Mme Christine Van Nieuwenhuyse, directeur régional adjoint du PAM séjourne en Côte d'Ivoire. Madame, à quoi répond la mission que vous effectuez en Côte d'Ivoire ?
Le Programme alimentaire mondial (PAM) vient d'approuver un nouveau programme d'assistance à la Côte d'Ivoire de 47 millions de dollars qui correspondent à environ 41 000 tonnes de vivres destinés à quelque un million de personnes. Ce programme, prévu pour 18 mois, devait démarrer le 1er juillet dernier. Il s'étend jusqu'à la fin de 2008 et soutient le gouvernement de Côte d'Ivoire dans sa sortie de crise. Il est, par ailleurs, orienté vers la reconstruction, la réhabilitation. Le grand changement par rapport au programme précédent, c'est que la composante humanitaire est diminuée au profit d'actions à moyen terme de redressement et de réhabilitation. Quels sont les bénéficiaires de ce programme ?
Ce programme a été conçu à la suite d'une double enquête nutritionnelle et de vulnérabilité menée à la fin de 2006. Et dont les résultats ont été combinés, afin de permettre de dégager les populations et les zones géographiques cibles souffrant d'insécurité alimentaire. Les activités proposées à cet effet sont celles qui sont autour de l'éducation, donc en grande partie la poursuite de notre programme de cantine scolaire, et de l'encouragement des filles à fréquenter l'école. Mais aussi un programme de redressement de l'agriculture, à travers un appui à la distribution de semences, aux enfants mal nourris et aux personnes vivant avec le VIH/SIDA. Au cours de votre mission, vous êtes allée sur le terrain. Quel appui pensez-vous que
le PAM puisse concrètement apporter au gouvernement ivoirien ?
Je me suis rendue dans une école autour d'Abidjan où la cantine scolaire marche très bien. Le signal que je voudrais donner, c'est que la Côte d'Ivoire est un pays où la dynamique est vraiment intéressante. Le travail que nous faisons avec la division nationale des cantines scolaires (DNC) est un travail extrêmement valorisant. Parce que non seulement il y a l'assistance alimentaire pour les cantines scolaires, mais il y a aussi le soutien des groupements féminins et des parents qui complémentent l'assistance alimentaire. Dans cette école, il y a un dynamisme que j'ai vu rarement ailleurs. Dans les zones vulnérables de l'ouest et du nord, il faut tabler sur cet engagement des populations. Et les soutenir au maximum. Le redéploiement de l'administration à l'intérieur du pays vient de commencer. Est-ce à dire que votre assistance va changer de nature ?
Le PAM n'est pas fait pour rester dans un pays comme la Côte d'Ivoire. A la longue, l'assistance du PAM va changer de nature. Elle a d'ailleurs changé de nature. Au début, c'était une assistance purement humanitaire. Main-tenant, elle s'oriente plus vers la reconstruction et nous espérons qu'à plus long terme, elle deviendra minimale pour supporter des projets de développement.
Au fur et à mesure que le redéploiement se fera, le PAM devrait se retirer progressivement et donner la main aux autorités locales.
Une place de choix est donnée aux cantines scolaires dans l'assistance que vous apportez. Or dans certaines régions, il n'y a plus d'école
C'est une de nos préoccupations. L'assistance au niveau des cantines scolaires n'est qu'un élément dans une stratégie de l'éducation. Nous appelons le gouvernement à essayer d'envisager les choses de façon globale. Il y a des fonds qui sont mis à la disposition du gouvernement par l'Union européenne et d'autres bailleurs de fonds pour construire des écoles. Construisons des écoles, mais prévoyons des cantines, des latrines et de l'approvisionnement en eau dans ces écoles.
En termes de valeur, à combien se chiffre l'appui du PAM au gouvernement de Côte d'Ivoire depuis le début de la crise ?
Depuis 2002, l'assistance du PAM en Côte d'Ivoire se chiffre à quelque 100 millions de dollars. Pour le moment notre programme va à la fin de 2008. Après, il est bien entendu que nous ne fermerons pas les portes. Seulement le programme va être diminué.
Interview réalisée par
Ernest Aka Simon