L'ex-frère rebelle, commandant de zone, qui a tiré sur l'avion du premier ministre Guillaume Soro a été identifié (voir alerte LC du 9 juillet). Pas encore le commanditaire... Le président Laurent Gbagbo a failli perdre son "meilleur ennemi". Celui qui lui a permis de dribbler les principaux chefs de l'opposition - Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié - ainsi que la France qui voulait imposer l'année dernière Charles Konan Banny. Le couple Gbagbo-Soro, à la vie, à la mort ? Au moins jusqu'à la présidentielle début 2008 après une "nuit des longs couteaux" parmi les commandants de zone qui n'auront pas obtenu des grades élevés dans l'armée ou de fortes sommes d'argent (jusqu'à un million ?). Et c'est Laurent Gbagbo, plus que jamais maître du jeu, qui les "gère"... Enquête sur les atouts des principaux protagonistes. Gbagbo, le roi et sa reine. Comme le "Vieux" avant lui, Laurent Gbagbo est devenu maître dans la gestion politique des rentes du pétrole et du cacao. Pour le pétrole, le président dispose d'un "brelan d'as" : le ministre des Mines et de l'énergie Léon Emmanuel Monnet, le tonton Laurent Ottro, président de la SIR (raffinage), et Fadiga Kassoum, le DG de la Petroci qui est aussi le beau-frère de Nadi Bemba, une proche du chef de l'Etat. Les flux financiers dans le secteur de l'électricité et du gaz sont gérés par Chantal Marie Jeanne Boni, directrice de la Sogepie. Dans le café-cacao, les fonds sont sous le contrôle de Didier Gbogou, DG de l'ARCC (l'Autorité de régulation et de contrôle), et de Firmin Kouakou, DG du FRC (Fonds de régulation et de contrôle), également directeur départemental de la campagne du candidat Gbagbo. Dans les ports d'Abidjan et de San Pedro, Marcel Gossio et Désiré Dallo sont à la man?uvre. Depuis la présidence, le conseiller spécial "finances" Aubert Zohoré a, de son côté, "la main" sur le ministre grand argentier Charles Koffi Diby. Pour l'achat des équipements militaires, c'est toujours Bertin Kadet, le " frère du village" du président, le donneur d'ordres... Avec cette manne, Gbagbo "traite" des centaines d'obligés, en particulier les chefs de village du pays. Les élections approchent... Dans son propre camp, c'est sa "reine", Simone Gbagbo, qui veille au grain.
Guillaume Soro, le joker du roi. Le "petit frère" de la Fesci (syndicat étudiant) devenu premier ministre est le super joker de Gbagbo. Par prudence, à peine Guillaume Soro a-t-il intégré la primature que Laurent Gbagbo a tissé des relations avec tous les anciens autres chefs de la rébellion, y compris "l'exilé" à Cotonou, Ibrahim Coulibaly "IB" (promesse de 100 millions F CFA, d'une villa et d'une forte sécurité rapprochée). En dehors du soutien de son "parrain", le président Blaise Compaoré, Guillaume Soro est aujourd'hui quasiment "à poil" avec quelques proches originaires comme lui de "Ferké" - son dircab Tiémoko Koné et son dircab adjoint Ouattara Largaton -, ainsi que son porte-parole conseiller spécial Méïté Sindou et les ministres Konaté Sidiki (Tourisme) et Moussa Dosso (Commerce). Guillaume Soro a même perdu son "scribe", la Française Anne Imbert, disparue des écrans radars. Mais il n'a que 34 ans et la vie devant lui...
ADO et HKB sur le carreau. Le grand perdant de l'accord de paix de Ouagadougou est, à l'évidence, Alassane Dramane Ouattara "ADO", le leader du RDR. Il s'est fait à la fois doubler par Soro et par le président Blaise Compaoré. Depuis, le RDR est en voie d'implosion avec la création d'un groupe de dissidents conduit par les anciens ministres Zémogo Fofana et Jean-Jacques Béchio, ainsi que par l'ancien porte-parole adjoint du RDR, Ali Keita (LC n°518). De son côté, l'ancien président Henri Konan Bédié "HKB", leader du PDCI, aimerait revenir au pouvoir en 2008 pour "fermer la parenthèse du coup d'Etat de 1999" qui l'a renversé... Ses proches estiment que la carte socio-ethnique du pays n'a pas vraiment évolué et qu'il est le seul "présidentiable" à pouvoir réunir sur sa candidature 25 à 30% de l'électorat baoulé. A contrario. Laurent Gbagbo
In "La Lettre du Continent N°522