mercredi 18 juillet 2007 par Le Patriote

La nouvelle résolution adoptée par l'ONU, supprimant le poste de Haut Représentant aux Elections, n'est pas du goût des Ivoiriens.

La 1765 ! C'est une résolution qui risque de poser plus de problèmes qu'elle n'en résoudra en réalité. Elle risque même d'exacerber les antagonismes entre les acteurs ivoiriens. Pour la simple raison qu'en supprimant le poste de haut représentant aux élections, l'ONU démontre par là même qu'elle n'a rien compris, absolument rien, aux causes profondes du conflit armé en Côte d'Ivoire. Est-il besoin de rappeler à la sagacité des fonctionnaires de l'ONU que la crise actuelle est la résultante d'une crise identitaire et d'un contentieux électoral accentués par une crise de confiance profonde entre les principaux acteurs. La résolution d'une telle crise exige de la communauté internationale et des représentants de la médiation internationale une prise en compte de la dimension électorale du conflit. C'est-à-dire qu'il importe de garantir, en premier lieu, les conditions de régularité et de transparence des prochaines élections. Toute chose qui passe nécessairement par un arbitrage, une observation, une supervision et une certification internationale. Et c'est fort de cette réalité implacable de la vie politique ivoirienne que les principaux leaders se sont réunis à deux reprises à Pretoria (Début avril et fin juin 2005) à l'initiative du président Thabo Mbeki pour trouver un consensus minimum et vider le contentieux électoral qui sous tend le conflit inter ivoirien. A cette occasion, ils se sont mis d'accord pour demander à l'ONU la nomination d'un Haut Représentant aux Elections qui puisse arbitrer et certifier toutes les étapes de l'organisation des élections en vue d'en garantir la crédibilité. Le Portugais Antonio Monteiro est le premier fonctionnaire international à avoir exercé à ce poste. Il est remplacé des mois plus tard par le Suisse Gérard Stoudman. Leur présence sur le front électoral avait achevé de rassurer tous les acteurs sur la transparence des prochaines élections. Tous. Sauf un, Laurent Gbagbo. Et c'est ce moment précis que choisit l'organisation mondiale pour remettre en cause le poste du Haut Représentant aux élections, faisant la part belle au seul camp présidentiel qui, rappelons le, ne s'est jamais accommodé de la présence de ce fonctionnaire expert des élections. Les raisons invoquées sont d'ordre purement budgétaire. Caricaturé, cela veut dire que pour une simple question d'argent, l'Onu prend le risque incalculable de cautionner l'organisation d'élections tronquées et truquées en Côte d'Ivoire. Sachant pertinemment que, si ce pays phare de l'Afrique de l'Ouest est aujourd'hui divisé en deux et totalement défiguré, c'est bien parce qu'il a connu des élections calamiteuses sous fond de coup d'Etat militaro civil avec morts d'hommes. Et que c'est seulement deux ans après cette calamité électorale que des Ivoiriens se sentant exclus par le nouveau système politique établi ont senti le besoin et la nécessité de prendre les armes. Pour régler un tel conflit, il importe de régler au préalable et de façon efficiente la question électorale indépendamment de toute considération d'ordre pécuniaire. Mais, l'Onu n'en a cure et en fait à sa tête. Pour tenter de se justifier, les experts onusiens estiment que les missions d'arbitrage et de certification du Haut Représentant aux Elections ne sont pas supprimées. Et qu'elles sont tout simplement transférées au représentant spécial de Ban Ki Moon sur place qui sera appuyé par ne petite cellule d'experts électoraux. Cela résout-il le problème des Ivoiriens qui ont perdu toute confiance en l'administration actuelle ? Certainement pas. Bien au contraire, cela accentue la crise de confiance entre les acteurs eux-mêmes d'abord, et entre les acteurs et le représentant du secrétaire général de l'ONU. Et l'expérience récente a démontré que les représentants spéciaux et leurs collaborateurs, une fois gagnés par l'usure du temps, finissent toujours par tisser des affinités avec l'un ou l'autre camp en présence.

Inutile de citer des noms.
Le constat est patent sur le terrain. Et puis, rien ne prouve qu'en confiant les missions du Haut Représentant aux Elections à un représentant sur place, l'on maintien le consensus né des accords de Pretoria sur la question électorale. En plus, rien ne prouve qu'une telle option puisse être efficace. Le Haut Représentant avait à sa disposition une grande machine et des moyens conséquents pour conduire à bien sa mission. Ce n'est pas le cas pour le représentant spécial qui devra se contenter d'animer une petite cellule d'appui. En plus de ses fonctions quotidiennes qui lui prennent déjà assez de temps, quelle marge de manoeuvre aura t-il pour assumer pleinement ses nouvelles missions d'arbitrage et de certification des prochaines élections ? Voilà la problématique. Si l'Onu n'y répond pas, en revenant très rapidement sur cette résolution qui s'annonce déjà impopulaire, elle devra se résoudre à assumer les conséquences du grave dérapage politico électoral que cela pourrait éventuellement entraîner. Les Ivoiriens dans leur grande majorité ne sont plus prêts à accepter des élections truquées et tronquées. Ban Ki Moon et l'ONU le savent-ils simplement?


Khristian Kara

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