mercredi 18 juillet 2007 par Le Matin d'Abidjan

Le séminaire stratégique organisé vendredi dernier par la Fondation nationale des sciences politiques aura été l'occasion pour les intellectuels ivoiriens et les diplomates français à Abidjan de plancher sur l'avenir des relations franco-ivoiriennes.

Les conclusions du sondage réalisé par Axes Marketing pour le compte de la Fondation nationale des sciences politiques - présenté vendredi dernier à l'hôtel Novotel - montrent que l'image de la France dans l'opinion ivoirienne est globalement positive même si elle ne constitue plus le 1er pôle d'attraction pour les Ivoiriens surtout chez les jeunes générations. En effet, la perception des relations franco-ivoiriennes, selon le sondage, s'est dégradée considérablement dans l'opinion avec la crise de 2002 (de 90% avant la crise on est passé à 65% aujourd'hui) ; pourtant les deux pays étaient perçus comme des partenaires par la quasi-totalité des interviewés. Surtout que cette étude indique également que durant cette crise, la France ne s'est pas comportée, pour la majorité des interviewés, comme un pays ami. Aujourd'hui, la coopération franco-ivoirienne s'est dégradée et la politique africaine de la France est assimilée à un rapport d'intérêt. La France ne jouit plus de son statut de partenaire privilégié. Les différentes interventions qui ont suivi la présentation de ces résultats d'enquête ont confirmé le désamour entre l'ancienne puissance coloniale et la Côte d'Ivoire. Tous ont été unanimes à proposer dans le cadre du futur et avec l'élection d'un nouveau chef à la tête de l'exécutif français un nouveau type de coopération entre la Côte d'Ivoire et la France. Même si, selon les résultats du sondage, les Ivoiriens sont sceptiques quant à une nouvelle politique africaine de la France avec Nicolas Sarkozy. Les débats qui ont suivi les différents ateliers du séminaire stratégique intitulé " Après les élections : quelle politique africaine pour la France " ont permis de dégager l'idée de la nouvelle coopération souhaitée par les Ivoiriens. La nouvelle coopération selon les différents intervenants devra tenir compte des nouvelles réalités du monde ; en s'éloignant de celles de la période coloniale. Et la contribution du président du parti au pouvoir à cette rencontre annonce le type de coopération que la Côte d'Ivoire entend mener avec l'ancienne puissance coloniale : " il n'y a pas dégradation dans les relations entre la France et la Côte d'Ivoire. Il y a plutôt une évolution. Cette évolution est normale. Les rapports entre la Côte d'Ivoire et la France ne peuvent pas rester statiques alors que le monde évolue. Alors que de nouvelles puissances émergent, que la population ivoirienne évolue. Les sentiments des Ivoiriens vis-à-vis de la France au lendemain des indépendances, dans un contexte de guerre froide de partie unique ne peuvent pas être les mêmes aujourd'hui alors qu'on parle de mondialisation, de démocratie en Afrique. C'est tout a fait normal, la France ne peut pas rester toujours le partenaire privilégié de l'Afrique. Il y a de nouvelles puissances qui émergent en Asie : la Chine n'est pas la même il y a 50 ans, de même que l'Inde. C'est tout à fait normal que nous Ivoiriens nous nous inscrivions dans cette évolution dynamique et que ce soit normal que la France ne soit plus un partenaire privilégié, que la France, ne soit plus l'Etat providence. Il faut l'accepter. Ce qui a été dit par l'Ambassadeur de France à travers le discours de Sarkozy montre qu'en France la nouvelle génération qui arrive aux affaires appréhende ces rapports dans cette dynamique. Il nous appartient de ne pas en faire un drame. Il y aura des domaines dans lesquels nous aurons une coopération renforcée, des domaines où il y aura des partenaires plus compétitifs. Et c'est comme cela que la Côte d'ivoire va évoluer vis-à-vis de la France et des autres puissances mondiales. Parce que le monde bouge ". En clair, les Ivoiriens sont unanimes à soutenir que le clientélisme qui jusque-là marquait les rapports de la France avec le continent africain doit prendre fin avec la montée aux affaires de la nouvelle génération incarnée par Nicolas Sarkozy. La France assurément doit se plier aux nouvelles exigences des échanges planétaires. Reste à savoir si le président français Nicolas Sarkozy qui se présente comme un personnage en rupture avec les anciens dirigeants français s'inscrira dans cette logique.

ROBERT KRA

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