mardi 17 juillet 2007 par 24 Heures

Le président du Rassemblement des Républicains, Alassane Dramane Ouattara, est rentré, hier, dans la soirée à Abidjan, après un séjour d'environ un mois à l'extérieur de la Côte d'Ivoire, séjour qui l'a conduit aux Etats-Unis et en Europe. A son arrivée à l'aéroport Félix Houphouët-Boigny, il s'est entretenu avec la presse. Au menu des échanges, son agenda, l'attentat contre le Premier ministre, Guillaume Soro et le nouveau parti créé par Zémogo Fofana.



? M. le président, cela fait un mois que vous étiez absent du pays. Vous êtes de retour aujourd'hui. Peut-on savoir ce que vous avez pu faire en dehors du pays ?
Quand je partais, la cellule de communication du parti a diffusé un communiqué dans lequel, il était indiqué que j'étais invité par le Conseil d'Administration du Fonds monétaire international pour, avec un certain nombre d'anciens collègues, parler des questions de gouvernance au niveau du Conseil d'Administration, de la gestion du Fonds monétaire, et bien entendu, cette occasion a permis de parler des questions de partage du pouvoir entre le Conseil d'Administration, le Directeur général, mais aussi de parler des procédures de désignation du Directeur général. Je me réjouis d'ailleurs qu'il y a quelques jours, le Conseil d'Administration du Fonds ait arrêté une procédure pour la nomination du prochain Directeur général qui s'inspire largement de ce que nous avions proposé. Et je pense que cette procédure sera suivie et que l'aboutissement sera la désignation de notre ami Dominique Strauss Khan comme prochain Directeur général du Fonds monétaire international. Bien sûr, j'ai profité de cette occasion pour avoir des entretiens avec le Directeur général, De Rato, ses adjoints, aussi le Directeur Afrique, sur divers sujets, notamment sur le programme de soutien à notre pays. C'est d'ailleurs un engagement que j'avais pris auprès du chef de l'Etat de voir la Direction générale du Fonds pour faire avancer le dossier Côte d'Ivoire. Je crois que les choses sont également en bonne voie. Et bien entendu, j'ai profité de ce séjour pour préparer le Conseil d'Administration de l'Institut international pour l'Afrique dont je suis le Président-Fondateur. Ceci m'a donné l'occasion de faire la revue de nos projets dans divers pays aussi bien dans le domaine de la gestion de la dette, de la gestion macro-économique, des questions d'études routières. J'ai profité de ce voyage pour prendre des contacts politiques aussi bien à la Maison blanche qu'à l'Elysée avec des personnes responsables du dossier Afrique. Bien entendu, ceci m'a donné l'occasion de rencontrer les militants du parti à Washington et la délégation générale en France. Et c'étaient des moments émouvants de mobilisation et de retrouvailles parce que cela fait longtemps que je n'avais pas eu cette opportunité. Les militants des Etats-Unis étaient particulièrement mobilisés pendant ce séjour. Je me réjouis donc de ce séjour qui a été particulièrement fructueux, un peu long, mais fructueux. Et je suis heureux d'être de retour.

? En votre absence, il y a eu un attentat contre le Premier ministre, Guillaume Soro. Quelle analyse faites-vous ?
Vous savez, c'est odieux ce qui est arrivé. Je trouve que c'est criminel, c'est ignoble. Ce sont des choses qui ne devraient pas se produire du tout et surtout en cette période de réconciliation, de remise en place de l'accord de paix. J'ai eu le Premier ministre à plusieurs occasions pour l'encourager, lui exprimer toute ma compassion. Il a été particulièrement courageux. Il m'a relaté la situation dès après l'attentat. Et c'était terrifiant. C'était horrible. Je souhaite vraiment que le cycle de violence s'arrête, mais surtout que la commission ou les commissions d'enquête qui sont prévues puissent aboutir cette fois-ci. Parce qu'il faut arrêter ce cycle de l'impunité, de la violence. Je crois que le pays est totalement fatigué de tout cela. J'ai bien sûr profité de cette occasion pour présenter mes condoléances aux familles des victimes. En ce qui concerne les blessés, je les ai tous eus au téléphone, même ceux qui sont à Paris à qui j'ai rendu visite. Je considère que c'est un acte ignoble, un acte à condamner. Je souhaite que de tels actes ne se reproduisent plus. Notre pays a trop souffert de la violence et cette impunité doit cesser. Je souhaite que l'enquête nationale comme l'enquête internationale aboutissent dans les meilleurs délais et que les coupables et les commanditaires soient punis selon la loi. Surtout j'encourage le Premier ministre et je lui offre tout mon soutien comme toujours pour qu'il continue d'aller de l'avant. Il l'a dit et je pense qu'il est très courageux (
). Il faut qu'il poursuive cette tâche avec la détermination qu'on lui connaît pour nous permettre de faire les élections l'année prochaine. Parce que la solution de cette crise, ce sera par les élections. Il faut qu'on y arrive, il faut qu'il s'accroche. Nous savons les dangers qui sont les siens. Et il a tout notre soutien et toute notre affection.

? Coïncidence, c'est aujourd'hui (Ndlr : hier) que M. Zémogo a lancé son parti. Qu'est-ce que cela vous inspire ?
Ecoutez, il a le droit. Mais ce n'est pas ce qu'il m'avait dit. C'est vous qui me l'apprenez et quand nous nous sommes vus la dernière fois, il m'avait indiqué que jamais il n'était question de créer un parti. Et je prends acte de l'information que vous venez de me donner.

? Est-ce que cela ne va pas ébranler votre parti ?
Mais vous savez, il y a eu beaucoup de partis qui se sont créés ces derniers temps en Côte d'Ivoire. Le RDR, lui-même, est un parti issu du PDCI. Par conséquent, les lois, la Constitution permettent à des groupes d'individus de former un parti s'ils le souhaitent. Mais je précise que ce n'est pas ce qu'il (Zémogo) m'avait dit. Il m'avait dit que jamais, il n'était de son intention de quitter le RDR ou de faire un parti. Mais vous m'apprenez qu'il vient de créer un parti et j'en prends acte. Voilà.

? Suite à ces événements, comment voyez-vous la sortie de crise ?
Mais la sortie de crise, vous savez, les étapes sont clairement définies. Il faut absolument commencer les audiences foraines. C'est d'ailleurs à cela que nous nous attelons au RDR. Et si j'ai souvent indiqué que notre seul objectif, ce sont les élections, je le répète, il faut faire les audiences foraines, il faut que les magistrats soient en place. Je félicite le Premier ministre de l'avoir fait. Il faut que les préfets, les sous-préfets et tous ceux qui vont contribuer à démarrer les audiences foraines, le fassent et que ceci se fasse dans les plus brefs délais. Nous avons déjà ensemble choisi l'opérateur technique à l'occasion du Cadre permanent de concertation (CPC) le 12 juin dernier à Yamoussoukro. J'espère que l'opérateur est au travail et que dans les six mois, nous aurons les cartes d'identité et les cartes d'électeurs. Il faut absolument faire des élections. J'ai été à la Maison blanche, à l'Elysée, ailleurs, j'ai vu des banques, j'ai vu des entrepreneurs, j'ai vu des investisseurs, tant qu'il n'y aura pas d'élections, notre pays ne sortira ni de la crise politique, ni de la crise économique, ni de la crise sociale. Il est important qu'on fasse des élections, bien sûr des élections transparentes, pour que les Ivoiriens choisissent librement le prochain président, les prochains députés et que le pays sorte de cette torpeur. Je crois que tous les Ivoiriens sont fatigués et nous avons besoin de faire des élections transparentes, de laisser la parole au peuple et que nous puissions ensemble nous mettre au travail parce que vous savez, c'est abominable, l'image de la Côte d'Ivoire à l'étranger. Et bien sûr encore plus abominables, les souffrances dont les Ivoiriens font l'objet ces temps-ci.

? M. le président, depuis l'Europe, vous avez annoncé une tournée à Boundiali. Est-ce que vous venez avec un programme ?
Non mais, je suis entre les mains de mes collaborateurs. Vous savez, nous sommes un parti de dialogue et de démocratie. Et bien entendu, un programme me sera proposé. Mais notre priorité maintenant, ce sont les audiences foraines. Il faut absolument le démarrage des audiences foraines. Il faut que nous puissions nous mettre au travail. Nous, nous sommes prêts. Nous avons préparé ces audiences foraines depuis des mois. Le processus électoral lui-même. Nous avons hâte que ceci commence. Et les tournées donc évidemment seront des occasions d'explications, de mobilisation et de remobilisation.

Propos recueillis par Ollo KAMBIRE

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