Hier a eu lieu à primature, au Plateau, la cérémonie d'hommage de la nation aux victimes de l'attentat contre le Premier ministre.
Le fait parait surréaliste mais il s'est bel et bien produit hier à la primature lors des obsèques des collaborateurs du Premier ministre tombés sur le champ d'honneur le 29 juin. A la fin de la cérémonie officielle d'hommage de la nation, au moment où les dépouilles des quatre morts devaient être déposées dans les corbillards pour le dernier voyage, le caporal Diomandé Siaka, garde du corps de Soro Guillaume, a créé l'événement. Les militaires qui tenaient son cercueil ont été surpris de constater qu?ils ne pouvaient plus avancer. Comme de beaux diables emportés par une sorte de force invisible, ils dandinaient sans pouvoir aller là où les attendait le corbillard. La scène, à la limite de la magie, a duré deux minutes. Il a fallu des incantations faites par un officier supérieur de l'armée avant que le corps ne daigne accepter de prendre la bonne direction. Laurent Gbagbo et son Premier ministre ont assisté à cette scène insolite qui a donné lieu à toutes sortes d'interprétations. Chacun allant de son commentaire. Bref. C'est hier que la nation a décidé de rendre les honneurs militaires aux membres du protocole d'Etat Doumbia Sékou et Serifou Souleymane et aux deux membres de la sécurité du Premier ministre, le lieutenant Ouattara Drissa et le caporal Diomandé Siaka assassinés le 29 juin à l'aéroport de Bouaké.
Décorations à titre posthume
Le grand chancelier de l'ordre national, le général Youssouf Koné, a élevé les trois premiers cités à titre posthume au grade de chevalier de l'ordre national. Quant au caporal Diomandé Siaka, il a été fait chevalier dans l'ordre du mérite. Au cours de cette cérémonie hautement militaire, il n'y avait qu'un seul discours, une oraison funèbre prononcée par Ouattara Largaton, directeur de cabinet du Premier ministre et secrétaire aux affaires étrangères. Il a su rendre un vibrant hommage à chacune des quatre victimes de l'attentat contre le Fokker le 100 présidentiel. Grâce à son témoignage, on a su que Doumbia Sékou est aux affaires étrangères depuis 1964. Il a servi au Libéria, en Sierra Leone et au Sénégal. Mais, c'est depuis 1994 qu'il est affecté au protocole de primature. Fils unique d'une mère de 87 ans, Il laisse 10 enfants inconsolables. Serifou Souleymane, lui, est orphelin de père et de mère. Enarque du cycle moyen supérieur, c'est depuis le 13 octobre 2003 qu'il sert au protocole d'Etat. A 36 ans, il n'aura pas le temps d'aller poursuivre ses études au cycle supérieur de la Grande école comme il le souhaitait. Il laisse une épouse et trois enfants. Le lieutenant Ouattara Drissa, chef de la sécurité du Premier ministre, lui, est un soldat alerte et intrépide. A 36 ans, il laisse, une épouse et trois enfants. Quant au caporal Diomandé Siaka, lui, a marqué le Premier ministre par le dernier regard qu'il lui a jeté avant de rendre l'âme. A 36 ans également, il abandonne ici-bas trois enfants.
Ouattara Largaton a, pour finir, invité les familles des quatre disparus à rester dignes dans la souffrance car leurs fils qui s'en vont n'ont pas vécu inutilement. A l'issue de la cérémonie, les dépouilles de Doumbia Sékou et de Serifou Souleymane ont fait un tour aux affaires étrangères pour une escale avant d'être conduits au cimetière de Williamsville pour le repos éternel.
Quant aux deux militaires Ouattara Drissa et Diomandé Siaka, l'avion les a transportés à Bouaké où ils doivent recevoir les honneurs de leurs frères d'armes.
Traoré M. Ahmed