lundi 16 juillet 2007 par Le Patriote

Je vous salue, je vous remercie d'être venus ici ce week-end, d'avoir pris un après midi de votre week-end pour être là. Mais il faut qu'on parle, il faut qu'on discute, il faut qu'on règle les problèmes.
J'ai écouté les interventions des enseignants, j'ai écouté Komoé Mesmin qui est devenu très célèbre.
Les problèmes des enseignants de l'école primaire, sont des problèmes anciens, des problèmes vieux.
Vous savez pour ceux de mon âge et de ma génération, beaucoup de ce que vous dites n'est pas nouveau.
De façon régulière, les enseignants du Primaire s'en vont en vague. Au début de l'Indépendance, ils sont partis nombreux à la Police et dans l'armée. Beaucoup de nos colonels aujourd'hui qui sont à la retraite sont des anciens instituteurs. Parce que quand je suis arrivé à Abidjan, les instituteurs touchaient 30.000 Frs CFA. Donc c'était plus avantageux d'être officier, lieutenant que d'être instituteur. Alors la plupart des instituteurs, qui avaient le BEPC, donc le niveau requis, allaient à l'EFA faire le service militaire puis devenaient officiers et beaucoup sont restés, mais je ne vais pas vous citer les noms. Beaucoup sont devenus des chefs de notre Police. Donc c'est fréquemment que les instituteurs, à cause de leurs conditions de vie s'en vont par vague. Ce n'est pas un problème nouveau.
Aujourd'hui quel est l'aspect nouveau ? L'aspect nouveau, c'est qu'au niveau de l'étude de la démographie, on a à peu près 50% de la population qui vit dans les villes et les autres 50% dans les campagnes. Donc il n'y a plus l'instituteur villageois comme avant et l'instituteur urbain. Avant quand les instituteurs étaient en ville, ils avaient des problèmes. Il fallait payer les maisons etc.
Alors que ceux qui étaient au village, même s'ils étaient logés dans les cases, l'étaient gratuitement. Il faudra réétudier tous ces problèmes. Oui il faut réétudier tous les problèmes, y compris tous les problèmes de la société ivoirienne.
Il y a aussi le problème de la progression interne qui a été soulevé. Les instituteurs qui veulent devenir des professeurs. Au niveau de la santé, j'ai vu une dame quand j'étais en tournée dans le Zanzan qui était infirmière et qui est aujourd'hui, professeur agrégé de médecine. ça devrait être possible chez vous. Cette dame j'ai l'ai reçue et j'ai discuté avec elle. Aujourd'hui elle est devenue professeur spécialiste de Pédiatrie et enseigne à la faculté de médecine d'Abidjan. Donc ça devrait être possible.
Chers amis, si vous êtes en phase de passer votre doctorat, soutenez-le et après vous deviendrez assistant. Et moi je crois que c'est comme ça qu'on pourra régler le problème du profil de carrière. J'aurais pu soulever les problèmes point par point mais comme il nous faut aller vite, nous allons aller à l'essentiel.
Ce que je vous reproche, comme je l'ai dit à vos amis de CNEC de l'enseignement supérieur, c'est de ne pas comprendre que celui qui est ici est un enseignant et un syndicaliste. Je suis enseignant et syndicaliste. On n'a pas besoin de grève pour obtenir ce qui est bon. J'ai fais beaucoup de grèves, mais je n'ai jamais fait des grèves pour ça, pour des questions comme ça.
Je vais vous le dire, nous avons fait beaucoup de grèves nous, parce qu'on nous arrêtait. C'était le parti unique. Donc, dès l'instant où on arrêtait un étudiant ou un enseignant du supérieur ou du Primaire, automatiquement, nous déclenchions la grève. C'est pour cela que nous avons fais beaucoup de grèves.
Mais pour les revendications salariales, on a tout fait sans déclencher une seule grève. Le décrochage des enseignants de la Fonction Publique, c'est le secrétaire général de CDCI qui l'a obtenu. On a accepté de faire un ou deux ans de négociations et on a eu le décrochage. Mais ici, on ne vous dit pas non. Vous tomber même d'accord avec le ministre et vous voulez que le Président signe le décret d'abord. Mais on ne peut pas accepter ça ! Parce qu'il faut qu'on se parle, il faut qu'on se dise ce qu'on peut faire et ce qu'on ne peut pas faire.
Vous ne pouvez pas prendre en otage le décret du Président de la République, ce n'est pas possible. Ce ministre, personne ne m'a obligé de le nommer ministre. Même si c'est un Gouvernement de panache, et que les gens viennent de partout, c'est moi qui signe et tant que je n'ai pas signé, tu n'es pas ministre. Et tant que je ne suis pas d'accord, tu n'es pas ministre. Il y a des hommes et des femmes qui ont été proposés pour être ministre, j'ai dis non et on ne va rien me faire. Donc les ministres, ils sont ministres parce que je le veux.
Et quand ils discutent avec vous, que vous tombez d'accord avec eux c'est que vous êtes d'accord avec moi.
Les décrets, je vous dis une chose, il y a des décrets qui ont été pris au temps du Président Bédié que moi j'ai signés. On ne signe pas les décrets comme ça. C'est l'acte suprême, une fois que c'est fait, c'est fait. Alors les ministres m'ont bousculé, ils m'ont embêté et ils me disent voilà un décret, on est d'accord avec les enseignants il faut le signer. Je le lis, je le relis, je le donne à mes conseillers juridiques, ils le lisent. Je donne à mes conseillers en communication, ils le lisent et après je le signe.
Et voila que j'entends dire deux jours plus tard, on n'est pas d'accord avec ce décret-là. Il faut bien négocier, il faut négocier à fond avec le ministre parce que quand il arrive chez le Président, il le signe. Donc je vous reproche d'avoir voulu prendre en otage le décret du Président de la République.
Avant, au temps où on nous arrêtait, c'était le parti unique. C'est pour ça qu'on nous arrêtait. Donc je vous prie de ne pas faire ça. Il faut qu'on avance.
Mesmin, tu as dit tout à l'heure qu'il y a des gens qui spéculent et qui prêtent des mains occultes derrière. Je ne vais rien dire parce que ce n'est pas important. Mais pour vous dire que c'est l'action de l'homme qui emmène les spéculations. Quand ce que tu fais est très clair, il n' y a pas de problème. On ne s'inquiète pas. Mais quand c'est un moment où nous sortons de crise, où l'Etat a des difficultés et que vous faites successivement six grèves, on est en droit de se demander pourquoi ils font six fois grève. Ça c'est humain et vous ne pouvez pas empêcher les gens de s'interroger sur vous. Vous comprenez ?
Mes services de renseignements ne m'ont pas dit que vous êtes manipulés par un parti politique. Mais vous ne pouvez pas empêcher les gens dans la rue de penser ça. Six fois vous êtes en grève !
On est à la moitié du mois de Juillet maintenant et vous êtes toujours en grève. Ce n'est pas bien, parce que l'école, c'est la branche sur laquelle nous sommes tous passés. Si l'école est en panne, c'est la société toute entière qui est en panne.
Regardez tous ceux qui se sont soulevés pour vous aider à négocier. Ils auraient pu se contenter de la Chambre de Commerce, et rester là-bas tranquilles. Les chefs coutumiers, ils auraient pu rester pour juger les affaires de leurs communautés. Mais l'école et la santé, voilà les deux piliers avec lesquels on ne doit pas s'amuser.
Donc vous discutez avec le ministre, si vous tombez d'accord, c'est que le Président va le faire.
Alors je prends deux mesures aujourd'hui.
Premièrement vos amis qui sont arrêtés, on va les libérer. Ils ont mal fait parce que empêcher les autres de travailler ce n'est pas ça le rôle du piquet de grève. Le rôle du piquet de grève c'est d'expliquer le bien fondé de la grève à ceux qui viennent au travail. Ce n'est pas de les empêcher par la force, de travailler. Donc ils ont mal fait mais je vais donner des instructions aujourd'hui même au Ministre de l'Intérieur, au Ministre de la Défense pour qu'on les libère le plus tôt possible. Le rôle d'un enseignant, c'est d'être en classe, ce n'est pas d'être en prison.
La deuxièmement mesure, allez en classe lundi matin. Et si le Ministre vient me dire lundi après midi que vous êtes en classe, il me donne le décret et je le signerai.
Voilà chers amis ; ce que je souhaitais vous dire. J'espère qu'en bonne intelligence, nous saurons nous faire la passe les uns et les autres pour le bien de la société ivoirienne et que lundi matin, vous serez en classe pour me permettre de signer les décrets. N'oubliez jamais que la France que nous admirons, elle a été quasiment fondé par les enseignants du Primaire.
N'oubliez jamais que ceux qui font faire des progrès aux sociétés, ce sont les enseignants.
Je vous souhaite un bon week-end et que Dieu bénisse la Côte d'Ivoire.


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