Pour une fois, une résolution des Nations Unies sur la Côte d'Ivoire mécontente l'opposition.
L'adoption à l'unanimité de la résolution 1765 du conseil de sécurité de l'ONU a jeté un coup de froid dans le milieu de l'opposition ivoirienne. Le PDCI-RDA d'Henri Konan Bédié et le RDR d'Alassane Dramane Ouattara sont les plus virulents contre cette résolution qui supprime le poste du Haut représentant des nations unies pour les élections en Côte d'Ivoire (HRE). Alphonse Djédjé Mady, secrétaire général du PDCI-RDA accuse le conseil de sécurité d'avoir pris une décision unilatérale? et lui reproche d'avoir reculé alors que, selon lui, tous les acteurs politiques étaient unanimes à réclamer le maintien de ce poste. Reconnaissant que les nations unies ont leur raison?, lui qui a toujours appelé la communauté internationale à tout régenter en Côte d'Ivoire a aujourd'hui changé d'avis. Je pense que les Ivoiriens, par eux-mêmes, doivent rechercher les conditions d'une paix durable?. Il a joutera plus loin que les Ivoiriens doivent comprendre qu'ils doivent, eux-mêmes, prendre en main leur sort?.
De son côté, Ally Coulibaly, porte-parole du RDR pense que la résolution de l'ONU est un mauvais signal, un mauvais message? parce que, selon lui, elle remettrait en cause la crédibilité des prochaines élections en Côte d'Ivoire.
A contrario, le mouvement des Forces d'Avenir (MFA), par la voix de son président Innocent Anaky Kobena, allié du PDCI et du RDR dans le cadre du RHDP, approuve la résolution. Au RHDP, nous sommes surpris qu'une certaine presse et des hommes politiques considèrent la suppression du poste du Haut représentant de l'ONU pour les élections comme un camouflet?, soutient-il. Lui qui estime que la résolution 1765 est bonne?. C'est également l'avis de Sylvain Miaka Ouretto, secrétaire général du Front populaire ivoirien (FPI), parti du président Gbagbo qui estime, pour sa part, que c'est une résolution qui mérite d'être saluée? dans la mesure où elle ne contredit nullement l'Accord politique de Ouagadougou signé le 4 mars 2007 par le président Gbagbo et Guillaume Soro.
En effet, ledit Accord avait supprimé, sans le dire expressément, le poste du Haut représentant des nations unies pour les élections. Dans son rapport de mai dernier le secrétaire général des Nations unies, le Coréen Ban Ki-moon, respectant l'esprit et la lettre de cet Accord, avait proposé au conseil de sécurité la suppression pure et simple du poste et le reversement de ses prérogatives au représentant spécial du secrétaire général des nations unies en Côte d'Ivoire. Au fond, il s'agissait sûrement pour Ban Ki-moon de mettre un peu de lisibilité dans la mission des nations unies en Côte d'Ivoire qui était marquée par une flopée de haut fonctionnaires dont les rôles se chevauchaient pratiquement. Car, s'il ne s'agissait que de certifier la crédibilité des élections, elle peut être faite par la division électorale de l'opération des nations unies en Côte d'Ivoire qui dispose d'une division électorale. Et la présence du HRE faisait effectivement double emploi. C'est bien ce que le conseil de sécurité a compris en supprimant ce poste qui était de trop.
En réalité, ce qui attriste une partie de l'opposition ivoirienne, c'est qu'elle nourrit le secret désir de pousser le HRE à se substituer aux institutions ivoiriennes chargées des élections. Contrairement à l'accord de Pretoria 2 qui sollicitait ce poste, l'opposition ivoirienne soutenue par Chirac avait réussi à donner des pouvoirs inutilement exorbitants au HRE. Ainsi, la résolution mort-née numérotée 1721 faisait du HRE l'alpha et l'oméga des élections en Côte d'Ivoire. Il devait être le seul recours en matière de contentieux électoral. Alors que, initialement le HRE devait apporter un appui aux structures ivoiriennes.
Evidemment, comme qui trop embrasse mal étreint, l'opposition ivoirienne a obtenu le contraire de ce qu'elle souhaitait.
Pour autant, il est archi-faux de faire croire que la suppression de ce poste discrédite forcément les futures élections. Puisque l'ONU est toujours présente à toutes les étapes du processus électoral.
Augustin Kouyo