lundi 16 juillet 2007 par Le Nouveau Réveil

Ils sont tous du clan présidentiel. Leur totem, c'est la justice. Pourtant leurs jeux favoris, c'est l'injustice et le désordre. Lorsqu'un homme de la trempe de Soro, Premier ministre de la république, survit à une tentative d'assassinat et qu'on parle d'enquête internationale, ils ont la trouille. Ils préfèrent une enquête nationale parce que là au moins on peut brouiller les pistes. La communauté internationale tient à sa crédibilité. Et lorsqu'elle mène des investigations, rarement les dés sont pipés. Ils se souviennent sûrement de mars 2003, où ils ont pourvu leur boucherie en sang d'Ivoiriens épris de paix. En deux semaines, les enquêteurs avaient pu décompter 120 morts et plusieurs centaines d'autres personnes marquées à la guillotine. Le rapport avait parlé de massacre planifié et ciblé avec des forces parallèles, euphémisme de milices présidentielles. L'attentat de Bouaké cache bien une supercherie dont ils craignent la découverte. Mais à leur corps défendant, ils ont accepté ce principe. Et entendront ce que leur conscience sait et que leurs oreilles refusent d'entendre.
Cette phobie des enquêtes internationales nous rappelle la dépression de Blé Goudé, il y a une quinzaine de jours, lorsque fuyant des juges français venus l'interroger sur les événements anti-français de novembre 2004, déclarait que c'est une provocation. En quoi est-ce qu'interroger Blé Goudé sur des faits qu'il dit pourtant assumer est une provocation? Quand Ange Kessy et le procureur de la république vont enquêter en France pour des avions détruits, on trouve cela stoïque, patriotique et normal. On nous rabâche les yeux et les oreilles avec l'entretien qu'ils ont eu avec la presse internationale sur les antennes nationales à volonté, mais quand la petite personne de Blé Goudé est sollicitée pour un interrogatoire, c'est un péché d'Etat.
La vie des citoyens français morts et dont on a pillé les domiciles après les avoir traumatisés coûtent-ils moins cher que les Sukoï de l'Etat ivoirien? Même Chirac l'ennemi juré et De Villepin comparaissent en France actuellement devant la justice pour répondre de certains de leurs actes durant leur mandat, parce qu'ils sont civilisés, ils n'en font pas un drame. Alors pourquoi interroger Blé Goudé pourrait compromettre l'accord de Ouaga, qui plus est, l'intéresse de très loin? La dynamique nouvelle de paix ne couvre pas toutes les sauvageries causées jadis par le ministre de la rue. Quel paradoxe que de vouloir une Afrique digne avec des citoyens indignes, frileux devant la loi quand cela les dessert ! La justice internationale, quoi qu'il advienne est patiente. L'exemple de Taylor est là pour nous édifier. On ne joue pas à cache-cache avec elle car tôt ou tard, elle nous rattrape. L'accord de Ouaga ne refera pas le monde; un jour ou l'autre, rebelles et néo-rebelles se faisant appelés patriotes paieront pour leurs actes. La vie continuera...sans eux!
Par Atissony Marckhatiss

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