L'appareil répressif se met en place
Qu'est ce qui fait courir Tagro Désiré ? Le ministre de l'Intérieur confond vitesse et précipitation. Il y a une seule explication qui tienne dans la volonté de l'ex-directeur de cabinet du ministre Boga Doudou de tout révolutionner dans son département. Aucun préfet n'a été maintenu, aucun commissaire de police n'est resté en place. De nouvelles promotions aussi curieuses les unes que les autres se sont annoncées. Mais à y voir de près, Tagro Désiré travaille pour verrouiller le système sécuritaire avant le challenge des élections. Les hommes de Gbagbo sont placés à tous les postes de décision. Abidjan est désormais sous contrôle en plus de la très entreprenante police politique, les commissaires politiquement corrects ont été promus sans aucun critère de nomination. Le mérite et la compétence ont été très loin les critères de choix du négociateur de Ouagadougou. A l'approche des élections que Laurent Gbagbo veut, à tout prix, remporter, le système de la terreur et de la dissuasion, se fait jour. Au Sud, les jeunes miliciens et autres jeunes patriotes s'occuperont de terroriser l'opposition civile quant à l'ouest, les gouvernorats militaires, eux, auront pour mission de garantir une vote aux couleurs de la rose. L'opposition est donc avertie. Les prochaines compétitions électorales seront loin d'être que de simples parties de plaisir. Malgré les apparences et les discours, il n'est pas sûr que le processus de paix engagé aille jusqu'à son terme. En témoigne l'attentat contre l'avion du Premier Ministre le 29 juin 2007 à Bouaké. Dans ces conditions, il vaut peut être mieux avoir ses obligés à la tête de la Préfecture de Police, des unités d'interventions, de la surveillance du territoire, de la P.J. et autres Renseignements généraux.
Tagro change tout dans son ministère
Des nominations à fortes couleurs tribales
Un tsunami a soufflé sur l'administration ivoirienne. Peu de personnes ont échappé au vent du bouleversement. En moins de quatre mois de présence effective dans le gouvernement Guillaume Soro, Désiré Tagro se révèle le ministre le plus entreprenant. Ses sentiers ne sont malheureusement pas ceux devant conduire les Ivoiriens à la sortie de crise. Tagro Désiré se trouve dans une logique de chambardement comme si un nouveau régime venait de s'installer. De fond en comble, il a tout changé dans les domaines de l'administration du territoire et de la sécurité. Plus d'une centaine de nominations. Il en a fait plus que les ministre Issa Diakité, Zemogo Fofana et Dja Blé réunis. En cette période de réconciliation, quel crédit accorder à de telles décisions ? Après avoir négocié l'accord politique de Ouagadougou au nom du chef de l'Etat, le Ministre Désiré Tagro aurait sans doute gagné en crédibilité si les nominations qu'il vient de faire à la tête des grands services de la police nationale reflétaient un tant soit peu l'esprit de réconciliation qu'il prône. De fait, ces nominations devaient être pour lui l'occasion de montrer l'exemple de la participation des fils de toutes les régions du pays à la gestion de l'Etat qui se veut un et indivisible. Malheureusement, le négociateur patenté du chef de l'Etat dans son engagement, s'est adonné à des nominations claniques sur la base du légendaire triangle de fer. B.A.D.(Bété-Attié et Dida) déjà très usité, qui a exacerbé les sentiments de frustration et de laissés pour compte chez nombre de ressortissants du Nord. Il n'est que de voir les différentes nominations pour s'en convaincre.
Ces exemples montrent à l'envie que le ministre n'a fait que la promotion des gens de son clan et autres militants de son bord politique au détriment des autres. Des officiers supérieurs dont l'engagement politique pour la survie du pouvoir en place, n'est plus à démontrer.
Est-ce à dire qu'il n'y a aucun fils du Nord à la police nationale qui remplit les caractères d'ancienneté de grade ou de compétence pour occuper une des directions centrales qui ont été pourvues ? Tout le monde sait que les compétences nordistes ne manquent pas dans la police. La raison de ces nominations est à rechercher ailleurs, notamment dans la volonté du ministre de placer ses Hommes aux postes clés. Pour organiser la répression au cas où les élections prévues n'ont pas lieu et, le cas échéant, réprimer sans compter les manifestations pour préparer le passage en force, Tagro semble s'être paré à toutes les éventualités.