l est enfin là, L'Opposant Historique le tout premier livre de André Silver Konan, journaliste qui se lance dans l'écriture. Depuis quelques jours, l'?uvre éditée par Le Nouveau Réveil est actuellement disponible sur le marché. Mais, il ne court pas les rayons des librairies. La raison : aucun éditeur ne veut prendre le risque de l'éditer et encore moins le lancer dans le circuit de distribution. Ils redoutent tous L'Opposant historique pour son contenu. C'est que l'?uvre est un recueil de trois nouvelles caustiques dont les trames si proches de nous que la fiction rattrape, sans qu'on s'y rende compte, la réalité. L'Opposant historique est né, selon son auteur, dans la douleur de l'intimidation, dans la frustration de l'injustice. Il conte, sur un ton acerbe, les excentricités du grotesque président Souroukou et de son épouse officielle Gindéban. Chez eux, tout se résume au triptyque : pouvoir-argent-sexe. Alors que leur pays va à vau-l'eau, tout ce que les importe, ce sont les jouissances charnelles et matérielles. Entre-temps, les proches courtisans du palais transgressent la morale sociale, les bonnes m?urs, la justice et les droits de l'homme. Dans ce capharnaüm, André Silver Konan peint des personnages sans relief, impies, veules et sans scrupules, qui se révèlent en fait pernicieux pour la société entière. Toutefois, le confrère ne noircit pas totalement le tableau. Il dévoile, à côté de ces crapules, il existe aussi des gens pour qui l'honneur a un sens : Tiakpa, le soldat Declerc( du 43ème Bima) et sa fiancée Maya. L'allusion à la force Licorne ou encore au scandale des déchets toxiques dans l'?uvre rappelle que même si les récits sont fictifs, ils prennent ancrage dans une réalité qui s'apparente à la situation que vit la Côte d'Ivoire en ce moment. L'Opposant Historisque se veut justement un témoin d'une certaine époque de notre pays. Mais pas n'importe lequel. Un témoin qui dit les choses telles qu'il les voit et les ressent. Avec nudité et cruauté. Un ouvrage à lire pour se soulager, avec des mots, des meurtrissures d'une Côte d'Ivoire qui ne demandait pourtant qu'à être chérie.
Y. Sangaré