qui nous vient de Mama, ton natal village. Stratège ardent, à l'intelligence égale, politicien roué avec en nota bene mais mais il est fort?, tu dégages à la fois admiration et détestation, fascination et respect même chez tes adversaires que tu prends toujours de court en jouant sur la rapidité de tes feintes et esquives, ta marque (qui terrasse toujours pour de bon). Quelle histoire, que dis-je, quel flair !
1/- Au Manding, on chante non l'homme mais ses exploits
Tu es un homme qui s'est accompli. Et chez les mandingues que tu connais bien, on dit ceci : L'homme, qui s'est accompli, s'il est loué par les uns, est vilipendé par les autres?.Témoin, cette guerre ou crise absurde déclenchée en Septembre 2002 où tu as été accusé de tout et de son contraire. Tes adversaires qui te traitent encore en ennemi (à abattre) chargèrent ta figure de traits odieux pour te discréditer, pis, dix fois pis, pour dévaluer tes réalisations et succès. Comme la vérité finit par rattraper le mensonge, tu es désormais félicité de tout et de son contraire. Allah ka tchan dêmê (Dieu a aidé la vérité). Woody, tu es même à toutes les sauces, comme le fut l'empereur romain Jules César qui, du reste, te fascine à raison. Comme César, tu exerces exactement le pouvoir dans le strict respect de la légalité républicaine. Qui peut en douter aujourd'hui ? Dans cette forêt de qualifications objectives et non flatteuses car dans la culture mienne on chante et loue non l'homme mais ses exploits?, j'entends deux voix très lointaines. Celle de l'écrivain français, Max Gallo, qui fait du bien à mes oreilles exercées et qui dit à peu près ceci : Derrière tous ces mots qualifiants, il y a la vérité nue d'un comportement (franc, simple et honnête) sans les hypocrisies de notre champ politique fait de cynisme, de coups bas, de mensonge, de lâcheté, de couardise La deuxième voix me vient de Napoléon III, auteur de Histoire de Jules César?. Quand on demanda à Napoléon III, pourquoi une telle aventure littéraire sur César, il répondit et je cite : Mon but est de prouver que, lorsque la Providence suscite des hommes tels que César, Charlemagne, Napoléon, c'est pour tracer aux peuples la voie qu'ils doivent suivre, marquer du sceau de leur génie une ère nouvelle et accomplir en quelques années le travail de plusieurs siècles. Heureux les peuples qui les comprennent et les suivent? (cf. l'article juteux de Christian Goudineau, intitulé César invente la Gaule?, in Le Point n° 1631 du 15/08/03, p. 50). A méditer. Comme Napoléon III qui écrivit sur César, tu as écrit sur Soundjata, le roi du Manding, alias Sogolon Djata (Djata fils de Sogolon), Mari Djata (Djata le Maître), Magan Konaté (le roi Konaté), Sinbo (le héros de chasse), le Maître des thaumaturges Toutes ces qualifications qui ne te sont pas inconnues sont tirées des Louanges de Soundjata? (Soundjata fassa). Tu le sais et celui qui sait ne peut plus dire qu'il ne sait pas. Au manding on chante non l'homme mais ses exploits. L'histoire, cette science que tu maîtrises, est vérité. Elle nous apprend que c'est Soundjata qui, à son retour d'exil de Nêma-Kountounya, anoblit le Mandé, l'unifia et accorda à chacun liberté de pensée et d'action. C'est la raison pour laquelle il eut plus de renommée que tous les mansa (empereurs, rois) sur le trône du Mandé. Un vrai prince?, selon le traditionaliste Wa Kamissoko. Comme ce dernier, n'as-tu pas écrit dans ton ouvrage ceci à la page 68 : Un vrai prince, c'est celui qui sait sortir son peuple de tous les sales guêpiers? ?
Toi qui excelles dans l'art de redresser les situations fort compromises, que de sales guêpiers vaincus depuis ton arrivée au pouvoir d'Etat ! Mais par observation et désormais par expérience, tu sais qu'un train peut en cacher un autre. Sur le champ politique qui est par essence conflictuel, les guêpiers vont comme les trains De gbêrê-gbêrêko en massoubako? (c'est-à-dire de mal (heur) inattendu en pis). Autrement dit2 /- Ce n'est pas fini le pire étant encore devant. Il semble que pour certaines choses quand on dit c'est fini?, en fait ce n'est pas fini. La fin d'un pet n'est que le début de l'odeur qui se répand. HummmIl en va de même pour la guerre (dont la fin déclarée peut être suivie de bruits et de ses variantes). Témoins. Ces déchets toxiques, ces murmures de coups bas dans l'Etat, ces tirs de roquettes à distance sur ton avion qui transportait ton Primus (le premier de tes serviteurs), ce qui ressemble fort à une volonté de te lober, toi l'imbattable gardien du temple des institutions. Tes adversaires, en fait ennemis de la paix, n'ont pas lâché prise. Toujours aux aguets, comme le Démon. Maudits soient-ils ! Après le test de l'avion (avec ses plans A et B), ces broussards ont décidé de jouer leur prochain coup dans ta surface de réparation pour marquer (enfin) de but qu'ils appellent mort subite? et qui met brutalement fin à la partie Ami mien, tenchôn-tenchôn !!! (attention-attention !!!). Les griots ou nyamakala? (c'est-à dire la manche du maléfice, l'antidote du mal) descendants de Kaladjan Sangoï Toubaka, avaient, en chantant, conseillé (avec succès) ceci à Soundjata, assis sur la peau royale dans le grand vestibule du Mandé avec sa grande capacité d'écoute. Leurs paroles ont de quoi soulever les c?urs et ouvrir au maximum nos yeux en particulier les tiens qui voient que le serpent n'est pas encore mort?. Le chant en l'honneur de Soundjata lui dit ceci :
Sourire à son ennemi ne met pas fin au combat.
Se divertir avec son ennemi ne met pas fin aux hostilités.
Je te salue O grande peur des soirs de bataille.
Soundjata a dansé le Janjon devant la foule accourue sur la place du Mandé. Je te salue O triomphateur des soirs de bataille.
Notons que le Janjon? (à prononcer Djandjo?), c'est à la fois la peur que tout guerrier doit ressentir avant la bataille et la victoire sur l'ennemi. C'est aussi la victoire sur la peur et sur l'ennemi, c'est-à-dire le triomphe (cf. Janjon et autres chants populaires du Mali? de Massa Diabaté, Ed. Présence Africaine, Paris, 1970, p. 43). Que l'on dise ce 30 juillet 2007 ceci:
Le Woody a dansé à Bouaké le Janjon devant la foule accourue sur la place du bûcher des armes. Je te salue O triomphateur des soirs de bataille et des situations compromises. Que le chien qui ne change pas sa façon de s'asseoir prenne au sérieux l'os qui a résisté à l'hyène
Ami mien, Tchêba, tu es cet os Voilà ce que je sais du langage ancestral et je voudrais que ce je sais (modestement) soit aussi le tien. Le partager ainsi avec toi quelques jours avant Bouaké c'est t'inciter à plus de prudence, de vigilance et de détermination égale dans la crainte de Dieu qui continue de veiller sur toi. Merci en Dieu qui t'a donné à notre pays. Heureux ceux qui (comme moi) te comprennent et te suivent.

Koné Dramane

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023