jeudi 19 juillet 2007 par Fraternité Matin

J'invite le Président de la République et le Premier ministre à continuer le travail qu'ils ont commencé. Qu'ils soient solidaires dans le malheur comme dans le bonheur et évitent qu'un petit vent puisse les séparer. Tel est le v?u formé hier, par le chef central de Payopa, dans la sous-préfecture de Gagnoa, Nanan Zié Jean Gervais. C'était au terme de la conférence qu'il a prononcée à la Maison de la presse d'Abidjan, au Plateau, dans le cadre des Grandes rencontres initiées par l'Association de la presse diplomatique de Côte d'Ivoire (APDCI). Le thème choisi : Quel apport de la chefferie traditionnelle dans le processus de réconciliation nationale ?. Nanan Zié Jean Gervais qui est également secrétaire général de l'Association des rois et chefs traditionnels de Côte d'Ivoire était accompagné de certains de ses collègues, notamment Nanan Abotcha, chef du village de Cocody-Blockhauss et du prince de Kong, Ouattara Bamara.
Cette conférence inaugurale de l'APDCI, présidée par M. Abel Doualy, a été l'occasion pour le chef central de Payopa de retracer, étape par étape, les démarches effectuées par les chefs et rois depuis les négociations de Lomé jusqu'au dialogue direct avant d'envisager les perspectives. Celui qui a commencé la négociation alors qu'il n'était même pas encore chef de village a fait des recommandations pour la consolidation de la paix dans le pays. Se mettre ensemble avec nos frères du nord, demander pardon au chef. Pardonner sincèrement à la France car notre histoire est liée à celle de ce pays et la création d'une commission franco-ivoirienne pour la réconciliation. Réveiller les anciennes alliances et réfléchir à des alliances futures, notamment entre les peuples Bété et Sénoufo. Rechercher la pureté de l'esprit, rapprocher les peuples, encourager les mariages inter-ethniques et l'intégration des communautés pour mettre fin aux conflits fonciers, le respect des aînés, des traditions et des cultures, la prise en charge de tous les rois et chefs traditionnels par l'Etat, le retour des exilés Nanan Zié a exhorté ses collègues à ne plus jouer aux applaudimètres des hommes politiques lors des manifestations. Il est important, selon lui, qu'ils fassent prévaloir leur dignité de chefs. Il estime que l'Etat doit être juste pour prendre en compte tous les chefs et non une partie. Ce qui garantirait leur dignité et leur indépendance, surtout qu'ils sont des auxiliaires de l'administration. Le chef central de Payopa a réitéré le souhait de sa structure d'être reçue par le président du RDR, Alassane Ouattara, pour discuter dans un esprit d'ouverture. Il s'étonne qu'il n'ait pas réagi depuis que la demande est faite, il y a trois mois mais espère que ce soit lié à un manque de temps. Par ailleurs, le conférencier estime que l'Etat gagnerait à octroyer des moyens aux chefs, parce qu'ils sont également qualifiés, pour développer leur village plutôt que de donner des milliards aux conseils généraux. Il a annoncé de grandes manifestations et une implication effective dans le règlement de toute crise qui surviendra à compter de maintenant. Dans son mot introductif, le président de la presse diplomatique, Abel Doualy, a justifié le choix de l'orateur pour deux raisons. D'une part, Nanan Zié Jean Gervais, en sa qualité de chef coutumier, est un homme de sagesse qui a l'art de la parole. Une fonction qui le rapproche de celle du diplomate. D'autre part, c'est une personnalité qui était effectivement sur le terrain, à Lomé aux premières heures de la crise. Ayant donc été au début, il estime qu'il était bon qu'il soit à l'arrivée du processus de paix. Les collègues du conférencier se sont félicités de l'initiative de la presse diplomatique et ont apporté leur contribution pour manifester l'union entre les chefs. La rencontre avait pour modérateur Criwa Zéli, vice-président de l'APDCI. De Lomé à Ouaga. Son implication dans la règlement de la crise date, a-t-il dit de 2002 alors même qu'il n'était pas encore chef et qu'il était affecté par les événements au même titre que tout le monde. Il dit s'être senti interpellé parce qu'on racontait au début que c'était une guerre fratricide opposant le Président Gbagbo à Dacoury-Tabley Louis André. Grâce au soutien des cadres de sa région, il s'est rendu à Lomé, en novembre 2003, en compagnie d'autres frères pour une mission non officielle. Un choix qui n'est pas fortuit. Il s'agit de l'Abbé Gnako Célestin et Paul Arnaud, respectivement frère spirituel et neveu de Dacoury-Tabley Louis André. Si le premier contact a été difficile, grâce au miracle de Dieu, la suite du séjour a été plaisant. Il avait même été convenu, a-t-il ajouté, que les deux délégations, le camp présidentiel conduit par le président Laurent Dona-Fologo et l'ex-rébellion par Guillaume Soro se rencontrent à Kara pour un dialogue direct lorsque le projet a été court-circuité par la France avec Linas-Marcousis. Il s'y est à nouveau rendu, cette fois avec des chefs du Nord dont l'Imam Idriss Koudous, l'affaire étant devenue nationale. Nanan Zié s'est également impliqué dans le débat sur l'attribution du ministère de la Défense à l'ex-rébellion, et a participé au sommet d'Accra et à une conférence internationale où il a expliqué aux représentants de l'ONU l'importance d'une rencontre directe. De même qu'à un débat télévisé et à la sensibilisation des leaders politiques et religieux. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle Paul Arnaud estime que le dialogue direct qui a donné un résultat positif aujourd'hui a débuté à Lomé en 2003 quand le conférencier pense que l'idée a germé lors du débat télévisé. Ses atouts sont la foi en Dieu, la sincérité, la transparence et l'hospitalité, traits caractéristiques du chef en pays Bété.

Paulin N. Zobo

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