samedi 21 juillet 2007 par Le Nouveau Réveil

A la faveur de l'assemblée générale ordinaire de l'Union patronale des boulangers et pâtissiers de Côte d'Ivoire, nous nous sommes entretenu avec le chef du département commercial des Grands moulins d'Abidjan (GMA), André Oka. Il dénonce, ci-dessous, la grande fraude et la concurrence déloyale qui favorisent une forte entrée de farine de qualité douteuse sur le marché ivoirien.
Quelles sont vos impressions à la suite de l'assemblée générale des boulangers et pâtissiers de Côte d'Ivoire?
Je remercie les boulangers et pâtissiers pour cette invitation. Nous sommes partenaires depuis plusieurs années et c'est toujours avec plaisir que nous prenons part à cette assemblée générale. Ils ont débattu en commission, de grandes idées ont émergé (...) Je pense que lorsqu'on est élu avec un tel résultat (82,32%), on peut d'emblée faire confiance à l'équipe qu'on a en place, on peut dire qu'il y a une unité autour du président élu, M. Ahuili François.
En tant que partenaire, quel sera votre apport?
C'est par rapport au projet qu'ils ont. Nous sommes partant avec les idées soumises. Aux Grands moulins d'Abidjan, nous restons disponible pour réfléchir à d'autres actions au profit de la profession. Pour cela, nous soutenons la nouvelle quipe.
Peut-on être rassuré de ce que le prix de la farine ne sera pas revu à la hausse ?
Vous avez dû voir sur Internet l'évolution du marché international, les cours du blé ont effectivement flambé. Dans la sous-région, le prix moyen de la farine oscille entre 305.000 et 310.000 Fcfa. Au Burkina et au Mali, on est à ce prix là. En Côte d'Ivoire, nous sommes à 275.00Fcf, la tonne de farine. Qu'est-ce qui explique cette différence ?
C'est un choix, nous sommes un pays en crise, nous connaissons la réalité du pouvoir d'achat de nos populations et nous avons décidé de prendre sur notre marge en attendant que la situation ne s'améliore. C'est vrai, avec le temps, ça devient lourd. Aujourd'hui, effectivement, les prix du blé ont augmenté. Nous voudrions mettre cela sur le compte de la spéculation. On est à la veille de la récolte du blé, nous attendons de voir d'ici, que les récoltes soient effectives que les volumes mis à la disposition des pays demandeurs soient réalisés et on avisera. S'il devrait avoir augmentation du prix de la farine, je pense que nous prendrons les dispositions pour informer nos autorités comme on l'a toujours fait. On joue la transparence des prix, et on informera les boulangers qui sont nos partenaires. C'est une réalité, les cours du blé sont à la hausse. Quels sont vos rapports avec l'Etat ?
Nous sommes une entreprise privée, avec l'Etat, nous payons nos impôts. Comme toute bonne entreprise, nous faisons face à nos obligations envers l'Etat. Nous avons de bons rapports avec l'Etat. Ce que nous souhaiterons que l'Etat apporte à la profession boulangère, c'est d'aider tous les opérateurs de la filière à lutter contre la fraude, contre la concurrence déloyale. Il y a une forte présence de farine importée sur le marché, de qualité douteuse, qui n'est pas contrôlée. Faisons attention, parce qu'il y va de la santé publique. Nous insistons sur le fait que ces farines doivent être nécessairement contrôlées. Y a-t-il un service chargé de ce contrôle ?
II y a des structures au niveau de l'Etat qui existent, peut-être qu'il faut les renforcer pour que ce travail soit effectivement fait.
Ce qui n'est pas le cas ?
J'ose penser qu'ils font effectivement leur travail. Le constat que nous faisons et le rapport que les boulangers nous soumettent souvent, nous font croire que ce travail n'est pas fait comme il se devait. C'est ce que les boulangers nous disent. Le risque, c'est l'amalgame qu'il y a entre ces farines importées de qualité douteuse et nos farines. Parce que, comme on le dit dans le langage populaire, "farine, ce n'est pas farine". La Côte d'Ivoire a mis en place un système de qualité Codinorm. Nos farines répondent aux normes Codinorm. Ce qui n'est pas le cas de ces farines importées. Il faut faire attention. Chaque fois que nous avons l'occasion de rencontrer les autorités, nous attirons leur attention sur ce fait. Il faut prendre les dispositions pour éviter les drames. On souhaiterait aussi que l'Etat nous aide à améliorer l'hygiène et la qualité du pain. Vous avez dû visiter certaines boulangeries. Il faudrait que l'autorité puisse contrôler l'hygiène et tout cela contribuera à faire évoluer la profession vers un mieux-être. Même jusqu'au transport...
Jusqu'au transport. C'est pas normal qu'on distribue le pain dans des taxis, sur des vélos... dans des conditions d'hygiène déplorables. Quand il y a la concurrence déloyale, la fraude et le manque d'hygiène, ça tue l'Economie.
Propos recueillis par P. Tadjau à Yamoussoukro

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