Cinq années après le déclenchement de la crise armée, le chef de l'Etat, Laurent Gbagbo, foulera pour la première fois, le sol de Bouaké, le 30 juillet prochain. Pour ce déplacement que toute la Côte d'Ivoire attend avec impatience, l'ancien opposant a cru bon de solliciter la participation de plusieurs chefs d'Etat africains, dont José Edouardo Dos Santos, le président de la république d'Angola. Cependant, beaucoup d'Ivoiriens qui ont cerné la tendance pathologique de cet homme à privilégier l'option militaire dans le règlement d'un conflit, ne cessent de conseiller la prudence et surtout la vigilance aux Forces nouvelles.
Sauf changement de dernière minute, la capitale de la vallée du Bandama accueillera, le 30 juillet prochain, un visiteur de taille : Laurent Gbagbo. Celui-ci, pour la première fois depuis l'insurrection armée des zinzins et des baéfouès le 19 septembre 2002, foulera le sol de Bouaké. Mais, pour un évènement aussi historique , Laurent Gbagbo n'a pas voulu effectuer seul le déplacement. Il a ainsi sollicité et obtenu la présence effective de certains chefs d'Etat africains, dont les présidents Thabo MBeki de l'Afrique du Sud et Blaise Compaoré du Burkina Faso. La visite de ces chefs d'Etat qui était prévue le 05 juillet dernier, a finalement été reportée au 30 juillet prochain,
Un invité suspecté
en raison de l'attaque meurtrière contre le fokker 100 présidentiel qui transportait le Premier ministre et sa délégation, le 29 juin à Bouaké. En effet Laurent Gbagbo, en plus des présidents MBeki et Compaoré, s'est cru obliger de solliciter le concours de celui que l'imagerie populaire présente comme son potentiel parrain, M. José Edouardo Dos Santos. Cependant, l'arrivée du chef de l'Etat angolais dans le quartier général des Forces nouvelles, le 30 juillet prochain, continue de susciter divers commentaires en Eburnie. D'abord, parce que depuis le déclenchement de la crise armée en septembre 2002, M. Dos Santos et l'Angola n'ont ménagé aucun effort pour venir à la rescousse du pouvoir d'Abidjan. Ainsi, des informations crédibles avaient fait état de ce que des mercenaires angolais avaient été déployés sur les différentes lignes de front pour mater l'ex-rébellion. Ensuite, en plus du potentiel humain, l'Angola avait également fourni d'énormes moyens logistiques au régime Fpi en difficulté. Le comble, c'est que l'ex-ambassadeur de ce pays accrédité en Côte d'Ivoire, feu Carlos Beli Belo, ne s'embarrassait pas de fioritures pour soutenir, à visage découvert, Laurent Gbagbo et la refondation. A telle enseigne que nombre d'Ivoiriens se sont même posé la question de savoir si Béli Belo était devenu un jeune patriote plus porté vers la défense des thèses de la refondation. Egalement, l'Angola et son président ne s'étaient pas gênés, selon d'autres sources, pour mettre à la disposition du régime ivoirien, des renseignements généraux (RG) de renom, pour infiltrer les zones placées sous contrôle des Forces nouvelles. On ne peut oublier le char angolais tombé en panne au quartier biafrais à Treichville. Aujourd'hui, avec l'arrivée de Dos Santos à Bouaké, d'aucuns craignent que cette ville ne soit à nouveau infiltrée par d'autres visiteurs. Cette crainte des Ivoiriens est d'autant plus justifiée que l'attaque perfide contre l'avion du Premier ministre n'a été rendue possible qu'à la suite de la rencontre de football entre la Côte d'Ivoire et Madagascar qui avait donné l'occasion à des mouvements entre Bouaké et d'autres villes. Les mauvaises langues rapportent même que c'est cette occasion de relâchement des Forces nouvelles, qui a permis l'entrée massive des armes et autres R.G à Bouaké pour étudier les positions des soldats des Fafn pour porter l'estocade au Premier ministre. Qu'en sera-t-il alors du rendez-vous du 30 juillet prochain, où celui-là même qui conseille l'option militaire au chef de l'Etat ivoirien sera lui-même présent sur le terrain ? En tout état de cause, chat échaudé craignant l'eau chaude, des Ivoiriens conseillent la prudence et la vigilance aux Forces nouvelles.
J.J