samedi 21 juillet 2007 par Fraternité Matin

Le vent de paix et de réconciliation suscité par l'Accord de Ouagadougou n'est malheureusement pas ressenti dans certaines régions du pays. Dont Bouna. M. le président, vous venez de tenir la deuxième session ordinaire 2007 de votre Conseil général. Au moment où certains journaux parlent de vos difficultés sur le terrain, que peut-on retenir de ce Conseil?
Je peux dire de façon succincte qu'au terme de la deuxième session du Conseil général, nous retenons que le compte administratif du président que je suis dégage un résultat positif de 59. 510. 316 F et les conseillers nous ont donné quitus et nous ont félicité pour le travail abattu. Ce qui est une preuve palpable de notre bonne gouvernance. C'est fort de cette bonne gestion que les conseillers ont toujours pensé que j'étais l'homme qu'il fallait pour continuer de gérer le Conseil en coordonnant les actions de développement au niveau de Bouna. Les difficultés dont on parle sont d'ordre sécuritaire. Nous profitons de cet entretien pour remercier les conseillers pour la confiance qu'ils viennent de nous renouveler. A quoi faites-vous allusion quand vous parlez de difficultés d'ordre sécuritaire?
Nous avons, vous le savez, échappé à un assassinat le 20 février 2007 lorsque nous étions partis tenir à Bouna la quatrième session du Conseil général de l'année 2006. Depuis lors, nous ne sommes plus retournés à Bouna ville. Nous nous limitons à la zone de confiance et au département de Nassian sous contrôle gouvernemental parce que le commandant de zone, Mourou Ouattara, avait dit que notre sécurité n'est pas garantie si nous nous rendons dans leur zone. C'est pourquoi, nous parlons de problème d'ordre sécuritaire sur le terrain. Avez-vous essayé de régler ce problème avec les Forces nouvelles?
Mon parti (le PDCI) avait dit qu'il entreprendrait des démarches pour qu'il y ait un rapprochement en vue de la réconciliation. Mais je ne vois pas poindre à l'horizon cette réconciliation, puisque je devais aller à Bouna pour une mission du PDCI-RDA et le commandant de zone a dit que ma sécurité n'était pas assurée. C'est dire que rien n'a encore été fait. Pour revenir au Conseil général, quel tort cette absence sur le terrain cause-t-elle à vos populations à votre avis?
Au terme de ce bilan que nous avons fait et qui est positif, nous nous sentons encouragés, même si nous reconnaissons que beaucoup reste à faire. Nous n'avons pas encore atteint notre vitesse de croisière vu notre budget modeste. Le budget de 2006 était de 190 millions pour l'investissement et 165 millions pour le fonctionnement. En 2005, le budget qui devait être de 200 millions a été réduit à 107 millions et chaque année le budget est revu à la baisse en fonctionnement comme en investissement. Cela nous pose d'énormes difficultés. Pour répondre à votre question, je dirai que notre absence sur le terrain ralentit nos activités.
Mais nous essayons, malgré tout, d'entreprendre des actions de développement pour nos populations (voir encadré, NDLR). Certains disent que nous n'avons rien fait mais je préfère citer les noms des villages pour que ceux qui veulent vérifier ce que je dis aillent le faire sur le terrain. Outre les Forces nouvelles, vous aviez parlé de l'implication du RDR dans votre agression. Le PDCI et le RDR se sont-ils retrouvés pour en parler?
J'ai écrit au président du RDR, M. Alassane Ouattara, pour lui signifier que j'ai été agressé et que des militants de son parti étaient impliqués dans cette agression. J'ai également informé la direction de mon parti. Des discussions devaient avoir lieu au niveau du RHDP. Je suppose que cela a été fait.
Le Secrétaire général de mon parti, Alphonse Djédjé Mady, m'a dit qu'il a discuté avec Sidiki Konaté pour régler le problème. Mais je constate que pour le moment, il reste entier. Depuis l'Accord de Ouaga, il y a une volonté commune d'aller à la paix. Ne pouvez-vous pas mettre à profit cette ambiance favorable pour régler le problème?
Moi, je n'ai pas de problème. Il m'est arrivé d'appeler le commandant de zone pour lui parler d'une mission à Bouna. Mais il a coupé la communication. Il y a donc de mon côté une réelle volonté de décrispation. A preuve, Morifi Cissé qui était impliqué dans mon agression, lorsqu'il a été interpellé par les autorités judiciaires de Bondoukou, nous avons demandé qu'on le laisse partir à Bouna. Nous avons considéré cette agression comme un banal fait divers et sommes prêts, mes populations et moi-même, à faire la paix. J'ai demandé à tout le monde de garder le calme et de ne pas céder à la provocation parce que nous voulons aller à la paix. Etes-vous persuadé d'avoir toujours le contrôle du terrain, de la situation à Bouna?
Le terrain, la situation à Bouna appartient à Palé Dimaté. Vous pouvez vérifier cela partout. Ce qui s'est passé a même contribué à rehausser ma cote de popularité sur le terrain. Je sors grandi de cette agression parce que nos populations, qui sont foncièrement contre la violence, n'ont pas du tout apprécié l'agression dont j'ai été victime. On ne peut pas être aimé à 100% mais je puis vous affirmer que j'ai Bouna, dans sa grande majorité, avec moi. Cela se vérifie aisément à Téhini, Doropo, partout. On trouve tout de même curieux que vous qui, au plus fort de la crise arriviez à aller chez vous, soyez interdit d'accès à Bouna au moment où, à la faveur du vent de sortie de crise, tout le monde se rend chez lui.
Quand la crise a commencé, j'ai été dans un premier temps empêché d'aller chez moi. Je ne me suis rendu là-bas qu'après mille et une négociations en décembre 2004 pour les obsèques de ma mère. Le 22 janvier 2005, j'y suis allé pour la deuxième fois, depuis l'éclatement de la crise, dans le cadre de la réunion du Conseil général. Sinon de 2002 à décembre 2004, je n'ai pas mis les pieds à Bouna parce qu'il y avait beaucoup de mensonges sur mon compte. On m'accusait d'être le conseiller de Gbagbo, d'avoir reçu de l'argent de lui pour aller recruter des hommes au Ghana. Alors que je n'étais allé dans ce pays que pour apporter des vivres aux populations qui avaient fui la guerre et parmi lesquelles figurait Morifi Cissé. Lorsque, après la réunion du Conseil général du 22 janvier 2005, nous avons commencé à nous rendre régulièrement à Bouna, nos adversaires se sont dit que nous étions en train de récupérer le terrain. Il fallait trouver d'autres subterfuges pour nous arrêter dans notre avancée.
Mes adversaires avaient pensé que pendant mes trois ans d'absence sur le terrain, j'avais perdu mes électeurs ! Quand, en un rien de temps-, j'ai récupéré le terrain, ils ont estimé qu'il fallait, me freiner. Mais, contrairement à ce que ces personnes pensent, les actes posés contre nous, se retourneront contre leurs auteurs, comme je l'ai expliqué tout à l'heure. Nos populations rejettent tout acte de violence d'où qu'il vienne.
Allez interroger le chef de la mission du PDCI effectué récemment dans la région. A notre arrivée à Kopengué, des gens sont venus de la zone des Forces nouvelles pour prendre part au meeting que j'ai animé. Vous le constatez, plus on m'empêche, plus je deviens populaire. Vous pouvez aller vérifier cela en tant que journaliste. Depuis l'Accord de Ouaga, on assiste à quelques frictions au sein du G7 entre certains partis et les Forces nouvelles. Cela ne complique-t-il pas votre situation à Bouna?
Je pense que le G7 gagnerait à se ressouder parce qu'aujourd'hui, nous sommes tous d'accord pour aller à la paix et moi je suis prêt à aller dans les villages, inviter les populations à soutenir l'Accord de Ouagadougou. C'est pourquoi les Forces nouvelles, qui sont partie prenante de cet Accord et qui occupent aujourd'hui la Primature, ont intérêt à s'entendre avec tout le monde. Quiconque empêche un citoyen, a fortiori un élu d'aller chez lui, se déclare ennemi de la paix et de l'Accord de Ouaga. Je suis donc imperturbable et j'attends. La transition est toute faite pour parler de l'Accord de Ouaga. Qu'en pensez-vous et comment voyez-vous l'avenir du processus ?
A l'analyse, on constate que les résolutions 1633 et 1721 sont antinomiques de l'Accord de Ouaga en ce sens que ces résolutions installaient une espèce de bicéphalisme voire de dyarchie au sommet de l'Etat. A la différence de ces résolutions, l'Accord de Ouaga nous ramène à la Constitution. Cela veut dire que tout ce qui se fait aujourd'hui, tient compte de la Constitution.
Nous avons vu que, aussitôt le gouvernement formé, tout a commencé à bien marcher. Le Chef de l'Etat donne même la possibilité au Premier ministre de diriger les Conseils de ministres. Cela, à mon humble avis, est une grande avancée que nous pouvons applaudir. S'agissant du démantèlement de la zone de confiance, je pense qu'il est bon que très rapidement les brigades mixtes soient installées pour éviter d'exposer les populations de cette zone à l'insécurité grandissante. Pour terminer, nous nous félicitions des acquis de l'Accord de Ouaga et encourageons les uns et les autres à l'accompagner. C'est pourquoi, nous condamnons l'attentat manqué contre le Premier ministre Soro Guillaume le 29 juin dernier à Bouaké qui a coûté la vie à 4 personnes
Entretien réalisé par
Abel Doualy
Au-delà des querelles
Le président du Conseil général de Bouna, Palé Dimaté, préfère répondre aux accusations de ses détracteurs non pas par un silence qu'on jugerait méprisant. Mais par l'exhibition des faits, des réalisations sur le terrain en dépit des difficultés de tous ordres dont les conseils généraux sont, dans leur ensemble, confrontés.
Ainsi, des investissements ont été faits dans le domaine de l'éducation, de la santé de l'hydraulique villageoise, explique Palé Dimaté. Des écoles construites dans les villages de Dintédouo, Gborombirédouo, Séwè, Sanguinary, Dogbé-Bielpine.
D'autres sont, selon lui, en construction dont l'EPP Bondoyo, Mansitéon, Pouan, Wékélé, Kariwé-douo, Tougbawiri, Gboromkildouo. Au plan de la réhabilitation, on peut citer EPP Lankio, Piaye, Ondéfidouo, Gouméré. Toujours dans le domaine de l'éducation, au lycée de Bouna, les résidences du proviseur et de l'économe ont été réhabilitées. Idem pour le collège moderne de Nassian. C'est le lieu de signaler que les différentes écoles construites sont accompagnées de logements de maîtres à l'exception, fait remarquer M. Dimaté, des écoles de Sanguinary et de Sèwè. En outre, 416 bancs ont été offerts aux écoles quand 16 vacataires du lycée de Bouna reçoivent de l'aide du Conseil général. S'agissant de la santé, quatre dispensaires ont été construits à Talahini, Youndouo, Piaye et Kaltou-douo. Les deux premiers cités sont fonctionnels. Les deux derniers attendent d'être inaugurés. Trois autres sont en construction à Bogofa (Farako), Lomidouo et Sépidouo. Dans cet élan, poursuit le président du Conseil général de Bouna, 5500 doses de vaccin contre la méningite ont été offertes au district sanitaire le 30 janvier 2005. Le même district sanitaire a reçu 80 matelas le 4 février 2006. Pour ce qui est de l'eau, des retenues d'eau ont été faites à Bogofa, Kaltoudouo, Kinta et Kermatédouo. 171 forages ont été réhabilités entre 2003 et 2006. 163 réhabilitations ont eu lieu à Bouna sud et 120 à Bouna nord par l'Union européenne et l'Unicef. 125 nouveaux forages ont été offerts aux populations par la Banque arabe de développement en Afrique (BADEA).
A Doropo, le château d'eau est achevé et n'attend plus que la canalisation pour être fonctionnel. Quant à l'électrification, elle a touché le village d'Ondéfidouo où 40 poteaux ont été plantés.
Bref, le Conseil général de Bouna ne reste pas les bras croisés face aux nombreux défis sur le chemin du développement. Il essaie, dans la mesure de ses possibilités, de poser les actes qui répondent aux besoins des populations, fait remarquer le président Palé Dimaté.
A. Doualy

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