samedi 14 juillet 2007 par Nord-Sud

Le soleil amorce son retour. Il est 15 heures lorsque le Transall (64-GF) de l'armée française négocie son atterrissage à l'aéroport de Bouaké sous haute surveillance. Depuis près de trente minutes, les autorités militaires et civiles des Forces nouvelles et des forces impartiales (Onuci, Licorne) attendent ce moment. A bord de l'avion militaire, les corps du lieutenant Ouattara Drissa et du caporal Diomandé Siaka. Tous les deux tombés sous les impacts des obus tirés à partir de Rpg7 sur le Fokker 100 présidentiel où se trouvaient le Premier ministre et sa délégation. Parents, amis, connaissances avaient, eux aussi formé une haie pour rendre hommages aux disparus.

A 15h13, des frères d'armes des défunts font sortir les cercueils recouverts du drapeau national orange blanc et vert du cargo militaire. Pendant ce temps, les autres passagers (parents et amis) descendent de l'avion avec les portraits de leurs fils. La scène est difficilement supportable pour certains. Une femme, choquée par la vue des cercueils, tombe dans les pommes. Ses camarades essayent de la réconforter, mais peine perdue. Pour l'instant. L'émotion est vive. Des larmes mal étouffées accompagnent les pleurs surtout du côté de la gent féminine.

Derrière les cercueils qui prennent la direction des corbillards, les généraux Soumaïla Bakayoko, Gueu Michel, le colonel major Bamba Sinima, le commandant Chérif Ousmane Deux détachements de gendarmes et de policiers rendent les honneurs aux soldats. Après cette brève cérémonie, tout le monde met le cap sur le secrétariat des Forces nouvelles où un piquet est organisé pour les défunts. Les véhicules démarrent en trombe. Les vrombissements des motos et autres engins inondent le parking de bruits. Personne ne veut rater une étape de la cérémonie. Il est 15h37 lorsque les corbillards franchissent le portail du centre des décisions des FN. Là, des bâches et des chaises sont installées. Les autorités religieuses (musulmanes et chrétiennes), les membres de la famille, les soldats et la population y attendaient depuis le matin pour certains. Les honneurs militaires sont une fois encore rendus aux disparus avant que le colonel major Bamba Sinima, le maître de la cérémonie n'autorise qu'on dépose les cercueils sous une bâche spécialement aménagée pour la circonstance. Le tout sous les pleurs et les lamentations des parents et amis. Un soldat, un micro à la main, invite à la résignation. Il est aidé en cela par un dignitaire religieux musulman. Remettez-vous à Dieu. Beaucoup de soldats sont tombés ici à Bouaké, mais ils n'ont pas eu les honneurs qu'on rend aujourd'hui à Diomandé et Ouattara. Si vous avez foi en Dieu, calmez-vous alors, insiste le dignitaire religieux. Le silence se fit, mais des lamentations isolées persistent. C'est dans cette atmosphère lourde d'émotion que le colonel major Bamba Sinima demande les ?'nouvelles'' au chef de la délégation venue d'Abidjan avec les corps. Les nouvelles ne sont pas bonnes avec cet accueil en sanglots et en pleurs. Le Premier ministre m'a demandé de transporter les corps sur Bouaké et les remettre aux Forces nouvelles qui, à leur tour vont les remettre aux parents pour les cérémonies d'inhumation, répond le général Gueu Michel.

Bien avant, les clergés musulman et chrétien ont déploré cette tragédie qui s'explique difficilement en cette période de réconciliation nationale. C'est Dieu qui a décidé ainsi. Il faut s'en remettre à lui et prier pour les défunts, conseille le porte-parole de l'imam de la mosquée centrale de Bouaké. Les deux dignitaires religieux font des bénédictions et prennent rendez-vous pour la veillée.

Kossou Jean-Marc (Envoyé spécial)

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