mercredi 18 juillet 2007 par Notre Voie

Très bavards sur la situation politique en Côte d'Ivoire depuis le début de la crise ivoirienne en septembre 2002, les médias français se montrent désormais peu enthousiastes à ouvrir leurs colonnes et leurs micros aux évènements politiques se rapportant à ce pays. Le silence dont ils font preuve au sujet de la résolution 1765 du Conseil de sécurité de l'ONU et du lancement officiel d'un parti politique créé par des anciens collaborateurs d'Allassane Ouattara, confirme ce constat. La nouvelle Résolution de l'ONU sur la Côte d'Ivoire a été rendue publique lundi mais, jusqu'à hier mardi, à 15h GMT, Radio France International (RFI) n'en avait pas encore parlé. Les sites Internet des quotidiens français ne mentionnaient nulle part l'information. L'affaire des infirmières bulgares en Libye, la condamnation à vie des 35 opposants éthiopiens constituaient les seuls faits que relataient lemonde.fr, liberation.fr et le figaro.fr sur l'Afrique. L'Agence France Presse ( AFP) qui leur sert très souvent de sources, a juste fait une brève lundi soir. Non seulement celle-ci n'a pas été reprise par les autres médias français mais aussi, elle a très vite disparu des dépêches de l'Agence. Pourtant, tous ces médias avaient habitué leurs lecteurs et auditeurs à des comptes rendus et commentaires répétés après chaque résolution sous l'ère Annan. Ils leur arrivait parfois de balancer les principales dispositions avant leur adoption, se vantant d'avoir eu copie des résolutions avant même leur publication officielle. Cette résolution intervient dans un contexte apaisé et la résolution n'apporte pas d'élément capital par rapport à ce contexte. Or vous savez, ces médias aiment le sensationnel'', a justifié hier un confrère au cours d'une cérémonie dans un hôtel d'Abidjan.

Ce qui ne dérange pas Gbagbo

Le sensationnel intéresse tous les médias, mais pour le cas précis, les médias français observent le mutisme parce qu'aucune des dispositions de la résolution ne dérange le président Gbagbo. Pire, ses dispositions gênent l'opposition, dont les animateurs sont leurs alliés depuis le début de la crise. Tout ce qui gène Bédié et surtout Ouattara gêne la France officielle et la presse française. Tout ce qui ne dérange pas Gbagbo les dérange , a immédiatement réagi un autre.
Depuis l'accord de Ouagadougou qui a mis fin aux turpitudes de l'opposition ivoirienne dans la crise qui secoue le pays il y a près de 5 ans, le maintien du mandat du Haut réprésentant de l'ONU pour les élections constituait pour MM. Bédié et Ouattara, une question d'honneur''. Or la 1765 ?'met un terme'' à ce mandat. En outre, alors que la France a été le rédacteur exclusif des précédentes résolutions, il revient que la présente n'a pas été l'affaire de la seule France. Ce qui en rajoute à la perte d'influence de la métropole sur le dossier ivoirien dans lequel elle a fait preuve d'une attitude condamnable. La presse française ne pouvait donc pas applaudir un document qui s'apparente à une sanction de Paris et de ses alliés ivoiriens dans la déstabilisation de la Côte d'Ivoire.
Le black out sur le lancement officiel de l'Alliance pour la Nouvelle Côte d'Ivoire de Zémogo Fofana procède également de la gêne qu'éprouvent nos confrères par rapport à ?'ce qui gêne l'opposition'' en général et Ouattara en particulier. Les fondateurs de l'ANCI sont des anciens collaborateurs de Ouattara, le principal cheval de la France dans l'assaut contre le régime Gbagbo et donc le préféré des médias français. Le départ de Zémogo Fofana et Jean-Jacques Béchio constituait déjà un coup dur pour l'ami Ouattara. La création par eux d'un parti politique disposé à encourager le retour de la paix en Côte d'Ivoire ne pouvait que déplaire. Aussi l'évènement a été sciemment ignoré par les médias français mais aussi par les autres médias occidentaux dont les animateurs sont tous des membres du réseau Ouattara. Imaginons qu'un petit secrétaire de base du Front populaire ivoirien (FPI) dont est issu le chef de l'Etat, annonce la création d'un autre parti. Quelle attitude adopteront nos confrères ? RFI et les autres amplifieront l'événement et mettront un accent sur le charisme de ce partisan de Gbagbo et la force du mouvement qu'il a créé.
Au total, la presse française prouve encore là qu'elle est un maillon du réseau international qui n'est donc pas prêt à accompagner un processus de sortie de crise qui ne chiffonne pas Laurent Gbagbo.



Dan Opéli

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