lundi 16 juillet 2007 par Fraternité Matin

En signant, le 4 mars dernier, à Ouagadougou, capitale du Burkina-Faso, sous le regard du facilitateur Blaise Compaoré, l'accord de paix, les deux principaux belligérants, Laurent Gbagbo, chef de l'Etat, et Soro Guillaume, secrétaire général des Forces nouvelles, aujourd'hui Premier ministre, se sont donné des priorités. Outre le désarmement, la suppression de la zone de confiance et l'identification, ils ont accordé une place de choix à la restauration de l'autorité de l'Etat à travers le redéploiement de l'administration. Après un petit retard au niveau du chronogramme, le top départ de ce processus a été donné, le 18 juin 2007, à Bouaké, avec l'installation du préfet Konin Aka. Le Premier ministre qui a tenu à assister à cette cérémonie a indiqué son objectif premier : amener la Côte d'Ivoire aux élections en passant par l'Accord de Ouaga.
Joignant l'acte à la parole, le chef du gouvernement, de concert avec le Président Laurent Gbagbo, a rendu publique l'affectation des préfets sur toute l'étendue du territoire. Ne pouvant aller partout, le ministre de l'Intérieur, Désiré Tagro, a dépêché ses collaborateurs sur le terrain. Ainsi, Daouda Ouattara, inspecteur à l'administration du territoire, est allé à l'ouest pour procéder à l'installation des préfets de Biankouma, Man et Danané. Pendant ce temps, l'inspecteur général de l'administration du territoire, Kouadio N'Goran, est dans le nord du pays. Mardi 10 juillet dernier, en présence des autorités locales et du secrétaire exécutif du Comité national de pilotage du redéploiement de l'administration (CNPRA), Eben-Ezer Guebo Dja, il a présidé la cérémonie d'installation du préfet de Korhogo, Tahan Auguste. Un évènement vécu par les populations avec soulagement et joie. Tout a commencé par l'exécution de l'hymne national. Ensuite, le père Hervé et l'imam Cissé Vassiriki de la grande mosquée ont confié cette cérémonie à Dieu. Traduisez au Président Laurent Gbagbo et au Premier ministre Soro Guillaume, notre disponibilité à nous inscrire dans l'Accord de Ouagadougou?, a dit le 3e adjoint au maire de Korhogo, Koné Lassina, à l'endroit de l'inspecteur général de l'administration du territoire. S'adressant ensuite au nouveau préfet de Korhogo, M. Koné s'est exprimé en ces termes: nous ferons en sorte que vos tâches soient menées à bien au nom de la réconciliation nationale?. Quant à Soro Yaya, il a, au nom du Conseil général de Korhogo, traduit son soutien au Chef de l'Etat et au Premier ministre pour l'application de l'Accord de Ouagadougou. Dont l'objectif final, a dit l'inspecteur général de l'administration du territoire, est d'organiser des élections propres?. Mais, pour y arriver, ajoutera-t-il, il faut organiser les audiences foraines, l'identification des populations?.
Invitant les uns et les autres à suivre la voie de la paix tracée par le Président Gbagbo et le Premier ministre Soro, l'inspecteur général, Kouadio N'Goran qui a présenté Tahan Auguste, sous les acclamations bien nourries des populations, s'est voulu très précis: le préfet est le chef au niveau du département. Il travaille en collaboration avec les Forces de l'ordre. Il a besoin d'elles pour faire son travail?. Ce message a été entendu par le Commandant de la zone 10, Fofié Kouakou qui, recevant les délégations de l'inspecteur général et du secrétaire exécutif du CNPRA, a indiqué que l'échec n'est pas permis dans le processus de paix engagé par deux hommes forts, Gbagbo et Soro, dans les zones ex-assiégées et partout en Côte d'Ivoire. C'est un défi que nous devons tous relever?, a-t-il dit. Le délégué des Forces nouvelles à Korhogo, Soro Adama Kanigui, a souligné que derrière Soro Guillaume, il y a des hommes et des femmes qui sont prêts à faire en sorte que le processus de paix aboutisse?. Et d'ajouter: main dans la main, nous allons aller à la paix pour que les Ivoiriens pensent à autre chose?. Avant de procéder à l'installation du préfet de Korhogo, l'inspecteur général de l'administration du territoire a fait un tour à Ferkessédougou, pour présenter solennellement, le représentant de l'Etat dans ledit département. Son nom: Dosso Adama. Auparavant, Kouadio N'Goran a accompagné les préfets Bamba Moussa de Béoumi, Baladji Abdou Karim de Dabakala, Bamba Souleymane de Katiola. L'envoyé du ministre Désiré Tagro se rendra aussi dans d'autres localités telles que Tengréla et Boundiali. Les tâches qui attendent les autorités préfectorales sont immenses. Mais, disons-le tout net, dans l'immédiat, outre le diagnostic de la situation dans leurs départements respectifs, les préfets vont s'attacher aux audiences foraines, à l'identification et enfin, aux élections.
La guerre est finie !
À la faveur de la double cérémonie d'installation du préfet de Korhogo et de paiement des primes des fonctionnaires de la région des Savanes, un constat s'impose à nous. La guerre est bel et bien finie. A preuve, l'enthousiasme des membres des délégations, arrivant au nord pour la première fois depuis l'insurrection armée qui avait coupé le pays en deux, appelant qui leurs parents, qui leurs amis et connaissances, pour dire qu'ils sont à Korhogo. Dans leurs entretiens téléphoniques, ils disaient que la cité du Poro est redevenue une ville vivable. C'est dire que la peur qui les tenait certainement au départ d'Abidjan a laissé la place à l'exaltation. Aujourd'hui, l'on peut avancer sans aucun risque de se tromper que la guerre est finie. Les preuves sont là. Indiscutables. Frappantes. Sur les différents corridors, de Djébonoua à Korhogo, les éléments des Forces nouvelles qui étaient craints hier, ne sont plus "agressifs". L'autorité de l'Etat qui n'a pu s'exercer que sur une fraction du territoire national s'étend désormais partout, avec l'installation des préfets, secrétaires généraux de préfecture et demain, des sous-préfets. Ainsi, le fonctionnement normal des services publics interrompu dans les zones ex-assiégées ne va plus échapper à l'autorité du gouvernement. Partout, dans les villages comme dans les villes du nord et du centre, les populations ne jurent plus que par une seule chose: la paix. L'Accord de Ouagadougou referme, c'est le lieu de le dire, progressivement, la fracture dont a souffert le pays pendant des années ; et, ouvre, à nouveau, des perspectives de confiance et de développement harmonieux. Toute chose qui achève de convaincre que le redéploiement de l'administration est une urgence, une nécessité. Parce que sans les fonctionnaires, levain de la reconstruction de l'autorité de l'Etat, les autres actions de sortie de crise sont vouées à l'échec. Voir les préfets prendre fonction à Bouaké, Korhogo, Man, Béoumi et Tengrela est un signe de paix, une source de joie. Le paiement des primes, une source de joie. Le programme de paiement des primes d'installation des fonctionnaires et agents de l'Etat de la zone centre, nord et ouest (CNO) a démarré le 2 juillet, à Bouna. Mais, l'étape de Korhogo a constitué, le mardi 10 juillet dernier, le lancement officiel de cette opération. Les fonctionnaires et agents de l'Etat de la région, estimés à 1.252, étaient visiblement heureux de recevoir la délégation du Comité national de pilotage du redéploiement de l'administration (CNPRA) conduite par son secrétaire exécutif, Eben-Ezer Guebo Dja, qu'accompagnaient le responsable du Département des Moyens généraux, Tchéidé Jean-Gervais et le directeur de la comptabilité et du matériel, Niakpa Godé Joseph. Déjà à l'accueil de la délégation, le lundi 9 juillet, à l'entrée de la ville de Korhogo, à quelques mètres du Lycée Houphouet-Boigny, la joie se lisait sur le visage des membres du bureau de l'Union des fonctionnaires de la région des Savanes. Cette joie sera plus grande le lendemain, quand aux environs de 16h, le secrétaire exécutif du CNPRA a dit, à l'Institut national de formation des agents de santé (INFAS), "que l'heure n'était pas au discours mais plutôt aux actessalvateurs". Eben-Ezer Guebo Dja invitait par cette phrase, les bénéficiaires de primes à rejoindre, selon l'ordre établi, la salle où est installé le régisseur du CNPRA, Okou Kessié pour le paiement. Finie donc l'organisation de toutes manifestations de nature à compromettre le processus de redéploiement de l'administration et le fonctionnement normal des services publics dans les zones CNO. Au total, c'est la coquête somme de 270 millions qui a été mobilisée pour Korhogo. Ce mardi 10 juillet, on se serait cru devant une structure bancaire recevant des fonctionnaires à la fin du mois. Ceux qui attendaient dehors, avec leurs motos et vélos, étaient plus nombreux que les candidats aux primes admis dans la cour de l'INFAS. Sous la surveillance des forces armées des Forces nouvelles, l'opération de paiement s'est déroulée sans incident majeur, à la satisfaction des responsables du CNPRA. Dans la dynamique du climat général de paix à préserver, ceux-ci louent l'engagement du gouvernement dans le processus de sortie de crise par le redéploiement de l'administration. Cette opération de paiement concerne le personnel redéployé dans les zones CNO entre le 1er janvier 2004 et le 30 juin 2006. Ils sont au nombre de 8.381 pour le premier groupe. Après Korhogo, la caravane de paiement des primes se rendra successivement à Séguéla, Odienné, Manet Bouaké. Débutée le 2 juillet, l'opération de paiement prendra fin le 15 octobre prochain, à Bouaké.
Le secrétaire exécutif du CNPRA, Eben-Ezer Guebo Dja, en provenance de Korhogo pour Abidjan, s'est arrêté à Bouaké pour remercier les autorités des Forces nouvelles pour avoir assuré la sécurisation du transport des fonds. Il a été reçu par le chef d'état-major adjoint des FAFN, le commandant Wattao. Celui-ci a traduit toute la disponibilité des Forces nouvelles et leur engagement à aller à la paix. Focus : Réhabiliter les résidences des gouverneurs?, une priorité. Le redéploiement de l'administration, faut-il le dire haut et fort, passe par la réhabilitation sommaire des édifices publics et un équipement minimum des services afin qu'ils soient opérationnels, le plus tôt possible. Fort de cela, des missions des équipes techniques des ministères de la Construction et de l'Habitat, des Infrastructures économiquesà travers leurs comités internes de redéploiement, ont été envoyées à l'intérieur du pays. Il ressort de leurs rapports que plus de 3.000 locaux sont à réhabiliter. Dans les zones ex-assiégées, nombreuses sont les villes où le bureau et la résidence du 1er représentant de l'Etat font aujourd'hui plus pitié qu'envie. Dire que ces bâtiments, avec leur architecture splendide, contribuaient, dans le temps, au charme des chefs-lieux de département. Plus que jamais, la réhabilitation des résidences et des bureaux des gouverneurs? apparaît comme une priorité. Pour la restauration de l'autorité de l'Etat. Les préfets qui sont affectés dans les zones centre, nord et ouest ne doivent pas rester longtemps dans des hôtels. Certes, le contexte dans lequel se trouve le pays demande un resserrement budgétaire. Mais, les représentants de l'Etat ont besoin d'un minimum de commodités pour travailler. Leur sédentarisation peut en dépendre.
Repères. CONVOI. Le convoi des Fonds, qui ont servi à payer les primes, a été sécurisé d'Abidjan à Yamoussoukro par les Forces de défense et de sécurité, de Yamoussoukro à Korhogo par des éléments du Centre de commandement intégré. Au niveau de Korhogo, cette responsabilité a été confiée aux Forces nouvelles.
ABSENCE. A la cérémonie d'installation du préfet de Korhogo, les populations ont cherché et recherché en vain les deux secrétaires généraux, N'Guessan Kadjo et Effoli Benjamin. Où sont-ils passés? Renseignements pris, ils sont arrivés en retard.
Emmanuel Kouassi
(envoyé spécial à Korhogo)
Option : Que la route précède !B> Un des effets probants du succès de l'Accord de paix de Ouagadougou signé le 4 mars 2007, ce sont les vagues de retours qui se font dans les zones centre, nord, ouest (CNO). Outre l'administration qui est redéployée à travers les préfets, précédés il y a quelque temps des enseignants, les populations qui avaient hâte de retrouver leurs villes et villages qu'elles ont quittés en 2002 sous les affres de la rébellion, sont, elles aussi, en train d'opérer un retour progressif par vagues. La dernière et l'une des plus médiatisées de ces opérations est le retour, la semaine dernière, des populations du tout nouveau département de Kouibly.
Si le redéploiement des Préfets se fait généralement dans les chefs-lieux de région ou de département sur du bitume (même si nombre de ces voies bitumées ne le sont plus que de nom parce que couvertes de nids de poule ou complètement rétrécies par les herbes), ce n'est pas le cas pour le retour des populations dans leurs villages respectifs d'autant que l'accès est un véritable parcours du combattant. C'est pourquoi, il n'apparaît pas inutile d'interpeller ici les présidents des Conseils généraux des départements dans la zone CNO qui sort progressivement de l'ornière. Afin qu'ils prennent les dispositions nécessaires, de concert avec les autorités des Forces nouvelles, pour la réouverture des pistes villageoises devenues impraticables du fait de cette crise. Cette interpellation - qui n'en est du reste pas une - est d'autant plus juste que les présidents des Conseils généraux de ces départements s'étaient toujours plaints d'avoir été contrariés par la guerre dans leur volonté de développer leurs régions ; développement dont on dit qu'il est précédé par la route.
Que la route précède, donc, les vagues de retours qui se font déjà et qui, on s'en doute, connaîtront une réelle ampleur avec les fêtes de fin d'année. Ces moments de retrouvailles, lentement mais sûrement, approchent pour le plaisir des uns et des autres.
Car, de nombreux ressortissants de ces villes et villages dont ils ont été coupés pendant cinq bonnes années, profiteront de ces fêtes pour effectuer leur retour chez eux. Et ce, à la faveur du vent de la réunification et de la réconciliation qui souffle sur l'ensemble du territoire national, depuis la signature de l'Accord de Ouaga. Que nul ne soit, dès lors, lésé dans sa volonté de renouer le cordon ombilical avec sa terre natale par le fait de quelque administration ou autorité politique qui aurait failli à sa mission.
Aujourd'hui, point n'est besoin de le dire, les routes constituent une réelle priorité pour la Côte d'Ivoire tout entière. Alors, à vous les Conseils généraux !

par
Abel Doualy

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