jeudi 19 juillet 2007 par Fraternité Matin

Il n'y a pas de candidat naturel à l'ANCI. Zémogo n'est pas notre candidat naturel. Il n'est que le président du parti. C'est en ces termes que le Secrétaire général de l'Alliance pour la nouvelle Côte d'Ivoire (ANCI), Jean-Jacques Béchio, a voulu traduire,hier, le degré de démocratie et de liberté que le nouveau parti entend pratiquer en son sein. L'ANCI ne sera pas la plantation de Zémogo. Il est notre chef, il sera respecté comme tel, a-t-il poursuivi. M. Béchio animait une conférence de presse dans une imposante bâtisse, siège du parti, aux Deux-Plateaux. Selon ses précisions, à l'ANCI ce qui importe, c'est le programme de gouvernement que l'on propose à la Côte d'Ivoire pour mettre fin à ses souffrances et non une quelconque candidature. Le moment venu, a-t-il expliqué, le parti saura désigner son candidat. Ce n'est pas cela notre préoccupation, a-t-il insisté.
Il a notamment martelé que l'ANCI ne saurait cultiver le culte de la personnalité, l'exclusion, encore moins le tribalisme comme certains partis de la place. Le numéro deux du parti de Zémogo Fofana faisait ainsi allusion à son ancien parti, le RDR, qu'il a fortement attaqué tout au long de cette rencontre avec la presse. Zémogo n'a pas été envoyé au RDR par Boundiali, a fustigé Jean-Jacques Béchio. Il répondait ainsi aux allégations qui font état de ce que le département de Boundiali d'où Zémogo Fofana est originaire l'a abandonné parce qu'il a quitté le RDR. Un Monsieur dit qu'il quitte un parti, et ça devient une affaire de religion. S'il avait été bouddhiste, irait-on chercher le chef des bouddhistes pour faire pression sur lui ?, s'est-il emporté; laissant entrevoir la nature de la pression que l'ancien secrétaire national chargé des Affaires du RDR a subie quand il a décidé de claquer la porte du parti dirigé par Alassane Dramane Ouattara. On dit que je n'ai pas de base. Quelle est la base de M. Ouattara ? A-t-il été une seule fois élu dans ce pays ?, s'est énervé le conférencier, applaudi par de nombreux militants qui ont pris d'assaut le siège du parti. Et qui ont assisté, debout (faute de chaises), à la rencontre de leur secrétaire général avec les journalistes, qui a duré plus de deux heures. M. Ouattara a tout fait pour moi. Il m'habille, il me nourrit, il paye l'école de mes enfants. Et après ? En quoi cela résout-il les problèmes de la Côte d'Ivoire ?, s'est-il indigné. Avant de claquer : j'ai tout perdu à cause du RDR, et ma carrière, et mes biens. J'ai vendu des maisons pour payer les cours de mes enfants (...) J'ai passé trois ans sans recevoir un seul coup de fil de M. Ouattara. Y en a marre de la gueule de bois. Je ne suis pas à acheter, mais à prendre comme une femme. Et on ne peut pas prendre une femme avec de l'argent, a tranché le conférencier sous les ovations des militants.
Le Secrétaire général de l'ANCI a averti qu'il dévoilera des secrets au moment de la campagne et cela portera un coup dur au président du RDR. Je ne suis candidat à rien. Zémogo n'est candidat à rien. Les candidats ont intérêt à faire attention (...) Quand les élections vont venir, ils (les dirigeants du RDR) ne vont plus jamais écrire une seule ligne sur moi, sinon je parlerai et leur candidature sera menacée, a proféré M. Béchio sous un tonnerre d'applaudissements. Le N° 2 de l'ANCI a par ailleurs indiqué que ce parti fera la
politique autrement en Côte d'Ivoire. Il s'agit, à en croire le conférencier, entre autres, de dépassionner le débat politique en traitant les problèmes de façon froide. Dire la vérité, rien que la vérité, dire les choses de façon directe, prêcher soi-même l'exemple, pour que les autres soient enclins à vous suivre dans ce que vous faites, apporter le soutien à ceux qui sont aux affaires sans complaisance. Jean-Jacques Béchio a annoncé que la nomenclature de son parti sera communiquée dans les jours qui viennent et qu'un congrès sera organisé. Il a relevé que l'ancien juge, Epiphane Ballo Bi, est membre fondateur de l'ANCI. A la conférence de presse hier, l'on a noté la présence, entres autre, de Mme Oulaï Philomène (qui a avait été intéressée par la course à la présidence du Rassemblement des femmes républicaines (RFR) en 2006, avant d'y renoncer), l'ancien maire d'Anyama Sylla Amidou. M. Béchio a précisé que les militants de l'ANCI proviennent du RDR, du PDCI mais aussi d'autres partis et de la société civile.

Pascal Soro

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